| Les Ethiopiques, ou Histoire des aventures de Théagène et Chariclée, titre de l'un des principaux romans grecs qui nous sont parvenus, et dont l'auteur, Héliodore d'Émèse, écrivait à la fin du IVe siècle après J.-C. Chariclée est la fille d'un roi d'Éthiopie, éloignée par sa mère parce qu'elle est née blanche, et emmenée en Égypte, d'où un prêtre d'Apollon la conduit à Delphes. Devenue prêtresse d'Artémis, elle inspire, dans une cérémonie des jeux Pythiques, une vive passion au jeune Thessalien Théagène, et consent à le suivre sur un vaisseau phénicien qui part pour l'Égypte. Les deux amants sont pris par des pirates, et séparés l'un de l'autre; après avoir été au pouvoir de plusieurs maîtres, et exposés dans leur vertu, dans leur vie même, à une foule de dangers en Égype, ils se retrouvent miraculeusement: une guerre les fait tomber entre les mains du roi d'Éthiopie; c'est alors seulement que s'expliquent les mystères de la destinée de Chariclée, et qu'elle est solennellement unie à Théagène. Les personnages de ce roman manquent de vie, d'originalité, et sont généralement communs et froids; il n'y a point de peinture saisissante des moeurs; les descriptions sont vagues, le style sans vigueur et sans coloris. D'où venait donc la passion que Racine, dans sa jeunesse éprouvait pour cet ouvrage? Sans doute, d'un certain caractère de délicatesse et de réserve que l'auteur a donné au langage de l'amour, et qui est bien rare dans les ouvrages de l'Antiquité. Avant que Racine puisât dans les Ethiopiques une tragédie que Molière lui fit supprimer, ce roman avait été partiellement imité par Guarini dans son Pastor fido; Hardy et Dorat en ont tiré des sujets pour le théâtre. (P.).
| En bibliothèque - Huet, De l'origine des romans; Bayle, art. Héliodore; Villemain, Essai sur les romans grecs (dans ses Études de littérature ancienne et étrangère); Zévort, Romans grecs, Introduction. | | |