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Joseph Priestley
est un chimiste, physicien et théologien anglais, né à
Fieldhead, près de Leeds (Yorkshire),
le 13 mars 1733, mort à Northumberland, près de Philadelphie
(Etats-Unis), le 6 février 1804.
Son père, Jonas Priestley, marchand de draps, était dans
une situation plutôt modeste, et, en 1739, il perdit sa mère,
qui venait de mettre au monde son sixième enfant. Recueilli trois
ans après par une tante paternelle, Mrs Keighley, il fut placé
par elle, à douze ans, dans une pension libre, puis chez un clergyman,
qui, le dimanche, en guise de récréation, lui apprenait l'hébreu.
Il était, au reste, en toutes matières, un excellent élève
et, retenu à la maison de seize à vingt ans par sa santé
très délicate, il n'en continua pas moins ses études,
principalement celle des langues. Il apprit ainsi seul, en vue de la carrière
commerciale, à laquelle son père le destinait, le français,
l'italien, l'allemand.
- Joseph Priestley (1733-1804). Mais sa tante, chez qui se tenaient périodiquement des conférences religieuses, en voulait faire un ministre. Lui-même s'était lancé avec une certaine passion dans les controverses théologiques. Rejeté du sein de l'Eglise presbytérienne à la suite d'un examen public où, devant le consistoire, il avait proclamé qu'en dépit de ses efforts il ne pouvait éprouver le moindre remords du péché d'Adam, il se rendit en 1752 à Daventry, où existait depuis peu un séminaire dissident, en suivit les cours pendant deux ans et demi et, en 1755, obtint à Needham Market, dans le comté de Suffolk, une maigre cure, puis, en 1758, une autre, un peu mieux rémunérée, à Nantwich, dans le Cheshire. C'est là que, tout en tenant une école primaire, il commença à étudier la physique et la chimie, refaisant à ses élèves, avec des appareils achetés au prix de mille privations, les expériences et les démonstrations qu'il apprenait dans les livres. Sa situation ne tarda pas, toutefois, à s'améliorer. En 1761, à la suite de la publication d'un ouvrage intitulé The Scripture doctrine of remission, il fut appelé par le conseil de l'académie non-conformiste de Warrington à venir y professer les belles-lettres. L'année suivante, il fit, avec la fille d'un maître de forges de Wrexham, Isaac Wilkinson, un assez riche mariage, qui le mit désormais à l'abri du besoin, et, libre enfin de se consacrer entièrement à ses études favorites, il publia, presque sans interruption, toute une série d'ouvrages et d'opuscules de philologie, de pédagogie, d'érudition et de philosophie. Vers le même temps, il fut mis en
rapport, pendant un séjour à Londres,
avec Benjamin Franklin. Il s'occupa alors très
activement d'électricité, et quelques communications qu'il
adressa, sur les résultats de ses recherches, à la Royal
Society, l'en firent élire membre à la fin de 1766. Quelques
mois après, il faisait paraître son admirable History of
Electricity, et, en 1768, il quittait Warrington pour Leeds.
La maison natale de Joseph Priestley. La théologie le reprit. De calviniste, il était devenu déjà arminien, puis arien : il se fit socinien. Les écrits de controverse se succédèrent dès lors sous sa plume, plus nombreux que jamais, ainsi d'ailleurs que les démêlés avec ses concitoyens, et, entre temps, pour faire diversion, pour rendre, comme il disait, le travail moins fatigant en le variant, il s'appliqua à la chimie, alors dans l'enfance. Ses premiers travaux, qui portaient sur l'« air fixe » et sur l'« air nitreux », lui firent décerner, en 1772, par la Royal Society la médaille Copley. Moins heureux avec deux ouvrages sur l'optique, qui furent froidement accueillis, il accepta, en 1773, de lord Shelburne l'emploi peu absorbant et assez lucratif de bibliothécaire, et, durant les sept années qu'il passa à Calne, dans le Wiltshire, auprès de ce seigneur, il acheva de réaliser la série de mémorables découvertes d'où Lavoisier devait faire sortir la révolution chimique. Ses polémiques philosophiques et
surtout ses Disquisitions on Natter and Spirit, qui, bien qu'il
ne fût pas athée, le firent traiter
de « matérialiste », amenèrent entre lord Shelburne
et lui un certain refroidissement. Il le quitta en 1780, avec une rente
viagère de 450 livres sterling, pour aller se fixer à Birmingham.
Là, dans la société de chimistes et de mécaniciens
distingués, tels que Watt, Boulton,
Withering, Kier, il continua de mener de front les recherches scientifiques
et les discussions métaphysiques.
On le choisit comme pasteur de la principale église dissidente de
la ville, et, mis à l'index par le clergé,
qui censurait solennellement ses ouvrages, signalé, en outre, à
l'animadversion populaire par le gouvernement, qui ne pouvait lui pardonner
les titres de « citoyen français » et de « membre
de la Convention »,
dont l'avaient fait gratifier, de l'autre côté du Channel,
ses sympathies ouvertement proclamées pour la Révolution,
il eut, au second anniversaire de la prise de la Bastille,
le 14 juillet 1791, sa maison ainsi que son église dévastées
par les émeutiers, puis livrées aux flammes. Tout fut réduit
en cendres : sa riche bibliothèque, son cabinet de physique, ses
précieux papiers. Il trouva à Hackney, alors banlieue de
Londres,
une autre place de pasteur. Mais il fut en butte dans la capitale, comme
à Birmingham, à toutes sortes de vexations, et, las de lutter,
il s'embarqua, en 1794, pour les
Etats-Unis,
disant pour toujours adieu à son ingrate Angleterre.
Pillage de la maison de Priestley pendant les émeutes de Birmingham. Il refusa, à son arrivée à Philadelphie, une chaire de chimie que lui offrait l'Université, pour vivre désormais loin du monde, et il se retira dans une petite ferme isolée; à Northumberland, près des sources du Susquehanna. Il y acheva son History of the Christian church, qu'il dédia au président Jefferson, et il s'éteignit doucement, à l'âge de soixante et onze ans, très affaibli depuis trois années par un empoisonnement accidentel. Il était, en même temps que membre de la Royal Society, associé étranger de l'Académie des sciences de Paris, qui lui avait décerné ce titre en 1784 et qui le lui avait rendu en 1802, après la réorganisation. Il appartenait également à la plupart des autres sociétés savantes de l'Europe. « Chimiste à ses moments perdus, pour se délasser de ses discussions théologiques, Priestley a laissé sept ou huit volumes de science, qui vivront éternellement, et cent gros in-folio de théologie, que personne ne lira ».C'est comme controversiste, en effet, qu'il a surtout fait parler de lui de son vivant; c'est comme savant que son nom est passé à la postérité. Une statue en marbre lui a été élevée à Birmingham en 1874. Priestley
chimiste.
Appareils utilisés par Priestley pour ses études sur l'air. Malheureusement, il ne connaissait pas encore l'oxygène, et il dut borner là, pour le moment, ses constatations. Il avait substitué, dans ses expériences, le mercure à l'eau pour recueillir les gaz solubles. Ce fut, en partie, à cet appareil nouveau, la cuve à mercure, qu'il dut de découvrir, en moins de quatre ans, les principaux gaz aujourd'hui connus : l' « air de nitre » ou protoxyde d'azote, en 1771, en chauffant du nitre dans un canon de fusil; l' « air nitreux » ou dioxyde d'azote, le 4 juin 1772, à peu près en même temps que Hales, en soumettant du cuivre à l'action de l'eau-forte; l' « air phlogistiqué » ou azote, la même année, en projetant le foyer d'une lentille sur des morceaux de charbon renfermés dans des vases de verre, sur une cuve à eau; l' « air alcalin » ou ammoniaque ; l' « air tiré de l'acide vitriolique » ou acide sulfureux; l' «air tiré de l'esprit de sel » ou acide chlorhydrique, dans les années qui suivirent, à peu de mois d'intervalle; enfin l' « air déphlogistiqué » ou oxygène, le 1er août 1774, en opérant sur du précipité per se, au moyen d'une forte lentille, comme il l'avait fait précédemment sur le charbon. Ce ne fut qu'un peu plus tard, au commencement
de 1775, qu'il annonça publiquement ce dernier résultat.
Il constata, d'ailleurs, que son gaz entretenait avec une extrême
vivacité la flamme d'une chandelle et, en mars, il observa qu'il
entretenait également la respiration, que même il la rendait
plus aisée. Il obtint aussi le nouveau gaz par la calcination du
minimal et, ayant reconnu que son mélange avec l'hydrogène
détone, il proposa d'en profiter pour développer des températures
élevées, lui trouvant ainsi à la fois des applications
médicales et des applications industrielles. Mais, de tous ces faits,
de tant de belles découvertes, il ne sut tirer aucune conclusion
générale, les attribuant même, avec une certaine affectation,
au hasard, et, demeuré obstinément attaché, jusqu'à
sa mort, à la théorie du phlogistique, dont il fut, avec
Lamétherie,
le dernier défenseur, il laissa à Lavoisier
le soin de les interpréter et d'en déduire, en les prenant
pour point de départ de ses propres expériences, le système
général de la chimie moderne.
Traduction française des Réflexions sur la doctrine du phlogistique, etc, de Joseph Priestley. C'est ainsi que les choses se passèrent pour la détermination de la véritable composition de l'air, puis pour celle de la composition de l'eau. Il avait bien, pour l'eau, remarqué, dès 1774, qu'il faut deux volumes d'air phlogistiqué (oxygène) et un volume d'air inflammnable (hydrogène) pour produire, lorsqu'on enflamme ce dernier, une combustion exacte. Mais il se laissa égarer en mêlant aux faits des notions confuses, en empruntant à la théorie du phlogistique, et ce fut, une fois de plus, Lavoisier qui réalisa la synthèse. De même encore, dans les expériences sur la respiration animale, ce fut Priestley qui eut l'initiative. Il reconnut que les animaux conservent plus longtemps leur activité dans l'oxygène que dans l'air ordinaire, qu'il est plus propre, par conséquent, à entretenir la respiration. Il remarqua aussi, nous l'avons vu, que, tandis que les mêmes animaux périssent dans l'acide carbonique, les végétaux y vivent très bien et même qu'ils lui rendent ses propriétés respirables. Mais il ne saisit jamais les causes de ces phénomènes. Priestley
physicien.
Priestley
théologien.
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