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Le SÄá¹…khya
est l'un des six systèmes ou darçanas de la philosophie
indienne. La tradition en attribue l'invention au sage Kapila
qui serait le plus ancien philosophe de l'Inde
et le premier qui ait numéroté les concepts, d'où ce nom de Sânkhya
qui signifie « nombre ». Son but est, comme pour le pessimisme
bouddhique qui semble lui avoir fait tant
d'emprunts, le salut ou «-délivrance-»,
qui consiste dans l'abolition de la douleur inséparable de toute existence.
La science seule peut atteindre ce but en arrachant l'individu
au cercle sans fin de la transmigration des âmes
(Métempsycose).
Dualiste, déterministe
et athée, la doctrine oppose la matière
ou nature (pakriti) et l'esprit
(puruṣa). L'évolution de la première produit toute chose,
sauf le second :
• Prakriti.
- Nature primordiale, la substance fondamentale et principe cosmique.
Le prakriti est considérée comme la force créatrice qui est à l'origine
de l'univers. Elle est souvent associée à l'idée de la matière, de
l'énergie et du potentiel non manifesté. Le prakriti est caractérisé
par trois gunas (qualités) principales : Sattva
(pureté, bonheur, lumière), Rajas (souillure, passion, activité) et
Tamas (inertie, obscurité, inconscience). La diversité des phénomènes
dans le monde matériel est considérée comme le résultat des transformations
de du rakriti sous l'influence des gunas.
• Puruṣa.
- Ame individuelle, Ã l'aspect spirituel ou conscient de l'individu. Contrairement
au prakriti, le puruá¹£a est immuable, conscient et transcendant. Il est
le spectateur passif, non impliqué dans les transformations du prakriti.
Chaque individu est un puruṣa distinct, séparé de l'identité matérielle
(prakriti). La libération (mokṣa) est
souvent décrite comme la réalisation de la distinction entre le puruṣa
et le prakriti.elle possède trois gunas ou qualités
qui sont le sattva (pureté, bonheur, lumière), le radjas
(souillure, passion, activité), et le tamas (inertie, obscurité).
Tous les objets contiennent, en proportions
diverses, ces trois principes. C'est ainsi que
le premier domine dans le monde des dieux,
le second chez les humains, le troisième dans le règne animal,
végétal
et minéral. A certaines périodes déterminées, ils existent à l'état
d'équilibre au sein immobile de la nature; quand cet équilibre se rompt,
le monde se manifeste pour se réabsorber à nouveau et rentrer dans son
repos selon des lois uniformes et inflexibles. De la matière émanent
successivement l'Intelligence, le Moi,
les cinq éléments subtils que perçoivent les sens, les cinq éléments
grossiers qui sont la terre, l'eau, le feu, l'air et l'éther, les cinq
organes de perception (ouïe,
vue,
odorat,
goût,
tact),
les cinq organes d'action (langue,
mains,
pieds,
anus,
parties génitales) et le manas ou sens interne. C'est par l'intermédiaire
de l'intelligence que chacune des multiples âmes individuelles entre en
relation avec la nature; c'est aussi l'instrument de sa délivrance.
Dès que l'esprit
s'aperçoit en effet qu'il est essentiellement différent de la matière
et de toutes ses manifestations et que l'ignorance est le seul lien qui
l'y enchaîne, son émancipation est déjà chose accomplie, et il rentre
dans l'inconscient. La notion de Dieu telle
que l'a construite la philosophie occidentale
est, on le voit, absolument étrangère à cette doctrine purement rationaliste;
elle y est restituée par le mysticisme du
Yôga. (A. Foucher). |
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