| Laque, sève de deux arbres de la Chine et du Japon, l'Augia sinensis et le Thus vernix. C'est une gomme-résine d'autant plus fine et noircissant d'autant plus vite à l'air, que sa couleur café au lait tire plus sur le rouge. On s'en sert pour vernir des meubles, fabriqués le plus ordinairement en cyprès. Les opérations de vernissage sont longues et minutieuses. Suivant la méthode traditionnelle chinoise, le bois reçoit d'abord une couche de fiel de buffle et de grès rouge pulvérisé : ce premier fond est poli avec un brunissoir de grès, puis gommé ou ciré, et l'on étend par-dessus, avec un pinceau plat fait en cheveux, une couche de vernis, composé de 605 grammes de laque fine étendus dans 1210 grammes d'eau avec addition de 38 grammes d'huile de camellia sesanqua, d'un fiel de porc, et de 19 grammes de vinaigre de riz. Quand le bois ainsi préparé est resté quelque temps dans un séchoir humide, on le plane à l'eau avec un schiste d'un grain très fin; on donne une deuxième couche de laque, puis un deuxième poli, et ces deux opérations se succèdent jusqu'à ce que la surface soit parfaitement unie et brillante. Il n'y a jamais moins de 3 couches, ni plus de 18. L'artiste qui veut orner de dessins cette surface polie fait d'abord une esquisse avec un pinceau blanchi d'un peu de céruse : s'il est satisfait de son croquis, il le burine, et trace les mille petits détails du sujet, puis il le peint avec la laque du Kouang-si camphrée, qui sert de mordant, et enfin il dore au tampon et au pinceau. On obtient des reliefs avec une ou deux couches de hoa-kinn-tsi, et l'on enjolive ces miniatures dorées avec la laque du Fo-Kien. Les laques de Sou-tchou et de Nan-King sont remarquables par la pureté et l'éclat du vernis, la finesse merveilleuse du décor, et la correction du travail d'ébénisterie. La fabrication des meubles en laque est encore supérieure dans le Japon : on y incruste des fragments d'haliotide et d'avicule, diversement découpés et colorés. Ce fut vers 1675 que les missionnaires apportèrent en France les premiers laques de Chine. On les imita bientôt en France et en Angleterre. Dans la méthode européenne, on commence par poser sur le bois (ordinairement du tilleul, du hêtre, du frêne ou du merisier) un fond de noir de fumée et un apprêt à l'ocre ou à la céruse; puis on polit au papier verré, on passe deux couches de noir mat, on donne deux ponçages; on applique une couche de noir d'ivoire broyé avec de l'huile et de l'essence, et l'on termine par deux glacis et un frottis au vernis teinté. Le brillant est dû principalement au vernis, tandis qu'en Chine on l'obtient avec le poli. En Angleterre, surtout à Birmingham, on laque toutes sortes d'ouvrages de tabletterie en papier mâché et en carton verni, et ces ouvrages peuvent être livrés à bas prix. (B.). | |