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Franz Boas

Franz Boas est un anthropologue né le 9 juillet 1858 à Minden (Allemagne, alors Prusse), et mort le 21 décembre 1942 à New York.  Il a établi  des normes méthodologiques rigoureuses et a promu une compréhension respectueuse des cultures humaines, et en combattant les préjugés raciaux. Ses idées sur la relativité culturelle et son engagement en faveur des droits des peuples autochtones ont marqué un tournant dans la manière dont les cultures sont étudiées et comprises aujourd'hui.

Boas a d'abord étudié la physique à l'université de Heidelberg, puis a poursuivi ses études à Bonn, et enfin à l'Université de Kiel, où il a obtenu son doctorat en physique en 1881. Son intérêt pour les sciences naturelles s'est rapidement orienté vers la géographie et l'anthropologie.

En 1883 et 1884, Boas mène une expédition sur l'île de Baffin pour étudier les peuples Inuits et leur environnement. Une expérience qui va marquer un tournant dans sa carrière, suscitant son intérêt pour les cultures non occidentales et les méthodes de recherche ethnographique. De retour en Europe, Boas travaille comme assistant à l'Institut d'ethnologie de Berlin. Il commence à publier ses recherches et développe des idées qui deviendront centrales à son travail, notamment l'importance du contexte culturel.

Boas s'installe à New York en 1887 et y travaille d'abord comme éditeur pour la revue Science. Il se marie à cette époque evec Marie Krackowizer, une Allemande émigrée. Il travaille à partir de 1888  à l'Université Clark en tant que professeur d'anthropologie physique et entreprend des recherches intensives sur les Kwakiutl (aujourd'hui appelés Kwakwaka'wakw) de la côte nord-ouest du Pacifique. Il recueille des données qui formeront la base de nombreux de ses travaux ultérieurs.

Il séjourne brièvement l'université de Chicago en 1892, puis retourne à New York pour rejoindre l'American Museum of Natural History. En 1896, Boas est nommé professeur adjoint d'anthropologie à Columbia. Il va y jouer un rôle déterminant dans  la création  du département d'anthropologie, et la formation de nombreux futurs anthropologues de renom et a établi des méthodes rigoureuses pour la recherche ethnographique.

Boas devient professeur titulaire d'anthropologie à l'université de Columbia en 1905. Il continue ses recherches sur les cultures des peuples autochtones de la côte nord-ouest du Pacifique, produisant des travaux importants sur les Kwakiutl et d'autres groupes amérindiens. En 1907, il commence la supervision de  la publication du Handbook of American Indians (1911),  qui est devenu une référence importante pour les études sur les peuples autochtones des Amériques. L'année suivante, il a contribue à la fondation du Journal of American Folklore, un maillon essentiel pour la diffusion des recherches en folklore et en ethnologie aux États-Unis.

Un de ses ouvrages principaux,  The Mind of Primitive Man (L'Esprit de l'homme primitif), paraît en 1911. Franz Boas y établit les fondements de la relativité culturelle.

• The Mind of Primitive Man (1911). - Dans ce livre, Boas aborde la question de la psychologie des sociétés dites « primitives ». Il conteste les notions évolutionnistes et raciales dominantes de son époque, qui considéraient les cultures non occidentales comme inférieures ou moins développées. Il soutient que les différences entre les cultures ne sont pas le résultat de différences innées dans la cognition humaine, mais plutôt le produit de contextes culturels et historiques spécifiques. Il étudie comment les concepts, les valeurs et les modes de pensée varient d'une culture à l'autre et comment ces variations doivent être comprises dans leur propre cadre culturel. La compréhension de l'esprit humain et des comportements doit être contextualisée culturellement, plutôt que jugée selon des standards universels ou occidentaux.
A partir de 1915, Boas s'engage activement dans la préservation des cultures menacées par la colonisation et la modernisation. Il milite pour la reconnaissance et le respect des droits des peuples autochtones et s'implqiue au cours des années suivantes dans les débats de l'époque sur la race. Il prend position contre les théories raciales biologiques, arguant que les différences entre les groupes humains sont principalement culturelles et non biologiques. Ses travaux influencent les débats sur le racisme et l'eugénisme aux États-Unis.

Boas continue de former des anthropologues influents, tels que Margaret Mead, Ruth Benedict et Edward Sapir, qui deviendront des figures importantes dans le domaine. Il publie aussi de nombreux articles et livres influents, contribuant à l'établissement des normes méthodologiques dans la discipline. En 1932, il fait paraître Anthropology and Modern Life, qui illustre l'application pratique des découvertes anthropologiques. 

• Anthropology and Modern Life (1932). - Dans ce livre, Boas défend l'application des découvertes anthropologiques aux questions contemporaines de la société moderne. Il examine comment la connaissance anthropologique peut éclairer et améliorer la compréhension des problèmes sociaux et culturels contemporains. Boas aborde des questions du changement culturel, de la diversité culturelle et ds implications des découvertes anthropologiques pour la société moderne. Cette oeuvre est significative par sa tentative de relier les découvertes théoriques de l'anthropologie aux préoccupations pratiques et contemporaines. Boas y défend l'idée que l'anthropologie peut offrir des perspectives importantes sur les défis sociaux et culturels de son époque, et il plaide pour une utilisation des connaissances anthropologiques pour aborder des questions pratiques et politiques.
Dans les années 1930, Boas se montre très actif contre le racisme, le fascisme et les mouvements d'extrême droite aux États-Unis (alors même qu'il se montre obstinément aveugle devant les crimes du stalinisme). Il s'engage également dans des campagnes de sensibilisation et de réforme sociale. Il continue de défendre les droits des peuples autochtones et milite contre les politiques d'assimilation forcée. En 1934, il s'implique dans la fondation de l'American Anthropological Association, institution qui s'attache à structurer et à  formaliser le domaine de l'anthropologie aux États-Unis. Boas insiste sur  sur l'importance des études de terrain et des données empiriques.

Publié deux ans avant son décès, Race, Language, and Culture aborde les questions de race et de culture avec une perspective critique contre les théories raciales.

• Race, Language, and Culture (1940). - Ce recueil rassemble plusieurs essais de Boas sur les questions de race, de langue et de culture. Il y défend l'idée que les concepts de race et de culture sont socialement construits et non biologiquement déterminés. Boas argumente que la diversité culturelle et linguistique ne peut être expliquée par des différences biologiques entre les races, mais qu'elle est le résultat de l'influence de la culture et de l'environnement sur le développement des individus et des sociétés. Race, Language, and Culture est fondamental dans la critique des théories raciales et dans la promotion de la relativité culturelle. Cette oeuvre a eu un impact significatif dans la lutte contre le racisme prétendument scientifique et a contribué à façonner la compréhension moderne des relations entre culture et biologie.
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