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Au Moyen
âge, on donnait le nom de lapidaires aux ouvrages traitant
spécialement de la vertu des pierres précieuses. Nous avons
dit à la page sur les Bestiaires
comment les lapidaires étaient peu à peu sortis de l'ancien
Physiologus : ce n'est pas leur seule source.
On distingue deux courants dans la littérature
très abondante des lapidaires du Moyen âge, le courant païen,
qui est surtout représenté par le poème latin De
Gemmis ou De Lapidibus, composé au commencement du XIIe
siècle, par l'évêque de Rennes,
Marbode, et le courant chrétien, qui se rattache aux différentes
mentions de pierres précieuses qui se trouvent dans la Bible
(les douze pierres du Rational, de l'Apocalypse,
etc.). Dans la première série, on se préoccupe surtout
des vertus pratiques des pierres; dans la seconde, de leur valeur symbolique.
La littérature
française du Moyen âge possède un grand nombre
de lapidaires en vers et en prose, qui pour la plus part sont anonymes.
Nous mentionnerons seulement une très ancienne traduction en vers
de l'ouvrage de Marbode, qui offre un réel intérêt
linguistique, un lapidaire en prose composé à la demande
du roi Philippe-Auguste, et enfin un
lapidaire plus récent, également en prose, souvent publié
sous le nom du célèbre voyageur Jean
de Mandeville, attribution qui ne repose sur aucun fondement solide.
(A. Thomas).
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On appelle signes lapidaires
des marques variées et nombreuses qu'on trouve sur les pierres des
édifices du Moyen âge.
Les maîtres tailleurs de pierre et
même les ouvriers avaient l'habitude d'appliquer sur les pierres
qu'ils taillaient une espèce de monogramme,
chiffre ou signe, surmonté généralement d'une croix.
On trouve aussi, à côté de ces signatures symboliques,
de nombreux repères de taille également croisetés.
Des rapprochements ont été
faits pour trouver quelque analogie entre les marques des pierres des édifices
de différents pays, ce qui eût expliqué les rapports
maçonniques des grandes compagnies ouvrières du Moyen âge;
mais l'immense multiplicité de ces signes a dérouté
tous les calculs. Ainsi les murs d'enceinte d'Aigues-Mortes
seuls ont donné 237 variétés de signes, la cathédrale
de Strasbourg en a offert près
de 350, le château de Nuremberg 157,
etc. (E. L.). |