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Gaston
Bachelard
est un philosophe né le 27 juin 1884 Ã
Bar-sur-Aube (Aube), et mort le 16 octobre 1962 Ã Paris. Il est
une figure majeure de la philosophie des sciences et de l'épistémologie.
Sa notion de rupture épistémologique préfigure les idées de Thomas
Kuhn sur les révolutions scientifiques.
Bachelard naît dans une famille modeste, son père étant cordonnier et sa mère tenant un bureau de tabac. Il suit ses études primaires à Bar-sur-Aube. Élève brillant, il obtient une bourse pour continuer ses études au collège de sa ville natale, puis au lycée à Chaumont. Après avoir obtenu son baccalauréat (1902), Bachelard commence à travailler comme employé des postes. Il occupe plusieurs postes dans différents bureaux de poste, notamment à Paris et à Sézanne, tout en poursuivant des études supérieures par correspondance. En parallèle de son travail, Bachelard se prépare au concours d'entrée à l'École normale supérieure (ENS) mais il n'est pas admis (1903). Il décide alors de s'inscrire à la Faculté des lettres de Paris pour obtenir une licence ès lettres. En 1912, il passe et réussit l'agrégation de philosophie. En 1913, il doit faire son service militaire, alors obligatoire. Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, il est appelé sous les drapeaux et sert comme télégraphiste dans l'armée française. Durant cette guerre, Bachelard participe à plusieurs batailles et est témoin de la brutalité du conflit. Il sera décoré pour sa bravoure et recevra la Croix de guerre. Après la guerre, Bachelard retourne à la vie civile et reprend ses études. Il commence, en 1919, à enseigner la physique et la chimie au collège de Bar-sur-Aube. Cette période marque le début de son intérêt pour la philosophie des sciences, alors qu'il réfléchit aux implications épistémologiques de la physique contemporaine. En 1920, il se marie avec Jeanne Rosset, avec qui il aura une fille, Suzanne, qui deviendra également philosophe. Bachelard poursuit ses études et obtient un poste d'enseignant de philosophie à l'École normale de Bar-sur-Aube. Il prépare en parallèle une thèse de doctorat en philosophie sous la direction d'Abel Rey, un historien et philosophe des sciences renommé. Durant cette période, il commence à développer ses idées sur la connaissance scientifique et l'épistémologie. En 1922, il soutient sa thèse de doctorat intitulée Essai sur la connaissance approchée. Cette thèse pose les bases de son travail futur sur la rationalité scientifique et la philosophie des sciences. Après avoir soutenu sa thèse de doctorat, Bachelard est nommé professeur de physique et de chimie au collège de Bar-sur-Aube. Cependant, son intérêt pour la philosophie des sciences le pousse à poursuivre des recherches et des publications dans ce domaine. En 1927, il publie La valeur inductive de la relativité, où il étudie les implications épistémologiques de la théorie de la relativité d'Einstein. En 1930, il est nommé professeur de philosophie à l'université de Dijon. Cette position lui permet de se concentrer davantage sur ses recherches philosophiques. Il publie Le Nouvel Esprit scientifique en 1934, un ouvrage clé où il propose une révision des concepts traditionnels de la science à la lumière des découvertes modernes. Durant cette période, Bachelard développe et affine ses idées sur la philosophie des sciences. Il publie plusieurs ouvrages importants, dont La Formation de l'esprit scientifique (1938), où il traite de la la manière dont les sciences progressent par ruptures et révolutions, rejetant l'idée d'un développement linéaire et cumulatif de la connaissance scientifique. Avec La Psychanalyse du feu (1938), il fait une première incursion dans ce qui va être l'autre versant de son travail : la philosophie de l'imaginaire. La Seconde Guerre mondiale et l'Occupation perturbent la vie académique, mais Bachelard continue à écrire et à publier. Il est nommé professeur à la Sorbonne en 1940, où il enseigne l'histoire et la philosophie des sciences. Son intérêt pour la poétique et à l'imaginaire s'affirme pendant ces années. Il publie L'Air et les Songes (1943), L'Eau et les Rêves (1942), et La Terre et les Rêveries de la volonté (1948), où, après s'être intéressé au feu, il achève son cycle consacré aux quatre éléments traditionnels, montrant comment ils interviennent dans l'imaginaire humain et la création poétique. Au cours des années 1950, Bachelard reçoit de nombreuses distinctions pour ses contributions à la philosophie. Il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1955. En 1958, il publie La Poétique de l'espace, l'un de ses ouvrages les plus célèbres, où il s'intéresse à la manière dont l'espace et les lieux influencent notre imaginaire et nos souvenirs. Parmi ses oeuvres tardives, on trouve encore La Poétique de la rêverie (1960) et La Flamme d'une chandelle (1961). Il a pris sa retraite de l'enseignement en 1954 mais reste actif jusqu'à la fin de sa vie dans la recherche et la publication. Les contributions
de Bachelard à la philosophie et des sciences.
Bachelard introduit le concept de rupture épistémologique, affirmant que la science progresse non pas de manière cumulative, mais par des discontinuités et des ruptures avec les paradigmes antérieurs. Cette idée est centrale dans ses œuvres comme La Formation de l'esprit scientifique (1938), où il montre comment la science se libère des obstacles épistémologiques pour avancer. Dans Le Nouvel Esprit scientifique (1934), Bachelard examine comment les découvertes de la physique moderne (notamment la relativité et la mécanique quantique) nécessitent une révision des concepts traditionnels de la science. Il souligne l'importance de l'abstraction et de la mathématisation dans le développement scientifique. Bachelard identifie par ailleurs divers obstacles épistémologiques qui entravent la progression de la connaissance scientifique. Il s'agit de formes de pensée pré-scientifiques ou de croyances qui doivent être surmontées pour permettre une véritable compréhension scientifique. Bachelard prône un rationalisme appliqué qui valorise l'importance de l'expérience et de l'expérimentation dans le processus scientifique. Il soutient que la science doit être ancrée dans la réalité empirique tout en utilisant des abstractions rationnelles pour avancer. Il met aussi en avant l'idée que la philosophie des sciences doit être en dialogue constant avec les développements scientifiques. Il critique les approches philosophiques qui ignorent les avancées de la science contemporaine et plaide pour une philosophie qui soit informée par les résultats scientifiques. |
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