| Montgolfier (Joseph Michel), industriel et inventeur né à Vidalon-les-Annonay, commune de Davezieux (Ardèche) en 1740, mort à Balaruc-les-Bains (Hérault) le 26 juin 1840. Fils d'un fabricant de papiers, il fut mis au collège de Tournon, s'enfuit une première fois, à treize ans, avec le projet d'aller vivre de coquillages sur le bord de la mer, gagna, la seconde fois, Saint-Étienne et y connut les plus dures privations, habitant un réduit obscur et subsistant avec le produit de sa pêche et avec les quelques sous que lui procurait la vente de diverses substances chimiques qu'il était parvenu à fabriquer lui-même et qu'il colportait dans les bourgs du Vivarais. Il se rendit ensuite à Paris, afin d'y faire la connaissance des savants, et entra effectivement en relation avec quelques-uns, au café Procope; mais, bientôt rappelé par son père, il revint à Annonay et le seconda quelque temps dans la direction de sa manufacture. Il eût voulu y réaliser diverses améliorations. Son père, attaché aux vieilles méthodes, s'y étant opposé, il s'associa l'un de ses frères et créa deux nouveaux établissements, l'un à Voiron, l'autre à Beaujeu. Il simplifia la fabrication du papier ordinaire, perfectionna celle des papiers peints, inventa un ingénieux appareil pour la raréfaction de l'air dans les moules et fit même, un instant, quelques premiers essais, encore très grossiers, de stéréotypie. Cependant son attention allait se trouver détournée vers un autre objectif. Son frère cadet, Étienne (ci-dessous), et lui venaient d'entrevoir, dans des circonstances demeurées mal connues, la possibilité de la navigation aérienne. Selon les uns, Joseph, en considérant, au coin du feu, la fumée qui s'élevait dans la cheminée, aurait pensé à l'emmagasiner dans une enveloppe que sa force ascensionnelle devait enlever avec elle dans les airs. Selon d'autres, la lecture du livre de Priestley : On different kinds of air, aurait suggéré à Étienne l'idée de l'aérostat. D'après une troisième version, ce serait la vue d'une chemise voltigeant devant le feu qui aurait été, pour ce dernier, l'indice révélateur. On raconte enfin que les deux frères, en dissertant, au cours d'une promenade, sur le mode de suspension des nuages qu'ils voyaient se former le long des monts du Vivarais, auraient conçu la première idée de leur glorieuse invention. Quoi qu'il en soit, ils se communiquèrent aussitôt leurs impressions; tout se fit en commun, calculs et expériences, et le 5 juin 1783, à Annonay, une montgolfière cubant 800 m s'élevait publiquement dans les airs, en présence des États du Vivarais, au grand complet. Ce fut dans toute la France un enthousiasme véritable. Les ascensions se succédèrent à Paris, à Versailles. Le 9 décembre, l'Académie des sciences de Paris porta les frères Montgolfier, confondus dans une commune gloire, sur la liste de ses associés surnuméraires; le roi décora Étienne du cordon de Saint-Michel, fit à Joseph une pension de 4 000 livres et accorda à leur père des lettres de noblesse. Cependant, Pilâtre de Rozier, Charles, les frères Robert étaient montés, les 24 novembre et 1er décembre 1783, dans une nacelle suspendue au ballon; Joseph Montgolfier prit part, le 19 janvier 1784, au troisième de ces voyages aériens. Pendant les années qui suivirent, Joseph et Étienne, qui avaient reçu de Louis XVI, outre les distinctions déjà indiquées et pour les frais de leurs expériences, une somme de 40 000 F, concentrèrent tous leurs efforts sur la direction des aérostats; ils firent plusieurs essais, qui ne donnèrent aucun résultat appréciable et que la Révolution vint, du reste, interrompre. Joseph se tint, durant cette période, à l'écart; il ne fut pas inquiété; mais les services rendus à Fleurus par les aérostats n'attirèrent point sur lui l'attention des gouvernants et ce ne fut qu'après le 9 thermidor qu'on pensa à le récompenser. Bonaparte le décora. Plus tard, il le nomma, administrateur du Conservatoire des arts et métiers et membre du Bureau consultatif des arts et manufactures. En 1807, l'Institut l'élut membre de sa section de physique générale. Il mourut aux eaux de Balarue, où il était allé soigner un commencement d'hémiplégie. On lui doit, outre l'invention des aérostats, celle du parachute (1784), qu'il essaya d'abord à Avignon et qu'il ajouta à plusieurs de ses ballons, celle du bélier hydraulique, qui se place aux environs de 1792 et qui lui est commune avec son frère Étienne et avec Argand, un calorimètre pour la détermination de la qualité des différentes tourbes du Vivarais, un appareil très ingénieux pour la dessiccation des fruits à froid, un ventilateur pour la distillation à froid, une nouvelle presse hydraulique, etc. Il a publié : Discours sur l'aérostat (Paris, 1783, in-8); les Voyageurs aériens (Paris, 1784, in-8) - ces deux ouvrages en collaboration avec son frère Étienne; Mémoire sur la machine aérostatique (Paris, 1784, in-8). (Léon Sagnet). | |
| Montgolfier (Jacques Étienne), industriel et inventeur, frère du précédent, né à Vidalon-les-Annonay le 7 janvier 1745, mort à Serrières (Ardèche) le 2 août 1799. Il fit ses études à Paris, au collège Sainte-Barbe, se montra, à l'encontre de son frère Joseph, un brillant élève, suivit quelque temps les cours de Soufflot, donna les plans de plusieurs églises et manufactures, mais obligé de renoncer à l'architecture pour venir prendre la direction de la fabrique de papiers de son vieux père, accrut rapidement la prospérité de cet établissement par l'introduction bien entendue de procédés nouveaux et d'améliorations de toute sorte; il trouva notamment le secret du papier vélin et il inventa des formes pour le papier grand-monde, alors inconnu. Associé pour moitié dans la découverte des aérostats, ce fut lui qui se rendit à Paris, au mois d'août 1783, pour y répéter, en présence de l'Académie des sciences et de la cour, la retentissante expérience du 5 juin. Nous avons dit que l'invention du bélier hydraulique et les tentatives de direction des ballons sont aussi communes aux deux frères. Pendant la Terreur, Étienne, qui avait été au début de la Révolution administrateur de son département, fut plusieurs fois dénoncé et il ne dut son salut qu'au dévouement de ses ouvriers. Il lui resta de ces épreuves une grave maladie de coeur et en 1799, s'étant rendu à Lyon avec les siens pour y consulter un médecin, il comprit, à ses paroles, que les secours de l'art étaient inutiles; il voulut alors épargner à sa femme et à ses enfants le spectacle de sa mort, reprit, seul, le chemin d'Annonay et, comme il s'y attendait, mourut en route. (L. S.). | |