Chapitre 5
Cyrano |
On nous servait
tous les jours à manger à nos heures, et la reine et le roi
prenaient eux-mêmes assez souvent la peine de me tâter le ventre
pour connaître si je n'emplissais point, car ils brûlaient
d'une vie extraordinaire d'avoir de l'espèce de ces petits animaux.
Je ne sais si ce fut pour avoir été plus attentif que mon
mâle à leurs simagrées et à leurs tons;
mais j'appris plus tôt que lui à entendre leur langue, et
à l'accrocher un peu ce qui fit qu'on nous considéra d'une
autre façon qu'on n'avait fait, et les nouvelles coururent aussitôt
par tout le royaume qu'on avait trouvé deux hommes sauvages, plus
petits que les autres, à cause des mauvaises nourritures que la
solitude nous avait fournies, et qui, par un défaut de la semence
de leurs pères, n'avaient pas eu les jambes de devant assez fortes
pour s'appuyer dessus.
Cette créance allait prendre racine
à force de cheminer, sans les prêtres du pays qui s'y opposèrent,
disant que c'était une impiété épouvantable
de croire que non seulement des bêtes, mais des monstres fussent
de leur espèce.
« Il y aurait bien plus
d'apparence, ajoutaient les moins passionnés, que nos animaux domestiques
participassent au privilège de l'humanité de l'immortalité
[1], par conséquent
à cause qu'ils sont nés dans notre pays, qu'une bête
monstrueuse qui se dit née je ne sais où dans la Lune
; et puis considérez la différence qui se remarque entre
nous et eux. Nous autres marchons à quatre pieds, parce que Dieu
ne se voulut pas fier d'une chose si précieuse à une moins
ferme assiette, et il eut peur qu'allant autrement, il n'arrivât
fortune de l'homme; c'est pourquoi il prit la peine de l'asseoir sur quatre
piliers, afin qu'il ne pût tomber; mais dédaignant de se mêler
à la construction de ces deux brutes, il les abandonna au caprice
de la nature, laquelle, ne craignant pas la perte de si peu de chose, ne
les appuya que sur deux pattes.
Les oiseaux mêmes, disaient-ils,
n'ont pas été si maltraités qu'elles, car au moins
ils ont reçu les plumes pour subvenir à la faiblesse de leurs
pieds, et se jeter en l'air quand nous les éconduirons de chez nous;
au lieu que la nature en ôtant les deux pieds à ces monstres
les a mis en état de ne pouvoir échapper à notre justice.
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[1]
Tout ce passage est dirigé contre l'école de Descartes,
qui
déniant aux animaux la moindre parcelle de raison et d'intelligence
proprement dites, les réduisait, contrairement à l'opinion
des gas-
sendistes
[partisans de Gassendi],
à l'état de pures machines. |
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Voyez un peu, outre cela, comment
ils ont la tête tournée vers le ciel! C'est la disette où
Dieu
les a mis de toutes choses qui les a situés de la sorte, car cette
posture suppliante témoigne qu'ils se plaignent au ciel de Celui
qui les a créés, et qu'ils lui demandent permission de s'accommoder
de nos restes. Mais, nous autres, nous avons la tête penchée
en bas pour contempler les biens dont nous sommes seigneurs, et comme n'y
ayant rien au ciel à qui notre heureuse condition puisse porter
envie.-»
J'entendais tous les jours, à ma loge,
les prêtres faire ces contes, ou d'autres semblables; et enfin ils
en bridèrent si bien l'esprit des peuples sur cet article, qu'il
fût arrêté que je ne passerais tout au plus que pour
un perroquet
sans plumes, car ils confirmaient les persuadés sur ce que non plus
qu'un oiseau je n'avais que deux pieds. Cela fit qu'on me mit en cage par
ordre exprès du Conseil d'en haut.
Là, tous les jours, l'oiseleur de
la reine prenait le soin de me venir siffler la langue comme on fait ici
aux sansonnets, j'étais heureux à la vérité
en ce que je ne manquais point de mangeaille. Cependant, parmi les sornettes
dont les regardants me rompaient les oreilles, j'appris à parler
comme eux, en sorte que, quand je fus assez rompu dans l'idiome pour exprimer
la plupart de mes conceptions, j'en contai des plus belles. Déjà
les compagnies ne s'entretenaient plus que de la gentillesse de mes bons
mots, et de l'estime que l'on faisait de mon esprit. On vint jusque là
que le Conseil fut contraint de faire publier un arrêt, par lequel
on défendait de croire que j'eusse de la raison, avec un commandement
très exprès à toutes personnes de quelque qualité
ou condition qu'elles fussent, de s'imaginer, quoi que je pusse faire de
spirituel, que c'était l'instinct qui me le faisait faire.
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Cependant la définition
de ce que l'étais partagea la ville en deux factions. Le parti qui
soutenait en ma faveur grossissait de jour en jour, et enfin en dépit
de l'anathème et de l'excommunication des prophètes qui tâchaient
par là d'épouvanter le peuple, ceux qui tenaient pour moi
demandèrent une assemblée des États, pour résoudre
cet accroc de religion. On fut longtemps à s'accorder sur le choix
de ceux qui opineraient; mais les arbitres pacifièrent l'animosité
par le nombre des intéressés qu'ils égalèrent,
et qui ordonnèrent qu'on me porterait dans l'assemblée comme
on fit; mais j'y fus traité autant sévèrement qu'on
se le peut imaginer. Les examinateurs m'interrogèrent entre autres
choses de philosophie; je leur exposai tout à la bonne foi ce que
jadis mon régent m'en avait appris, mais ils ne mirent guère
à me le réfuter par beaucoup de raisons convaincantes à
la vérité. Quand je me vis tout à fait convaincu,
j'alléguai pour dernier refuge les principes d'Aristote
qui ne me servirent pas davantage que les sophismes; car en deux mots,
ils m'en découvrirent la fausseté. |
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« Cet Aristote, me dirent-
ils, dont vous vantez si fort la science, accommodait sans doute les principes
à sa philosophie au lieu d'accommoder sa philosophie aux principes
[2], et encore devait-il les prouver au moins plus raisonnables
que ceux des autres sectes, ce qu'il n'a pu faire. C'est pourquoi le bon
seigneur ne trouvera pas mauvais si nous lui baisons les mains.-»
Enfin comme ils virent que je ne clabaudais
autre chose, sinon qu'ils n'étaient pas plus savants qu'Aristote,
et qu'on m'avait défendu de discuter contre ceux qui niaient les
principes, ils conclurent tous d'une commune voix, que je n'étais
pas un homme, mais possible quelque espèce d'autruche,
vu que je portais comme elle la tête droite, que je marchais sur
deux pieds, et qu'enfin, hormis un peu de duvet, je lui étais tout
semblable, si bien qu'on ordonna à l'oiseleur de me reporter en
cage. J'y passais mon temps avec assez de plaisir, car à cause de
leur langue que je possédais correctement, toute la cour se divertissait
à me faire jaser. Les filles de la Reine, entre autres, fourraient
toujours quelque bribe dans mon panier; et la plus gentille de toutes ayant
conçu quelque amitié pour moi, elle était si transportée
de joie, lorsqu'étant en secret, je l'entretenais des moeurs et
des divertissements des gens de notre monde, et principalement de nos cloches
et de nos autres instruments de musique, qu'elle me
protestait, les larmes aux yeux, que si jamais je me trouvais en état
de revoler en notre monde, elle me suivrait de bon coeur.
Un jour de grand matin, m'étant
éveillé en sursaut, je la vis qui tambourinait contre les
bâtons de ma cage : |
[2]
"Accommoder la philosophie aux principes, au lieu d'accommoder les
principes à la philosophie", telle est la formule exacte de
la différence existant entre le mouvement scientifique moderne,
s'astreignant à l'étude de la nature, et l'école ancienne,
restant exclusivement asservie, sans idée d'examen, aux assertions
trop souvent erronées des devanciers. |
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« Réjouissez-vous,
me dit elle, hier, dans le Conseil, on conclut la guerre contre le roi
[3]. J'espère parmi l'embarras des préparatifs,
cependant que notre monarque et ses sujets seront éloignés,
faire naître l'occasion de vous sauver.
- Comment, la guerre? l'interrompis-je.
Arrive-t-il des querelles entre les princes de ce monde ici comme entre
ceux du nôtre? Hé! je vous prie, parlez-moi de leur façon
de combattre!
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[3]
L'idée de traduire les noms par des notes placées sur une
portée musicale a été puisée dans L'Homme
dans la Lune de Godwin. |
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- Quand les arbitres, reprit-elle,
élus au gré des deux parties, ont désigné le
temps accordé pour l'armement, celui de la marche, le nombre des
combattants, le jour et le lieu de la bataille, et tout cela avec tant
d'égalité, qu'il n'y a pas dans une armée un seul
homme plus que dans l'autre. Les soldats estropiés d'un côté
sont tous enrôlés dans une compagnie, et lorsqu'on en vient
aux mains, les maréchaux de camp ont soin de les exposer aux estropiés;
de l'autre côté, les géants ont en tête les colosses;
les escrimeurs, les adroits; les vaillants, les courageux; les débiles,
les faibles; les indisposés, les malades; les robustes, les forts,
et si quelqu'un entreprenait de frapper un autre que son ennemi désigné,
à moins qu'il pût justifier que c'était par méprise,
il est condamné de couard. Après la bataille donnée
on compte les blessés, les morts, les prisonniers; car pour les
fuyards, il ne s'en trouve point; si les pertes se trouvent égales
de part et d'autre, ils tirent à la courte paille à qui se
proclamera victorieux.
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Mais encore qu'un royaume eût
défait son ennemi de bonne guerre, ce n'est presque rien avancé,
car il y a d'autres armées peu nombreuses de savants et d'hommes
d'esprit, des disputes desquelles dépend entièrement le triomphe
ou la servitude des États.
Un savant est opposé à
un autre savant, un esprité à un autre esprité [4],
et un judicieux à un autre judicieux. Au reste le triomphe que remporte
un État en cette façon est compté pour trois victoires
à force ouverte. Après la proclamation de la victoire on
rompt l'assemblée, et le peuple vainqueur choisit pour être
son roi, ou celui des ennemis, ou le sien.-»
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[4]
Homme ayant de l'esprit ou faisant profession d'en avoir. Un
intello, quoi! |
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Je ne pus m'empêcher
de rire de cette façon scrupuleuse de donner des batailles; et j'alléguais
pour exemple d'une bien plus forte politique les coutumes de notre Europe,
où le monarque n'avait garde d'omettre aucun de ses avantages pour
vaincre et voici comme elle me parla :
« Apprenez-moi, me dit-elle,
Si vos princes ne prétextent pas leurs armements du droit de force?
- Si fait, répliquai-je,
et de la justice de leur cause.
- Pourquoi lors, continua-t-elle,
ne choisissent-ils des arbitres non suspects pour être accordés?
Et s'il se trouve qu'ils aient autant de droit l'un que l'autre, qu'ils
demeurent comme ils étaient, ou qu'ils jouent en un coup de piquet
la ville ou la province dont ils sont en dispute? Et cependant qu'ils font
casser la tête à plus de quatre millions d'hommes qui valent
mieux qu'eux, ils sont dans leur cabinet à goguenarder sur les circonstances
du massacre de ces badauds. Mais je me trompe de blâmer ainsi la
vaillance de vos braves sujets; ils font bien de mourir pour leur patrie;
l'affaire est importante, car il s'agit d'être le vassal d'un roi
qui porte une fraise ou de celui qui porte un rabat !
- Mais vous, lui repartis-je,
pourquoi toutes ces circonstances en votre façon de combattre? Ne
suffit-il pas que les armées soient en pareil nombre d'hommes?
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- Vous n'avez guère de
jugement, me répondit-elle. Croiriez-vous, par votre foi, ayant
vaincu sur le pré votre ennemi seul à seul, l'avoir vaincu
de bonne guerre, si vous étiez maillé, et lui non; s'il n'avait
qu'un poignard, et vous une estocade; enfin s'il était manchot,
et que vous eussiez deux bras ? Cependant avec toute l'égalité
que vous recommandez tant à vos gladiateurs, ils ne se battent jamais
pareils; car l'un sera de grande, l'autre de petite taille; l'un sera adroit,
l'autre n'aura jamais manié d'épée; l'un sera robuste,
l'autre faible; et quand même ces disproportions seraient égales,
qu'ils seraient aussi adroits et aussi forts l'un que l'autre, encore ne
seraient-ils pas pareils, car l'un des deux aura peut-être plus de
courage que l'autre; et sous l'ombre que cet emporté ne considérera
pas le péril, qu'il sera bilieux, qu'il aura plus de sang, qu'il
avait le coeur plus serré, avec toutes ces qualités qui font
le courage, comme si ce n'était pas aussi bien qu'une épée,
une arme que son ennemi n'a point, il s'ingère de se ruer éperdument
sur lui, de l'effrayer et d'ôter la vie à ce pauvre homme
qui prévoit le danger, dont la chaleur est étouffée
dans la pituite, et duquel le coeur est trop vaste pour unir les esprits
nécessaires à dissiper cette glace qu'on appelle "poltronnerie".
Ainsi vous louez cet homme d'avoir tué son ennemi avec avantage,
et le louant de hardiesse, vous le louez d'un péché contre
nature, puisque sa hardiesse tend à sa destruction. Et à
propos de cela, je vous dirai qu'il y a quelques années qu'on fit
une remontrance au Conseil de guerre, pour apporter un règlement
plus circonspect et plus consciencieux dans les combats.-»
Et le philosophe qui donnait l'avis parla
ainsi :
« Vous imaginez, Messieurs,
avoir bien égalé les avantages de deux ennemis, quand vous
les avez choisis tous deux grands, tous deux adroits, tous deux pleins
de courage; mais ce n'est pas encore assez, puisqu'il faut qu'enfin le
vainqueur surmonte par adresse, par force, et par fortune. Si ça
été par adresse, il a frappé sans doute son adversaire
par un endroit où il ne l'attendait pas, ou plus vite qu'il n'était
vraisemblable ; ou, feignant de l'attraper d'un côté, il l'a
assailli de l'autre. Cependant tout cela c'est affiner, c'est tromper,
c'est trahir, et la tromperie et la trahison ne doivent pas faire l'estime
d'un véritable généreux. S'il a triomphé par
force, estimerez vous son ennemi vaincu, puisqu'il a été
violenté? Non, sans doute, non plus que vous ne direz pas qu'un
homme ait perdu la victoire, encore qu'il a soit accablé de la chute
d'une montagne, parce qu'il n'a pas été en puissance de la
gagner. Tout de même celui-là, n'a point été
surmonté, à cause qu'il ne s'est point trouvé dans
ce moment disposé à pouvoir résister aux violences
de son adversaire. Si ça été par hasard qu'il a terrassé
son ennemi, c'est la Fortune et non pas lui qu'on doit couronner il n'y
a rien contribué ; et enfin le vaincu n'est non plus blâmable
que le joueur de dés, qui sur dix-sept points en voit faire dix
huit-[5].-»
On lui confessa qu'il avait raison : mais
qu'il était impossible, selon les apparences humaines, d'y mettre
ordre, et qu'il valait mieux subir un petit inconvénient, que de
s'abandonner à cent autres de plus grande importance. |
[5]
Pour un ferrailleur émérite, Cyrano nous semble faire
ici bien gravement la leçon aux duellistes. |
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Elle ne m'entretint
pas cette fois davantage, parce qu'elle craignait d'être trouvée
toute seule avec moi si matin. Ce n'est pas qu'en ce pays l'impudicité
soit un crime; au contraire, hors les coupables convaincus, tout homme
a pouvoir sur toute femme, et une femme tout de même pourrait appeler
un homme en justice qui l'aurait refusée. Mais elle ne m'osait pas
fréquenter publiquement à ce qu'elle me dit, à cause
que les prêtres avaient prêché au dernier sacrifice
que c'étaient les femmes principalement qui publiaient que j'étais
homme, afin de couvrir sous ce prétexte le désir exécrable
qui les brûlait de se mêler aux bêtes,,
et de commettre avec moi sans vergogne des péchés contre
nature. Cela fut cause que je demeurai longtemps sans la voir, ni pas une
du sexe.
Cependant il fallait bien que quelqu'un
eût réchauffé les querelles de la définition
de mon être, car comme je ne songeais plus qu'à mourir en
ma cage, on me vint quérir encore une fois pour me donner audience.
je fus donc interrogé, en présence d'un grand nombre de courtisans
sur quelques points de physique, et mes réponses, à ce que
je crois, ne satisfirent aucunement, car celui qui présidait m'exposa
fort au long ses opinions sur la structure du monde. Elles me semblèrent
ingénieuses ; et sans qu'il passât jusqu'à son origine
qu'il soutenait éternelle, j'eusse trouvé sa philosophie
beaucoup plus raisonnable que la nôtre. Mais sitôt que je l'entendis
soutenir une rêverie si contraire à ce que la foi nous apprend,
je lui demandai ce qu'il pourrait répondre à l'autorité
de Moïse,
et que ce grand patriarche avait dit expressément que Dieu l'avait
créé en six jours. Cet ignorant ne fit que rire au lieu de
me répondre; ce qui m'obligea de lui dire que puisqu'ils en venaient
là, je commençais à croire que leur monde n'était
qu'une lune.
« Mais, me dirent-ils tous,
vous y voyez de la Terre,
des rivières, des mers, que serait-ce donc tout cela?
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- N'importe, repartis-je, Aristote
assure que ce n'est que la Lune; et si vous aviez dit le contraire dans
les classes où j'ai fait mes études, on vous aurait sifflés.
.-»
Il se fit sur cela en grand éclat de
rire. Il ne faut pas demander si ce fut de leur ignorance; mais cependant
on me conduisit dans ma cage.
Mais d'autres savants, plus emportés
que les premiers, avertis que j'avais osé dire que la Lune,
d'où je venais était un monde, et que leur monde n'était
qu'une lune, crurent que cela leur fournissait un prétexte assez
juste pour me faire condamner à l'eau
[6]; c'est la façon
d'exterminer les athées. Pour cet effet, ils furent en corps faire
leur plainte au roi qui leur promit justice, et ordonna que je serais remis
sur la sellette. |
[6]
La noyade. |