|
Adémar
(ou Adhémar) de Chabannes (Ademarus Cabanensis),
moine et chroniqueur limousin, né en 988, mort en 1034. La plupart
des biographes d'Adémar ont placé son lieu de naissance à
Chabanais, quelques-uns à Champagnac; il est aujourd'hui certain
qu'il faut le placer dans un village nommé Chabannes, voisin de
Chateauponsac (Haute-Vienne). Adémar de Chabannes passa sa vie entière
dans deux monastères;
envoyé enfant à Saint-Cybar d'Angoulême,
il fit ses études ecclésiastiques à Saint-Martial
de Limoges et revint ensuite à Saint-Cybar.
ll s'y occupa à composer plusieurs ouvrages et à transcrire
des manuscrits dont plusieurs nous sont parvenus. En 1028, il fut, au concile
de Limoges, le champion de l'apostolicité de saint Martial contre
Benoît, prieur de Cluse, en Lombardie. Il mourut à Jérusalem
où il s'était rendu en pèlerinage.
Son principal ouvrage est une chronique
en trois livres intitulée dans quelques manuscrits Chronicon
aquitanicum; elle s'étend du règne fabuleux de Pharamondà
l'année 1028. Dans les deux premiers livres, il n'a guère
fait que copier les Gesta regum Francorum, les continuateurs de
Frédégaire,
les annales royales et d'autres oeuvres analogues. Le troisième
livre (814-1028) a, au contraire, la plus grande importance historique;
ses sources ont été d'autres chroniques du Limousin
et de l'Aquitaine,
et des documents qui pour la plupart ne nous sont pas parvenus.
Cette chronique a été continuée
par le chapelain du roi d'Angleterre Henri
Il, Hélie de Ruffec, qui l'a conduite jusqu'en 1174. Elle a
été publiée en 1594 par Pithou, et plusieurs fois
depuis, entre autres par Dom Bouquet, Recueil
des Historiens des Gaules et de la France, t. II, V, VI, VII, VIII
et X, et par Waitz, Monumenta Germaniae historicae
Scriptores, t. IV, 1841.
Parmi les autres ouvrages d'Adémar,
nous citerons :
1° une
notice des abbés du monastère de Saint-Martial de Limoges,
de 848 à 1025 (Commemoratio abbatum Lemovicensium basilice Martialis
apostoli) publiée par Labbe, Nova
bibliotheca manuscriptorum, t. II, et par Duplès-Agier, Chroniques
de Saint-Martial de Limoges, Paris, 1874, in-8;
2° une lettre
sur l'apostolat de saint Martial (Epistola de apostolatu sancti Martialis),
fougueuse et amusante diatribe, écrite en 1028 pour soutenir que
saint Martial avait été l'un des soixante-douze disciples
auxquels Jésus
avait donné mission de prêcher l'Évangile
et pour revendiquer le titre d'apôtre
en sa faveur. Elle a été publiée par Mabillon, Annales
ordinis sancti Benedicti, saec. IV, p. 710;
3° des sermons,
tous relatifs à saint Martial dont Adémar s'était
constitué l'apologiste. Toutes ces oeuvres sont de précieux
documents historiques qui jettent le jour le plus curieux sur la société
ecclésiastique et sur l'état des esprits au début
du XIe siècle. (E.-D.
Grand).
|
|
|
Adémar
(ou Adhémar) de Monteil, évêque du
Puy, vivait dans la deuxième moitié du XIe
siècle, et mourut à Antioche
le 1er août 1098. Voué d'abord
à la carrière militaire à laquelle il consacra sa
jeunesse, il embrassa plus tard l'état ecclésiastique. En
1087 il occupait le siège épiscopal du Puy, sans que l'on
puisse savoir au juste depuis quelle époque. Vers ce même
temps (1086 ou 1087) il paraît avoir fait un voyage en Palestine.
Adémar s'est surtout rendu célèbre par la grande part
qu'il prit au fameux concile de Clermont où fut décidée
la première croisade.
Il montra en cette occasion un si grand zèle que le pape Urbain
Il le nomma légat apostolique pour l'expédition.
Adémar de Monteil accompagna l'armée,
dans les rangs de laquelle il combattit de ses propres mains, et se distingua
particulièrement aux sièges de Nicée
et d'Antioche. Guillaume de Tyr, l'un des historiens de la première
croisade, rapporte (I. IV, ch. XXII) qu'à son instigation une réunion
des évêques et des chefs croisés décida que
toutes les femmes de mauvaise vie seraient éloignées de l'armée,
que l'adultère et la fornication seraient punis de mort, que les
festins, l'ivresse et le jeu seraient expressément défendus
aux soldats. Il mourut à Antioche, de la peste
qui sévissait alors dans l'armée croisée.
Les historiens vantent sa bravoure dans
les combats, son esprit chevaleresque ainsi que sa piété
et sa douceur. Tandis qu'il était évêque du Puy, il
eut plusieurs fois à défendre son église contre les
attaques des seigneurs qui voulaient s'en emparer.
II composa, dit-on, lui-même, un
hymne en l'honneur de la Vierge, un Salve regina
qui reçut le nom de Antiphona de Podio. On lui attribue également
une lettre au pirate Joseph qui molestait les chrétiens. Cette lettre
évidemment apocryphe est toutefois de rédaction très
ancienne. C'est en mémoire de ce vaillant prélat que ses
successeurs au siège épiscopal du Puy portèrent dans
leurs armes une épée avec la houlette pastorale. (Ch.
Kohler). |
|