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Francis Hutcheson
est un philosophe né en Irlande
du Nord le 8 août 1694, mort à Glasgow en 1747. Son père, John Hutcheson,
était ministre dissident. Il étudia la théologie à Glasgow, vint ensuite
fonder une maison d'instruction à Dublin
et retourna à Glasgow, appelé comme professeur de philosophie
morale. Empiriste et disciple assez fidèle de Locke,
ce n'est guère qu'en morale et en esthétique
qu'il apporta des innovations importantes. Elles sont contenues surtout
dans son System of moral Philosophy. Il y cherche à systématiser
les idées de Shaftesbury et à les compléter
en expliquant l'esthétique par un sens interne, la morale par un sens
moral et en rattachant la morale à l'esthétique.
Dans son premier livre, il traite des affections,
des inclinations de la nature humaine et du souverain bien; dans le deuxième,
des lois propres à la nature humaine, des devoirs
et des droits de l'humain en tant qu'individu;
dans le troisième, enfin, des devoirs et des droits de l'humain considéré
comme être social. Il procède, à la manière de Locke,
en faisant de la psychologie empirique. Il
étudie d'abord la volonté et divise les actes de volonté
en actes égoïstes et en bienveillants; dans
chacune de ces deux classes, il distingue les actes constants et ceux qui
ne le sont pas. Parmi les égoïstes inconstants, il faut, comprendre,
par exemple, ceux qui se rapportent à la faim et à la soif; parmi les
égoïstes constants, le désir de son bonheur
propre. Comme exemples des deux sortes d'actes bienveillants, on peut citer,
d'une part, la pitié, l'amour de ses parents, etc.; de l'autre, le désir
du bonheur pour l'ensemble des êtres raisonnables.
Hutcheson passe ensuite aux actes indépendants
de la volonté, aux perceptions supérieures.
Il examine ainsi : le sens de la beauté et de l'harmonie, comprenant sous
ce nom le sentiment naturel de la proportion,
de la symétrie, de l'harmonie musicale, de la convenance, de la grandeur.
Ce sentiment est par lui-même et sans aucune considération intellectuelle
accompagné de plaisir. Il étudie ensuite le sens moral. C'est le sentiment
qui fait qu'aucune action ne nous est indifférente, mais que toutes nous
causent joie ou approbation, peine ou remords. Ces dispositions sont naturelles
et universelles ; elles se mêlent et se combattent dans l'humain. Quelles
sont celles qui doivent l'emporter? C'est le sens moral qui décide.
Hutcheson
a particulièrement développé ses idées sur la bienveillance et son
rôle dans la moralité dans son ouvrage Une enquête sur l'origine
de nos idées du beau et du moral (1725). Il considérait la bienveillance
comme une vertu fondamentale qui se manifeste par un désir inné de promouvoir
le bonheur et le bien-être des autres. Selon lui, cette disposition naturelle
à la bienveillance est inhérente à la nature humaine.C'est la source
de notre motivation morale : notre conscience morale découle de notre
capacité à ressentir et à apprécier le bonheur et le malheur des autres,
ce qui nous incite à agir de manière à accroître leur bonheur.
Hutcheson croyait que la bienveillance est essentielle pour le bien-être
et l'harmonie de la société. Elle crée un environnement où les individus
se soucient les uns des autres, favorisant ainsi des relations positives
et coopératives. La bienveillance, selon lui, est étroitement liée
à d'autres vertus morales comme la générosité, la compassion, la sympathie
et la tolérance. Ces vertus se renforcent mutuellement et contribuent
à la formation d'un caractère moral.
Le fondement de la morale
est dans un instinct naturel, que rien ne peut
remplacer ni contrôler. Sitôt qu'il nous apparaît, il apparaît comme
notre souverain légitime. Ce qu'il commande avant tout, c'est la bienveillance;
il commande ensuite le courage, la droiture, la véracité. La satisfaction
de ces tendances constitue le souverain bien. De là dérive la doctrine
des devoirs sociaux et les lois du droit naturel. Les idées juridiques
et politiques de Hutcheson trahissent clairement l'influence de son pays
d'abord, de Rousseau ensuite. Il décrit les
avantages d'un gouvernement mixte, sur le principe de la balance des pouvoirs.
D'autre part, le pouvoir politique n'a d'autre légitimité que celle que
lui ont conférées les conventions primitives des peuples. Ces idées
ont une assez grande importance dans l'histoire de la philosophie anglaise.
Elles marquent le commencement de l'école
écossaise. En esthétique, en morale, elles semblent avoir eu une
certaine influence sur la formation de l'esprit de Kant.
(Cramaussel).
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En
bibliothèque - Les ouvrages laissés
par Francis Hutcheson sont les suivants : Logicae compendium; Synopsis
metaphysicae . -Philosophiae moralis instilutio compendiaria (1745).
- Inquiry into the original of our ideas of beauty and virtue (1725,
anonyme). - Essay on the nature and conduct of the passions and affections,
with illustration on the moral sense (1728); enfin, son grand ouvrage
: A System of moral philosophy (Glasgow et Londres, 1755, 2 vol.),
publié par Leechman. Traduction française par Eidous (Amsterdam et Lyon,
1749-1770-1774). Ses oeuvres ont été réunies : Works (Glasgow,
1772, 5 vol. |
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