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Judas Iscariote,
Judas Iscariotes (personnage de la Bible),
est l'un des douze apôtres, celui qui
avait été choisi par Jésus pour être le dépositaire
des aumônes que l'on offrait à Jésus
et aux apôtres pour leur entretien. Il se corrompit de telle sorte
qu'il trahit son maître, et qu'il le livra à ses ennemis pour
le faire mourir. Avant la fin de la dernière cène, il sortit
de la salle et alla avertir les prêtres que cette nuit il leur livrerait
Jésus, parce qu'il savait le lieu où il se retirait pendant
la nuit. Ils lui promirent trente sicles, qui font environ quarante-huit
livres douze sols, à prendre le sicle sur le pied de trente-deux
sols cinq deniers.
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Judas
et Jésus, lors de son arrestation, par Cimabue.
(Fresque
de l'église haute d'Assise, XIIIe s.)
Les auteurs chrétiens ont débattu
plusieurs questions à son sujet :
1°D'où lui vient le
nom d'ischarioth. Eusèbe et saint Jérôme
croient qu'il était de la tribu d'Ephraïm, et natif du bourg
d'Ischarioth dans cette tribu. D'autres veulent qu'il ait été
de la tribu d'Issachar et que de là l'on ait formé Issachariothes,
d'où, par abréviation, on a fait Ischarioth. D'autres veulent
que ce nom dérive du bourg de Carioth, dans la tribu de Juda. Isch
Carioth signifie en hébreu l'homme de Carioth.
2° Participa-t-il au corps du Christ,
dans le dernier souper qu'il fit avec ses apôtres. Plusieurs anciens,
comme l'auteur des Constitutions apostoliques, saint Hilaire,
Innocent III, Victor d'Antioche, l'abbé
Rupert, Théophylacte et quelques autres ont cru qu'il n'avait pas
assisté à l'institution de l'eucharistie, et qu'aussitôt
que Jésus l'eut désigné comme étant celui qui
le devait trahir, il sortit et s'en alla. Mais la plupart des anciens et
des modernes tiennent qu'il assista à l'institution de l'eucharistie
: ce qui est confirmé par saint Luc, qui, ayant raconté ce
que Jésus dit en instituant ce sacrement, dit que Jésus prononça
ces paroles : La main de celui qui me doit trahir est avec moi à
cette table. Quelques-uns ont cru que le morceau trempé dans
la sauce que Jésus présenta à Judas était l'eucharistie;
d'autres, qu'en trempant ce pain il lui ôta la consécration.
Origène, sur saint Jean,
rapporte trois opinions sur la communion de Judas, et il ne se déclare
pour aucune des trois : 1° que Judas avait reçu le corps de
Jésus-Christ; 2° que le démon
l'en avait empêché; 3° qu'il n'avait reçu que du
pain, et non pas le corps de Jésus-Christ.
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La
pendaison de Judas (cathédrale Saint-Lazare d'Autun).
3° Quand reporta-t-il aux prêtres
l'argent qu'il avait reçu d'eux pour leur livrer son maître.
Il y en a qui croient que cela n'arriva qu'après la mort de Jésus;
d'autres croient que ce fut avant que Jésus eût été
condamné par Pilate, et dans le temps que les prêtres et les
scribes insistaient auprès de ce gouverneur afin qu'il le leur abandonnât
pour le crucifier; enfin d'autres prétendent qu'il ne reporta son
argent aux prêtres que quand il vit que la sentence de mort était
prononcée contre Jésus. Alors il alla les trouver dans le
temple, et leur dit : J'ai péché en trahissant le sang
innocent. Mais ils lui répondirent : Que nous importe? c'est
votre affaire. Alors, jetant cet argent dans le temple et s'étant
retiré, il s'alla pendre. Quelques Pères
semblent louer la pénitence de Judas; mais les autres la regardent
comme très défectueuse et très inutile, puisqu'il
désespéra de la miséricorde de son Dieu.
Origène et Théophylacte, écrivant sur saint Matthieu,
disent que Judas, voyant que son maître était condamné
et qu'il ne pouvait plus obtenir de lui le pardon en cette vie, se hâta
de le prévenir et de l'aller attendre en l'autre monde, pour le
prier de lui faire miséricorde.
4° Comment mourut Judas? Saint Matthieu
dit simplement qu'il se pendit; mais saint Luc,
dans les Actes, dit de plus que Judas, s'étant précipité,
se creva et répandit tous ses intestins. Théophylacte dit
que s'étant d'abord pendu, comme le dit saint Matthieu, le poids
de son corps fit pencher l'arbre auquel il s'était attaché;
et qu'ayant été secouru, il vécut encore quelque temps;
mais qu'ayant gagné une hydropisie, il en creva et mourut. Euthyme
dit que comme Judas ne venait que de se pendre, quelqu'un le détacha
et le mit en un endroit où il vécut encore quelque temps;
mais qu'ensuite, étant tombé d'un lieu élevé,
il se creva dans sa chute et répandit ses entrailles. Papias, cité
dans Oecuménius, sur les Actes, disait que le lien qui l'attachait
à l'arbre s'étant rompu, il vécut encore quelque temps
et creva enfin par le milieu. D'autres croient qu'ayant été
jeté à la voirie après sa mort, il y creva, comme
il arrive aux cadavres ainsi abandonnés, et répandit toutes
ses entrailles. Plusieurs nouveaux croient que le texte grec de saint Matthieu
peut marquer simplement que Judas fut étouffé de douleur,
de désespoir, ou même d'esquinancie, et que dans l'excès
de son mal il tomba sur son visage, creva et expira; ou que, pressé
par son désespoir, il se précipita et se creva. Voilà
à peu près ce que l'on dit sur ce sujet.
Les anciens Pères parlent d'un Evangile,
sous le nom d'Evangile de Judas, qui avait été composé
par les caïnites pour autoriser leurs opinions extravagantes. Ils
reconnaissaient une vertu supérieure à celle du Créateur,
et qui lui était contraire; que ceux que les Chrétiens
regardent comme les plus grands scélérats qui eussent jamais
été, Caïn, Coré, les
Sodomites, Judas le Traître, avaient connu ce premier principe et
lui avaient prêté leur ministère contre la vertu du
Créateur du monde. Judas, seul d'entre les apôtres, savait
, disent-ils, ce mystère; et, pour procurer plus promptement le
salut à Israel, se hâta de livrer Jésus, qui avait
déclaré plusieurs fois qu'il devait être mis à
mort pour le salut du monde. (D. Calmet).
Le
Baiser de Judas.
Le Baiser de
Judas est une scène de la passion de Jésus, qui a été
traitée maintes fois par les peintres,
les verriers, les miniaturistes,
les sculpteurs de toute époque et
de tous pays. Rappelons un remarquable bas-relief
de la façade de la cathédrale
d'Orvieto.
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Le
Baiser de Judas, par Giotto (fresque, ca.1305).
Fra Angelico
a peint ce même sujet d'une façon supérieure. Parmi
les modernes, nous signalerons seulement les peintures de Signol, à
l'église Saint-Sulpice;
de Flandrin, à Saint-Germain-des-Prés;
de Ernest Hébert, au musée du Luxembourg, et d'Ary Scheffer,
dont la composition a été très remarquée à
son exposition posthume (1859). (NLI). |
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