| Constance de Castille, reine de France, seconde femme de Louis VII, morte la 4 octobre 1160. Elle était fille d'Alphonse VIII, roi de Castille, et de Bérengère, soeur de Raimond-Bérenger IV, comte de Barcelone. Les chroniqueurs espagnols l'appellent soit Elisabeth, soit Béatrix; l'auteur de l'Histoire de Louis VII et Guillaume de Tyr, Marie; Bernard Gui, Marguerite. Louis VII l'épousa en 1154, après avoir répudié Eléonore d'Aquitaine. Elle fut mariée et sacrée à Orléans par Hugues, archevêque de Sens, ce qui provoqua les réclamations de l'archevêque de Reims qui prétendait au privilège exclusif de sacrer les rois et reines de France. Rodrigue de Tolède, écrivain des premières années du XIIIe siècle, raconte que « de méchantes gens, voulant semer la haine entre Louis VII et Elisabeth, répandirent le bruit que celle-ci était née de la plus vile concubine. » Le roi, désireux de faire la lumière sur ce point, résolut de se rendre à Saint-Jacques de Compostelle; le roi d'Espagne vint au-devant de lui jusqu'à Burgos, entouré d'une brillante noblesse; le roi de Navarre l'accompagnait; tous deux reçurent avec beaucoup d'honneur le roi de France, étonné de tant de pompe et de richesses. Alphonse conduisit son gendre jusqu'à Saint-Jacques, puis, au retour, tint à Tolède une cour où se trouvèrent réunis les chrétiens et les Arabes soumis à son empire. Le comte de Barcelone, Raimond, était là. Et, comme le roi de France s'écriait qu'il n'avait jamais vu si splendide réunion, le roi d'Espagne, lui montrant le comte de Barcelone, lui dit : « Voici le frère de Bérengère, de qui j'ai eu la fille que je vous ai donnée pour épouse et, puisque l'on vous a dit qu'elle était de basse origine et que j'étais sans gloire, jugez-en par vous-même. » Alors le roi Louis le remercia : « Béni soit Dieu! s'écria-t-il, qui m'a permis d'épouser la fille d'un si grand seigneur, née de la soeur d'un si grand prince. » (De Rebus Hispaniae, I. VII, ch. ix, dans Rec. des histor. de France, t. XII, p. 383.) Constance mourut en couches de sa fille Marguerite. Tous ses contemporains ont célébré sa vertu. Elle fut inhumée à Saint-Denis. Lorsque, en 1263, saint Louis fit rechercher les sépultures de ses prédécesseurs, ses cendres furent recueillies et déposées sous un tombeau placé dans le choeur, du côté de l'Evangile, et surmonté d'une statue couchée, avec cette inscription : CONSTANTIA REGINA QVE VENIT DE ISPANIA. Le 6 août 1793, son tombeau fut ouvert par les commissaires de la Convention; ils en retirèrent son sceau d'argent, qui fut conservé au cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale. La statue fut conservée pendant la Révolution au musée des Petits-Augustins, puis réintégrée dans la basilique de Saint-Denis en 1817. (M. Prou). | |