| Otinel est une chanson de geste qui appartient au cycle carolingiens. C'est l'une des dernières productions de la poésie héroïque française du Moyen âge. Elle paraît avoir été écrite dans la seconde moitié du XIIIe siècle. L'auteur, qui nous est inconnu, suppose que Charlemagne, de retour en France après la prise de Pampelune, se disposait à retourner en Espagne, quand arriva à sa cour un neveu de Ferragus, Otinel, chargé par le Sarrasin Garsile ou Marsile, conquérant de Rome et de la Lombardie, de le sommer de rendre hommage et d'abjurer la foi chrétienne. Par un miracle soudain, c'est Otinel qui renie la loi de Mahomet; filleul de Charlemagne, qui le fiance à sa fille Belisent, et rangé parmi les douze Pairs, il marche avec eux contre Garsile, et, après avoir contribué à sa défaite, reçoit la couronne de Lombardie. Otinel ne figure nulle part ailleurs dans le cycle carolingien, tandis que les autres personnages de la chanson sont parfaitement connus. Cette chanson n'a guère plus de 2100 vers. Il en existe deux traductions libres ou imitations en vers anglais, sous le titre de Sir Otuel; elles sont analysées par Ellis dans ses Specimens of early english metrical romances (édit. de Halliwel, Londres, 1848), et l'une d'elles a été publiée par Nicholson à Édimbourg, en 1836. La Chanson d'Otinel est entrée, sous la même forme Otuel, dans le recueil islandais qui a pour titre Saga Karla Magnusar og Kappa Hans. Un petit poème populaire italien, Istoria di Ottinello e Giulia, n'a aucun rapport avec celui-ci. (B.).
| En bibliothèque - On ne connaît que deux manuscrits de la Chanson d'Otinel, en dialectes différents, conservés, l'un à Rome, dans la bibliothèque du Vatican (il provient de l'abbaye bénédictine de Fleury), l'autre à Middlehill, dans la bibliothèque de sir Thomas Phillips; ils ont servi à la publication qu'en ont faite MM. Guessard et Michelant dans la collection des Anciens poètes de la France, Paris, 1859, in-16. | | |