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Luigi Pirandello

Luigi Pirandello est un écrivain, dramaturge et poète italien, né le 28 juin 1867 à Agrigente (Sicile) et mort le 10 décembre 1936 à Rome. Lauréat du prix Nobel de littérature en 1934, Pirandello est particulièrement connu pour ses œuvres théâtrales innovantes, qui questionnent la nature de l'identité, la complexité des relations humaines et la frontière entre la réalité et l'illusion. Il est reconnu comme l'un des précurseurs du théâtre de l'absurde, une influence majeure pour des dramaturges comme Samuel Beckett, Eugène Ionesco et Jean Genet. L'écriture de Pirandello est caractérisée par une approche introspective et psychologique, mêlant ironie, tragédie et humour. Son style unique réside dans la capacité à saisir l'instabilité des émotions et des perceptions, montrant que la réalité est façonnée par les masques que les gens portent et par leur propre subjectivité. En cela, il a radicalement modifié le théâtre moderne, ouvrant la voie à de nouvelles formes d'expression.

Pirandello grandit dans une famille bourgeoise en Sicile. Il est envoyé à l'université de Rome, puis poursuit des études de littérature à Bonn, en Allemagne, où il obtient son doctorat en philologie en 1891. Cette formation littéraire et linguistique allemande lui permet de se familiariser avec des auteurs étrangers, notamment Goethe et Schopenhauer, qui influenceront profondément sa pensée et son écriture. À son retour en Italie, Pirandello commence à publier des poèmes, des nouvelles et des romans, fréquemment inspirés par la vie sicilienne. Cependant, c'est en tant que dramaturge qu'il se fait véritablement connaître, en abordant des thèmes psychologiques et en remettant en question la nature de l'identité humaine.

Parmi ses premiers succès, le roman Il fu Mattia Pascal (Feu Mathias Pascal, 1904) illustre déjà des thèmes qui deviendront récurrents dans son oeuvre : l'illusion de l'identité, le désir de fuir les conventions sociales et la difficulté de trouver un sens à la vie. Ce roman raconte l'histoire de Mattias Pascal, un homme qui, croyant être mort, en profite pour recommencer sa vie sous une nouvelle identité, mais découvre vite que cette liberté est aussi une prison.

Pirandello remet en question les conventions théâtrales de son époque. Il ntroduit des éléments qui brouillent la frontière entre fiction et réalité. Ses pièces, qualifiées de "théâtre de l'absurde", jouent avec les attentes du public et exposent les paradoxes de l'existence humaine. Mentionnons ici :

• Sei personaggi in cerca d'autore (Six personnages en quête d'auteur, 1921). - Cette pièce révolutionnaire, l'une des plus célèbres de Pirandello, raconte l'histoire de personnages abandonnés par leur auteur qui errent dans un théâtre à la recherche d'une fin pour leur histoire. Elle remet en question la notion d'auteur, de personnage et de réalité théâtrale et montre l'indépendance des personnages par rapport à leur créateur.

• Enrico IV (Henri IV, 1922). - Cette pièce met en scène un homme qui, après une chute de cheval, croit être Henri IV et vit dans une illusion de folie. La pièce parcourt les thèmes de l'identité, de la folie et de la réalité subjective et suggère que chacun porte un masque pour faire face à la société.

• Ciascuno a suo modo (Chacun sa vérité, 1924). -  La pièce met en scène des personnages qui tentent de découvrir la vérité sur un événement mystérieux, chacun ayant sa propre version des faits. Pirandello  approfondit ici ses théories sur la vérité subjective et l'incapacité des gens à se comprendre réellement.

La vie de Pirandello a été marquée par des difficultés personnelles, notamment le mariage tourmenté avec Antonietta Portulano, qui souffrait de troubles mentaux. Cette expérience influença profondément sa vision de la nature humaine et de la condition humaine, visible dans sa manière de dépeindre la folie et l'illusion. La maladie de sa femme l'obligea à s'occuper d'elle et à endurer des années de souffrance et de frustration, mais il continua à écrire prolifiquement.

Ajoutons que Pirandello est aussi aune figure controversée. Il a soutenu Mussolini et le fascisme italien. Il a notamment accepté la direction du Teatro d'Arte di Roma, un théâtre financé par le régime fasciste. Il convient cependant de noter que ses oeuvres demeurent en grande partie apolitiques, centrées sur les dilemmes existentiels et la complexité psychologique des personnages.

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