|
. |
|
Thomas
Mann
est un écrivain allemand né le
6 juin 1875 à Lübeck (Allemagne) et mort
le 12 août 1955 à Zurich (Suisse). Il a
abordé dans ses romans des thèmes comme la décadence de la bourgeoisie,
la maladie, l'art et la politique. Il s'intéressait également à la lutte
entre l'individu et la société, ainsi qu'aux conflits intellectuels et
spirituels de son époque. Beaucoup de ses oeuvres sont marquées par des
réflexions sur la culture allemande, notamment face à la montée du nazisme.
Mann use d'une prose complexe et volontiers allégorique, mélangeant l'ironie
et une grande érudition littéraire. Oeuvres majeures : La Montagne
magique, Les Buddenbrook,
Mort à Venise, Le Docteur
Faustus. Prix Nobel de littérature en 1929.
Thomas Mann fait partie d'une famille de la bourgeoisie aisée. Son père, Johann Heinrich Mann, est un sénateur et marchand, tandis que sa mère, Julia da Silva Bruhns, est d'origine brésilienne, ce qui ajoute une dimension internationale et culturelle à son éducation. Il est le deuxième fils d'une fratrie qui inclut son frère aîné, Heinrich Mann, lui-même futur écrivain célèbre. Leur maison est un lieu de culture et de discussions intellectuelles. À la mort de leur père en 1891, l'entreprise familiale est liquidée et la famille déménage à Munich. Après ses études secondaires, Mann s'inscrit en 1894 à l'université technique de Munich, où il étudie l'histoire, l'économie et la littérature. Toutefois, il n'obtient pas de diplôme universitaire. Ces premières années sont marquées par la découverte de la littérature et de la philosophie. Les oeuvres de Schopenhauer, Nietzsche et Goethe influencent profondément sa pensée et son esthétique littéraire. Il commence sa carrière en écrivant pour des magazines. Il publie des nouvelles comme La Chute (Der kleine Herr Friedemann, 1897), une de ses premières oeuvres marquantes, qui aborde déjà des thèmes récurrents dans son oeuvre : la décadence, la lutte intérieure, et la fragilité de l'individu face aux pressions sociales. En 1896-1898, Mann accompagne son frère Heinrich en Italie, où il écrit une partie de son premier roman. L'Italie deviendra une source d'inspiration majeure pour lui, à la fois pour ses paysages et pour l'histoire culturelle du pays. C'est aussi durant ce séjour qu'il commence à concevoir ce qui deviendra son chef-d'oeuvre, Les Buddenbrook : Le déclin d'une famille (Buddenbrooks - Verfall einer Familie). Ce roman, publié en 1901, est une oeuvre monumentale qui retrace le déclin d'une famille bourgeoise sur quatre générations. Inspiré en partie par sa propre famille, l'ouvrage dépeint avec minutie la vie des commerçants de Lübeck et analyse les tensions entre le devoir familial et les aspirations artistiques. Le succès de Les Buddenbrook est immédiat, tant auprès de la critique que du public. À seulement 26 ans, Mann devient une figure littéraire reconnue dans toute l'Allemagne. En 1905, Mann épouse Katia Pringsheim, issue d'une riche famille juive d'intellectuels et d'artistes. Le couple aura six enfants, dont certains deviendront également écrivains, comme Erika et Klaus Mann. Ce mariage offre à Mann une stabilité financière et émotionnelle, ce qui lui permet de se consacrer pleinement à sa carrière littéraire. Entre 1902 et 1904, Mann publie plusieurs nouvelles marquantes, dont Tonio Kröger (1903). Cette nouvelle raconte l'histoire d'un écrivain en proie à un conflit entre son identité artistique et ses origines bourgeoises. Mann analyse ici les dilemmes de l'artiste dans une société normative, un thème qu'il revisitera dans d'autres œuvres. Il écrit également un essai sur Schopenhauer, influencé par sa philosophie pessimiste qui marquera profondément son œuvre. En 1911, Mann effectue un nouveau voyage en Italie, où il séjourne à Venise. Ce séjour lui inspire l'une de ses œuvres les plus célèbres, La Mort à Venise (Der Tod in Venedig, 1912), qui raconte la chute d'un écrivain vieillissant, Gustav von Aschenbach, obsédé par un jeune garçon. Ce roman parcourt des thèmes comme la beauté, la mort, la décadence, et la tension entre l'ordre moral et les désirs profonds. La Mort à Venise incarne certains des thèmes récurrents de l'oeuvre de Mann : le conflit entre l'art et la vie, l'attrait pour l'esthétique et la beauté, et les contradictions entre le devoir et la passion. Ce roman, aujourd'hui considéré comme un classique, reçoit un accueil mitigé à l'époque, mais contribue à consolider la réputation de Mann en tant que maître de la psychologie et de l'analyse sociale. Avec le début de
la Première Guerre mondiale en 1914, Mann
est d'abord un partisan du nationalisme allemand, comme en témoigne son
essai Considérations d'un apolitique (Betrachtungen eines
Unpolitischen, 1915), où il défend une position conservatrice et
pro-guerre. Cet engagement contraste avec celui de son frère Heinrich,
plus pacifiste et critique envers le militarisme allemand. Cette différence
de perspective créera une fracture temporaire entre les deux frères.
Après la guerre et la chute de l'Empire allemand en 1918, Mann réévalue
ses positions politiques. Progressivement, il s'éloigne de son conservatisme
initial et commence à embrasser les idéaux démocratiques. Cette transition
sera cruciale dans ses oeuvres ultérieures.
Pendant les années 1920 et au début des années 1930, Mann donne des conférences dans toute l'Europe et même aux États-Unis, où il défend la démocratie et critique la montée des mouvements autoritaires en Allemagne. Il devient ainsi une voix intellectuelle de premier plan dans les débats sur la politique et la société de l'époque. En 1929, Thomas Mann reçoit le prix Nobel de littérature pour son roman Les Buddenbrook (1901), bien que son oeuvre globale, notamment La Montagne magique, ait également contribué à cette récompense. Ce prix couronne sa carrière littéraire et consacre son statut d'écrivain majeur à l'échelle internationale. Mann devient de plus en plus critique envers le nationalisme allemand et le militarisme qui resurgit avec la montée du nazisme. Contrairement à sa position conservatrice lors de la Première Guerre mondiale, il s'oppose fermement à Adolf Hitler et au nazisme. Dans une série de discours et d'essais, il met en garde contre la menace que représentent ces mouvements pour la démocratie et la civilisation. Avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933, Mann, alors en vacances à l'étranger, décide de ne pas rentrer en Allemagne. Ses oeuvres sont interdites par les nazis, et il est déchu de sa nationalité allemande en 1936. Il devient ainsi un écrivain en exil. Dans un premier temps, Mann et sa famille s'installent en Suisse. Depuis ce refuge, il continue à écrire et à publier. C'est également durant cette période qu'il entreprend la rédaction de sa tétralogie biblique, Joseph et ses frères (Joseph und seine Brüder), une réécriture de l'histoire biblique de Joseph, publiée entre 1933 et 1943. En 1938, Thomas Mann émigre aux États-Unis, où il s'installe en Californie. Il devient citoyen américain en 1944 et utilise son influence pour dénoncer le régime nazi. Ses conférences radiophoniques, diffusées en Allemagne occupée, sont une arme morale dans la lutte contre le nazisme. Après la guerre, Mann publie Docteur Faustus (1947), qui revisite le mythe de Faust dans le contexte de la déchéance morale de l'Allemagne sous le nazisme. Ce roman, dense et complexe, traite de la question du pacte avec le diable, métaphore de la chute de l'Allemagne dans le totalitarisme. Il est aussi une méditation sur la culture allemande, la musique et la philosophie, et marque chez l'auteur un retour sur les grandes questions morales et culturelles. Thomas Mann retourne en Europe en 1952. Il s'installe à nouveau en Suisse, à Zurich. Bien qu'il soit devenu une figure littéraire mondialement reconnue, il reste un exilé politique, déçu par la direction prise par l'Allemagne de l'après-guerre. Il n'acceptera jamais de revenir vivre en Allemagne, même s'il la visite occasionnellement. Au cours des dernières années de sa vie, Mann continue à travailler sur des projets littéraires. Il publie en 1954 Les Confessions du chevalier d'industrie Félix Krull (Bekenntnisse des Hochstaplers Felix Krull), un roman inachevé et plus léger que ses oeuvres précédentes. |
. |
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
|