| Baalbek, Heliopolis (c.-à-d. Cité du soleil) est une ville du Liban (vallée de la Bekaa), à 65 kilomètres au Nord-Ouest de Damas. Sa population, qui était encore de 5000 habitants en 1751, n'était plus guère à la fin du XIXe siècle que de 200. On y voit de superbes ruines, les plus belles de cette contrée après celles de Palmyre, notamment les restes du temple de Jupiter ou du Soleil auquel la ville devait son nom. Ce temple immense avait été construit sous Antonin le Pieux; Constantin en fit une église. Baalbek fut prise par Abou-Obéidah lieutenant d'Omar, puis par Tamerlan (1401); elle fut presque détruite par un tremblement de terre en 1759. Elle fut ensuite habitée par des Moutoualis, montagnards farouches et pillards, et s'est signalée, au cours des dernières décennies, comme l'une des places fortes du Hezbollah (parti et milice chiite du Liban). - Le temple de Jupiter à Baalbek. Les ruines de Baalbek. Ces ruines, les plus belles après celles de Palmyre, sont ceintes d'un mur de 2 à 3 m de haut, qui figure un carré long, et dont quelques pierres ont jusqu'à 11 m de longueur sur 3 m d'épaisseur; trois de ces pierres ont même 23 m sur 4. Quand on a franchi ce mur, dont le pourtour est de 4 km environ, on se trouve au milieu d'un amas de marbres brisés, de chapiteaux renversés, de corniches et d'entablements épars sur le sol, de voûtes dont il ne reste qu'un pan, de colonnes dont on ne voit plus que le fût. Il y a là des débris de plusieurs âges : quelques blocs énormes, aux sculptures mystérieuses, font présumer une architecture inconnue; des colonnes massives, aux chapiteaux en palmettes, annoncent un art phénicien, frère de celui de l'Égypte; enfin certains portiques sont grecs, et certaines voûtes romaines. On croit que le temple du Soleil, qui a donné à la ville son nom ancien d'Héliopolis, date de l'empereur Antonin le Pieux; c'est l'édifice le mieux conservé. Il reposait jadis sur une suite de bases formant un carré long de 96 m sur 17,40 m et présentait à l'Orient une face de 10 colonnes sur 19 de flanc, en tout 54 colonnes. C'était donc un temple périptère et décastyle; mais son entre-colonnement n'est d'aucune des cinq espèces dont parle Vitruve. Des portiques, des cours, des galeries l'accompagnaient, ce qui donnait à la construction entière une longueur de 300 m, une largeur de 150 m. Six colonnes seulement subsistent aujourd'hui, et suffisent à donner une idée des proportions grandioses du temple; elles sont de l'ordre corinthien le plus pur; les fûts ont 7,15 m de circonférence sur 18,85 m de longueur, en sorte que la grandeur totale des colonnes, y compris l'entablement, est de 23,40 m. Les morceaux en sont joints avec tant de solidité, qu'ils ne se sont pas détachés dans plusieurs des colonnes qui sont tombées. Les murs offrent encore des frontons de niches, entre lesquels règnent des pilastres cannelés, avec une riche frise de guirlandes. La voûte, à en juger par quelques débris, devait être merveilleusement décorée, et sa portée avait 18,50 m de large sur 35,75 m de longueur. Le temple du Soleil fut transformé en église sous Constantin; sa ruine date de la conquête arabe au VIIe siècle, car plusieurs créneaux indiquent que l'on en fit une forteresse. Le passage de Tamerlan en 1401 et un tremblement de terre en 1750 ont achevé la destruction de Baalbeck. A côté du temple du Soleil subsistent encore la cage et le péristyle d'un temple plus petit. Ce temple, long de 83 m, large de 37 m, avait 8 colonnes de front et 12 de flanc, en tout 30, dont 20 sont debout. Les fûts de ces colonnes corinthiennes ont 5,10 m de circonférence sur 14,30 m de hauteur. Ce qui distingue les ruines de Baalbeck, c'est la richesse, la profusion des ornements. On en trouve aux bandeaux des arcs, aux profils des niches, aux frises, aux plafonds; les colonnes intérieures sont cannelées; presque tous les membres d'architecture offrent des sculptures délicates, fleurs, fruits, etc. C'est bien là le dernier âge de l'architecture gréco-romaine. (B.). | |