| Ménélik II (Sahala Mariem), roi du Choa, empereur d'Éthiopie (négus d'Abyssinie), né au Choa en 1844, mort en 1913. Il a régné sur l'Ethiopie de jusqu'en 1909 (bien que fortement diminué par une hémiplégie depuis 1907. Il était fils de Haéli Mélicoth, roi du Choa, petit-fils de Sahala Salassié (et oncle du futur négus, Haïlé Sélassié). Son père étant mort en 1856, Sahala-Mariem dut suivre le négus Théodoros à Gondar, où il fut gardé sept ans. Ayant réussi à s'échapper, il rentra dans le Choa et se fit reconnaître comme successeur de son père à Ankober et prit le nom de Ménélik Il. Il prit ce nom pour marquer qu'il revendiquait la filiation directe avec le premier souverain d'Éthiopie dont parlent les traditions et qui passait, sous ce nom de Ménélik (Ménélik I), pour descendre de l'union éphémère du roi d'Israël Salomon et la reine de Saba. Ménélik se place donc, dès 1866, comme prétendant de droit divin, en face de Théodoros, usurpateur de la couronne d'Éthiopie. Ses premières campagnes contre Théodoros ne furent pas heureuses, et renonçant pour un temps à lutter utilement contre ce formidable ennemi, il poussa son activité vers les pays gallas où il fit d'importantes conquêtes. Pendant vingt ans, il fit la guerre agrandissant toujours son royaume auquel il adjoignit le Harrar, province importante dont il spolia l'Égypte, au moment où celle-ci voyait en 1887 l'Europe se partager son empire équatorial. Il en fut de même du royaume de Kaffa qu'il annexa vers la même époque. En même temps qu'il augmentait son empire et qu'il l'ouvrait dans la plus large mesure possible à l'influence européenne, il traitait avec l'empereur Johannès, successeur de Théodoros, pour que celuici le reconnût comme son héritier. Car Ménélik avait com mencé par lutter contre Johannès qui le battit. Profond politique, le vaincu n'essaya pas de remonter le courant, attendant le moment propice, il se reconnut vassal et amena l'empereur à lui donner son fils pour gendre et à déclarer que nul autre que Ménélik ne lui succéderait à l'empire. De son côté, Ménélik reconnaissait le fils de Johannès, le ras Aréa, comme son héritier. Mais cet arrangement ne mena à aucune solution, le ras Aréa mourut; et quand l'empereur Johannès fut tué en attaquant les derviches dans leurs retranchements de Matama (10 mars 1889), les grands de l'empire prétendirent que les dernières paroles du souverain avaient été pour désigner son fils naturel Mangascia (Machacha) comme son successeur. Mais celui-ci, malgré cette déclaration, ne réunit que peu de partisans. Ménélik, le 4 novembre 1889, était solennellement reconnu et sacré empereur d'Éthiopie. Mangascia battu par les armes se soumit et reçut la vice-royauté du Tigré sa vie durant. Ménélik, reconnu comme souverain légitime par toutes les puissances de l'Éthiopie, allait trouver en face de lui un adversaire dangereux. C'était l'Italie, qui depuis longtemps avait entamé avec lui une longue série de négociations politiques, grâce auxquelles elle avait, dans une certaine mesure, réussi à s'emparer d'une partie du Tigré. Quand Ménélik fut empereur, les Italiens lui rappelèrent des engagements antérieurs; le comte Antonelli obtenait, dès le mois de mai 1889, une reconnaissance formelle des annexions opérées par l'Italie, et il amenait le confiant souverain à signer le traité d'Ucciali rédigé avec une suffisante ambiguïté pour que Ménélik fût entièrement sous l'influence et la domination italiennes. L'empereur ne tarda pas à deviner la piège et dénonça le traité, donnant acte de cette décision à l'Italie et à la France. L'Italie attaqua brusquement les troupes éthiopiennes en franchissant, sans déclaration de guerre, les limites réglées par le traité. Mais bientôt arrivèrent des renforts abyssins et dès lors les Italiens marchèrent de défaite en défaite. Ayant remboursé intégralement à l'Italie l'emprunt que celle-ci lui avait fait contracter, ayant obtenu la couronne impériale sans jamais avoir accepté de déposséder Johannès avec l'aide des Italiens, Ménélik se dressa contre les envahisseurs au nom de la patrie abyssine que le ministère Crispi avait décidé d'annexer intégralement à la colonie de l'Erythrée (1895), et, ayant réuni tous les grands vassaux d'Éthiopie, en armes, il leur fit la solennelle déclaration de Boroméda où il s'engageait à mourir plutôt que d'abandonner aux étrangers un pouce du sol de l'Abyssinie. Les Italiens furent battus à Amba Alaghi (décembre 1895), puis détruits à Adoua (mars 1896). Dès lors, l'empereur Ménélik acquit une importance considérable dans l'opinion européenne. Et par un accord commun coïncidant avec un changement de politique intérieure, l'Italie se décidait à la paix qui fut signée à la fin de l'année 1896. La maladie qui le frappe à partir des années 1900, attise les grandes manoeuvres des puissances européennes. L'empereur Ménélik est décrit par ses contemporains comme un remarquable organisateur. Avec lui l'Éthiopie est entrée dans la voie moderne. De ses deux femmes, l'impératrice Bafana qui mourut en 1890 et l'impératrice Talion, il n'a pas eu de fils. Son successeur est son petit-fils Wnassen-Segged, né en 1885, et qui est élevé avec le plus grand soin. La sobriété de l'empereur est proverbiale et sa simplicité excessive; habile en politique, il a l'esprit positif, investigateur et scientifique. Il a entrepris de grandes réformes administratives, juridiques et fiscales, favorisé le commerce en accueillant bien les étrangers, en faisant faire des ponts et des routes, et il grève son budget, qui n'est point très considérable, par ses travaux d'utilité publique. Son armée extrêmement bien exercée, riche en bons fusils, en artillerie, en armes de toutes espèces peut se monter à plus de 400 000 hommes. Sa situation en Afrique a été unique à cette époque et son pouvoir, pratiquement jusqu'à la fin de son règne, qui fut assombrie par sa paralysie, où qu'il ait voulu l'exercer dans la région nord-orientale, fut absolument prépondérant. (Maurice Maindron). | |