| Le Nouveau Testament fait figurer dans le groupe des épîtres dites catholiques deux lettres qui sont attribuées à l'apôtre Pierre. Première épître de saint Pierre. - Cet écrit a pour destinataires les « élus, étrangers et pèlerins de la dispersion, disséminés dans les provinces du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l'Asie et de la Bithynie », c.-à-d. à peu près de la région que nous dénommons Asie Mineure; il ressort de plusieurs passages que ces destinataires sont d'origine non juive, mais païenne. L'auteur semble préoccupé par la perspective d'une persécution, contre laquelle il veut prévenir et fortifier les fidèles. « Dans la première partie, dit Sabatier, l'auteur insiste davantage sur les grands privilèges de la foi : que les chrétiens considèrent Davantage qui leur est échu d'avoir vu la réalisation des promesses dont les prophètes n'avaient eu que la perspective; qu'ils se souviennent à quel prix ils ont été rachetés par le Christ; qu'ils sachent qu'ils forment aujourd'hui le vrai temple de Dieu, une lignée sacerdotale, le peuple élu, une nation sainte! La seconde partie développe plus particulièrement les devoirs qui découlent naturellement de ces privilèges. Les chrétiens doivent être saints, car leur maîtres est saint. Il faut qu'ils se recommandent à tous par leur vie publique et privée, qu'ils rompent avec toutes leurs anciennes habitudes païennes, qu'ils désarment ou confondent ainsi les soupçons d'une autorité ombrageuse ou les calomnies du monde; qu'ils soient soumis à l'empereur et à ses agents, priant pour tous, ne rendant jamais le mal pour le mal, rendant compte de leur foi et de leur espérance, quand ils y sont appelés, avec douceur et respect, et, s'ils doivent souffrir comme chrétiens, que du moins ce ne soit jamais comme meurtriers, larrons ou délateurs. » Il est assez remarquable que l'auteur paraisse dater sa lettre de Babylone, désignation sous laquelle beaucoup d'interprètes ont voulu comprendre Rome. La comparaison avec d'autres écrits du Nouveau Testament, fait voir que l'auteur connaissait l'Epître de saint Jacques, d'une part; l'Epître de saint Paul aux Romains, de l'autre; mais la Première épître de saint Pierre présente des rapprochements plus intimes encore avec l'Épître de saint Paul aux Ephésiens, et l'on est dans l'obligation de voir dans l'un de ces morceaux une imitation voulue de l'autre, Mais de quel côté est la priorité? On sait que L'authenticité de l'Epître aux Ephésiens prête à des doutes très sérieux ; d'autre part, l'ensemble des indications dogmatiques et pratiques de notre écrit, semble convenir davantage aux premières années du IIe siècle de notre ère qu'aux temps où vivait - ou est présumé avoir vécu l'apôtre Pierre. En somme, l'écrit connu sous le nom de Prima Petri doit être rangé, selon tontes les apparences, dans la catégorie des écrits pseudonymes, qui se multi plièrent aux temps de la IIIe ou de la IVe génération chrétienne Seconde épître de saint Pierre. - Cet écrit a les allures d'une espèce de mandement apostolique adressé à toute la chrétienté, dont le but est de combattre une fausse gnose, qui tournait en ridicule la morale étroite des simples chrétiens et leurs espérances en la prochaine révolution apocalyptique. « Ce double trait déjà, remarque Sabatier, nous fait descendre bien au delà de la première génération apostolique. Aussi bien, aujourd'hui, l'authenticité de cette lettre ne trouve guère de défenseurs. A l'égard d'aucun autre livre du Nouveau Testament, les doutes de la critique ne se sont trouvés plus justifiés. Son histoire dans les premiers siècles de l'Eglise, son rapport avec l'Epître de saint Jude (dont elle est un décalque, une véritable seconde édition remaniée ou déve loppée), enfin son propre caractère concourent ensemble à démontrer son origine postérieure. » La Secunda Petri date visiblement de la seconde moitié du IIe siècle de l'ère chrétienne. (Maurice Vernes). | |