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Commode,
empereur romain
de 180 à 192. « Marc-Aurèle
aurait pu se dire heureux, dit son biographe de l'Histoire Auguste,
s'il n'avait pas laissé de fils. » Ce fut en effet le malheur
de cet empereur, l'un des meilleurs de l'histoire, d'avoir eu pour fils
un épouvantable tyran. Aussi on disait à Rome que Commode
était le fils de Faustine et d'un gladiateur; mais les bustes de
Commode, qui offrent une ressemblance frappante avec Marc-Aurèle,
protestent contre cette supposition. L. Aurelius Antoninus Commodus, fils
de Marc-Aurèle et de Faustine la Jeune, naquit à Lanuvium
le 31 août 161; il avait pour frère jumeau Antoninus Geminus
qui mourut à quatre ans. Dès l'enfance, et malgré
les maîtres excellents et la surveillance dont son père l'entoura,
il montra les plus déplorables tendances; dès lors, il était,
paraît-il, « un bouffon et un gladiateur accompli. »
Il eut toujours le culte de la force musculaire; sa grande ambition était
de ressembler à Hercule
(le musée du Vatican possède
une statue colossale en bronze doré,
de 3,80 m, où il s'est fait représenter avec les traits et
les attributs
de ce héros);
empereur, il porta d'habitude le costume des gladiateurs et il descendit
dans l'arène
sept cent trente-cinq fois. On raconte qu'à l'âge de douze
ans il fit jeter au four son baigneur qui s'était servi d'eau trop
chaude. En 178, à dix-sept ans, son père lui fit épouser
Bruttia Crispina; plus tard, probablement en 183, il la chassa du palais
comme adultère, l'exila et la fit mettre à mort. Il accompagna
son père dans ses diverses campagnes en Germanie, en Orient, sur
le Danube; c'est au camp de Vindobona (Vienne) qu'il devint empereur à
la mort de Marc-Aurèle (180).
Le nouveau césar n'avait que dix-huit
ans et demi; d'esprit faible et mal équilibré, comme en témoigne
Dion Cassius, il fut grisé par le pouvoir
absolu. La tête lui tourna comme à Caligula,
comme à Néron, comme à tant
d'autres; mais il n'eut pas même le début que les flatteurs
de Néron avaient tant applaudi. Interrompant tout à coup
la guerre laborieuse de son père contre les Marcomans et les Quades
et traitant avec eux à des conditions honteuses comme la reddition
de leurs places fortes, il courut à Rome, y triompha et commença
ces saturnales insensées qui sont toute l'histoire de son règne.
Un préfet du prétoire, Perennis, demeura le maître
absolu du pouvoir, pendant que le prince se livrait à ses folies.
Perennis ayant été tué par les soldats, après
cinq ans de faveur scandaleuse, un portefaix, Cleandre,
le remplaça dans sa fonction et dans sa toute-puissance.
Commode le fit assassiner à son
tour en 189. Contre ce fou furieux, qui rêvait d'appeler Rome la
Colonie Commodienne, qui parlait de l'incendier, qui se vautrait
dans les débauches et le sang, qui mettait à mort les membres
de sa famille, les frères Quintilius dont la riche villa le tentait,
etc., plusieurs conspirations se formèrent. La première fut
ourdie par sa soeur Lucilla : elle amena la mort de Lucilla et d'une foule
de sénateurs. Une autre, où avait trempé sa propre
favorite Marcia, lui coûta la vie; Marcia lui avait fait donner du
poison; mais comme l'effet était trop lent, les conjurés
firent égorger Commode par un athlète (192). Le sénat
fit marteler le nom de Commode sur tous les monuments publics et se hâta
d'abolir la mémoire de ce monstre, qu'il déclara
«
plus cruel que Domitien et plus impur que Néron ».
Cependant sous ce règne odieux, les
chrétiens
connurent quelques jours de paix, au lendemain de la terrible persécution
du règne de Marc-Aurèle. On
attribuait cette tolérance à l'influence de sa favorite Marcia.
«
On raconte, dit Dion Cassius, que Marcia eut une
vive sympathie pour les chrétiens et qu'elle leur fit beaucoup de
bien en se servant de sa toute-puissance sur Commode. »
Commode a été consul en 177,
179, 181, 183, 186, 190, 192. De son mariage avec Bruttia Crispina il ne
paraît pas avoir eu d'enfant. En lui s'éteignit la postérité
mâle de la famille de Marc-Aurèle. (G. Lacour-Gayet). |
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