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Les langues
khoïsan sont un groupe de langues parlées principalement dans le
sud de l'Afrique. Ces langues ont généralement un inventaire phonétique
très riche, comprenant un grand nombre de voyelles et de consonnes. Elles
sont caractérisées par leur utilisation de clics dans
leur phonologie, ce qui les distingue des autres langues africaines et
des langues du monde en général. Comme dans de nombreuses langues africaines,
les langues khoïsan utilisent des tons pour distinguer les significations
des mots. Ces langues ne forment pas un groupe homogène; elles sont généralement
classées en plusieurs familles principales : khoïsan du Nord, du Centre
et du Sud.
Les langues khoïsan
du Sud sont parmi les plus menacées au monde. Beaucoup sont déjà éteintes
ou ne comptent plus qu'un très petit nombre de locuteurs. Par exemple,
le nǀu, autrefois parlé en Afrique du
Sud, n'est plus utilisé que par quelques locuteurs âgés, rendant
cette langue quasiment éteinte. Les causes principales de ce déclin sont
la marginalisation historique des peuples San, la pression des langues
dominantes comme l'afrikaans, le tswana et l'anglais, ainsi que les changements
socio-économiques qui ont forcé de nombreuses communautés à abandonner
leur mode de vie traditionnel.
Les clics.
Les langues khoïsan se signalent, on
l'a dit, leur utilisation extensive de sons de clics, qui sont rares dans
les autres langues du monde (il existe aussi des emprunts de clics dans
des langues non khoïsanes, comme le xhosa et le zoulou). Ces clics sont
utilisés pour marquer des consonnes et sont employés de manière très
systématique, en les combinant avec d'autres consonnes et voyelles pour
former des mots. Ces sons sont essentiels à la phonologie et aux distinctions
lexicales de ces langues. Un mot peut avoir des significations totalement
différentes selon le type de clic utilisé. Ce sont des sons produits
en utilisant des mécanismes d'articulation uniques impliquant la langue
et le palais. Ils sont très variés et se retrouvent dans de nombreux
mots de ces langues. Les langues tuu et !Ui (groupe des langues khoïsan
méridionales) contiennent certains des systèmes de clics les plus élaborés
au monde, avec une multitude de variations. Par exemple, le ǃXóõ (ou
taa) a environ 80 clics différents. La notation des clics dans les langues
khoïsan utilise généralement des symboles spécifiques issus de l'alphabet
phonétique international (API) ou des systèmes adaptés. Parmi les
clics les plus courants, on mentionnera les suivants, accompagnés de leur
notation API :
• Le
clic dental est produit en collant la langue contre les dents de devant
et en l'aspirant vers l'arrière. Ce son ressemble à celui qu'on fait
pour exprimer la désapprobation (comme un "tsk tsk"). Notation API : ǀ
(barre verticale).
• Le clic latéral
est généré en plaçant la langue contre les molaires et en l'aspirant
latéralement. Ce son est similaire à un bruit de claquement de langue.
Notation API : ǁ.
• Le clic alvéolaire
est produit en plaçant la langue contre le palais près des alvéoles
(juste derrière les dents du haut) et en la retirant brusquement. Ce son
est souvent perçu comme un "pop". Notation API : ǃ.
• Le clic postalvéolaire
(ou palatal) est formé en plaçant la langue plus loin en arrière,
près du palais, et en la tirant. Ce clic est plus complexe et dense en
sonorité. Notation API : ǂ.
• Le clic bilabial
est plus rare. Il est similaire au son d'un baiser. Notation API : ʘ.
Chaque clic peut aussi
être combiné avec différentes manières d'articulation (aspiré, nasal,
éjectif, etc.). Par exemple, un clic alvéolaire nasal peut être noté
[ǃŋ].
Grammaire.
Les langues khoïsan
suivent généralement l'ordre Sujet-Objet-Verbe (SOV), bien que certaines
langues puissent aussi utiliser l'ordre SVO. Certaines distinguent plusieurs
genres, incluant parfois non seulement les genres masculin et féminin,
mais aussi des distinctions comme animé/inanimé. Le système de nombre
est complexe. Il peut inclure des distinctions entre le singulier, le duel
(deux éléments), et le pluriel. Par exemple, un mot peut avoir une forme
pour "un", une autre pour "deux", et une autre pour "plus de deux".
Les langues khoïsan
utilisent des systèmes de classes nominales, similaires à ceux trouvés
dans les langues bantoues. Ces classes
affectent non seulement les noms, mais aussi les pronoms, les adjectifs
et parfois même les verbes. Les marqueurs de classe peuvent indiquer des
informations comme le genre, le nombre et d'autres distinctions sémantiques.
Le marquage des cas peut être présent pour indiquer les fonctions grammaticales
comme le sujet, l'objet direct ou indirect. Cela se fait généralement
par l'ajout de suffixes ou de préfixes.
Le système verbal
peut être très riche, avec des distinctions précises pour le temps,
l'aspect, le mode, et la voix. Certaines langues distinguent plusieurs
aspects, comme l'accompli (action achevée), l'inaccompli (action en cours),
ou encore l'habituel. Par ailleurs, les langues khoïsan possèdent ordinairement
des systèmes pronominaux complexes avec des distinctions pour le genre,
le nombre, et parfois la classe nominale. La possession est généralement
marquée par des suffixes ou des particules spéciales qui varient selon
le possesseur et l'objet possédé.
Les clics font
partie intégrante de la grammaire, car ils peuvent servir à différencier
les racines lexicales. La combinaison des clics avec les voyelles et consonnes
influence la morphologie des mots et joue un rôle important dans la syntaxe.
Les langues khoïsan
sont généralement agglutinantes ou synthétiques, ce qui signifie qu'elles
utilisent des préfixes, suffixes ou infixes pour ajouter des informations
grammaticales (comme le nombre, le temps, etc.) aux mots racines. Certaines
langues peuvent aussi présenter des structures où plusieurs morphèmes
s'imbriquent pour former un seul mot complexe. Les particules grammaticales,
habituellement non accentuées, jouent un rôle important pour marquer
les relations entre les mots, comme les particules qui indiquent les interrogations
ou les négations.
Certaines langues
khoïsan, particulièrement celles en contact avec des langues bantoues
comme le xhosa ou le zoulou, ont intégré des éléments de ces langues,
influençant leur grammaire. Par exemple, on peut trouver des emprunts
dans les systèmes de classes nominales ou dans la conjugaison.
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Khoïsan
septentrional |
• !O!ung (Vasekele,
Xun; un peu moins de 6000 locuteurs en Angola).
• ǂKx'au||'ein (||Au||ei,
||X'au||'e, Auen, Kaukau, Kung-Gobabis; 7000 locuteurs,
dont 4000 en Namibie, le reste au Botswana).
• Ju|'hoan (!Xo, Dobe Kung,
Dzu'oasi, Tsumkwe, Xaixai, Xû, Xun, Zhu'oasi; 34
000 locuteurs, dont 5000 au Botswana, le reste répartis entre la Namibie
et l'Angola).
• Kung-Ekoka ( !Hu, !Khung,
!Ku, !Kung, !Xu, !Xun, !Xung, Ekoka !Xung, Ekoka-!Xû, Kung, Qxü;
près de 7000 locuteurs, dont 1800 en Namibie, le reste se répartissant
entre l'Angola et l'Afrique du Sud).
• Bochiman Vasekela (!'O-!Khung;
61 300 locuteurs en Namibie).
• Maligo
(2200 locuteurs en Angola).
• Mangetti Dune (!Ku, !Kung;
500 locuteurs en Namibie, également parlé en Afrique du Sud).
Langues
de Tanzanie
• Sandawe
(40
000 locuteurs, principalement dans la région de Dodoma).
• Hadza (Hadzapi, Kangeju,
Kindiga; 800 locuteurs dans la région de Shinyanga
et du lac Manyara). |
Khoïsan
central |
Tshu-Khwe
• Shua (Mashuakwe, Tshumakwe;
6000 locuteurs au Botswana; dialectes : ||'Aiye
(|Aaye), |Oree-Khwe, |Xaise, Cara, Danisi, Deti, Ganádi, N|oo-Khwe, Shua-Khwe,
Tshidi-Khwe, Ts'ixa).
• Kua (Basarwa, Tyhua;
800 locuteurs au Botswana).
• Tsoa (Chuwau, G||abake,
Gabake-Ntshori, Haitshuari, Hiochuwau, Hiotshuwau, Kwe, Masarwa, Tati;
parlé par 6500 personnes, 3000 au Botswana, le reste principalement au
Zimbabwé).
• Khwe (Kxoedam, Xun;
près de 7000 locuteurs, dont 2900 en Namibie, le reste réparti entre
l'Angola, le Botswana, l'Afrique du Sud et la Zambie).
• ||Ani (|Anda, Handakwe-Dam,
Ts'éxa; 1000 locuteurs au Botswana).
• ||Gana (Dxana, Kanakhoe;
2000 locuteurs au Botswana).
• Naro (||Ai||e, ||Ai||en,
||Aikwe, ||Aisan, |Aikwe, Nharo, Nharon, Nhauru, Nhaurun;
14 000 locuteurs, dont 10 000 au Botswana, le reste en Namibie).
• |Gwi (G!wikwe; parlé
par 2500 personnes au Botswana).
Nama
• Nama ("Hottentot", Berdama,
Maqua, Rooi Nasie, Tama; langue parlée par 250 000
personnes, dont 200 000 en Namibie, le reste se répartissant entre le
Botswana et l'Afrique du Sud).
• Korana (!Kora, Gorachouqua;
quelques milliers de locuteurs (?) dans l'Ouest du Botswana et en
Afrique du Sud)
• Xiri (Hottentot du Cap,
Gri, Griqua; moins de 200 locuteurs, dont la
moitié environ en Afrique du Sud).
• Hainum ("San", Hai||om;
48 500 locuteurs, dont 18 500 en Namibie, le reste au Botswana et en Afrique
du Sud; dialectes : Chwagga, Hain||um, Kedi).
• Kwadi (Bakoroka, Cuanhoca,
Cuepe, Makoroko; langue éteinte, autrefois parlée
dans l'angle Sud-Ouest de la Namibie).
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Khoïsan
méridional |
!Kwi ou !ui
Langues
d'Afrique du Sud
• N|u,
nǁng ou ǂKhomani (il ne restait plus qu'une
douzaine de locuteurs en 2005).
Langues
éteintes : Seroa; |Xam; ||Xegwi.
Hua
• ǂʼAmkoe
(Nǃaqriaxe; 200 locuteurs au Botswana).
• !Xóõ
ou Taa (Ng|amani, Tsasi; 4200 locuteurs, la
plupart au Botswana, quelques centaines en Namibie; sept dialectes).
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