| Chaillé-Long (Charles), explorateur de l'Afrique centrale (L'exploration de l'Afrique), né en 1843 à Baltimore (États-Unis). Il descendait d'une ancienne famille française et profestante de La Rochelle. Deux frères Chaillé, Pierre et Moïse, quittèrent cette ville vers le milieu du XVIIIe siècle pour aller s'établir dans le comté de Worcester, où l'aîné, Pierre Chaillé, devint un ardent patriote et représenta pendant vingt-sept ans le comté au Sénat. Leur descendant, celui qui nous occupe, prit part à la guerre de la sécession, où il obtint le grade de capitaine, et alla ensuite offrir ses services au khédive d'Égypte, qui lui donna le rang de lieutenant-colonel d'état-major. Linguiste consommé, il fut choisi pour chef d'état-major par Charles Gordon, qui l'emmena avec lui dans l'Afrique centrale. Après mille aventures extraordinaires, il parvint, le premier de tous les explorateurs de l'Afrique, à parcourir le Nil depuis ses embouchures jusqu'à ses sources et fut reçu princièrement, non loin de celles-ci, par le monarque africain M'tsé. Stanley devait retrouver plus lard les traces de la profonde impression laissée par cette visite, et en bénéficier grandement dans ses relations avec M'tsé. C'est grâce à Chaillé que ce roi signa un traité par lequel il se reconnaissait le vassal de l'Égypte. En effectuant son retour, Chaillé-Long reconnut un troisième bassin et une troisième source du Nil. Il pénétra plus tard, avec une colonne de troupes régulières, dans le pays des Nyam-Nyam, à I'Ouest du Nil, et le soumit après plusieurs combats. La relation de ces expéditions parut sous le titre de Central Africa (Londres, 1876; trad. en franç.: L'Afrique centrale, expédition au lac Victor Nyanza et use Makraka Niam-Niam à l'ouest du Nil blanc; Paris, 1877, in-48). Sur la côte orientale de l'Afrique, à la tête de mille hommes de toutes armes, il prit possession de la côte, du cap Gardafui à Kismavu ; mais lord Derby parvint à faire rentrer prématurément l'expédition en Égypte. En 1877 , fatigué des indécisions du gouvernement égyptien et malade de corps, le colonel Chaillé-Long donna sa démission et quitta l'Égypte. Il alla étudier la loi à New-York, prit ses grades et revint exercer au Caire, près le tribunal international (1881). Arrivèrent bientôt l'insurrection militaire d'Arabi et le massacre des Européens à Alexandrie. Le consul général américain se trouvait alors absent et l'agent consulaire, un Autrichien, avait abandonné son poste. A la demande des Américains d'Alexandrie, Chaillé-Long bey n'hésita pas à assumer la responsabilité du consulat, donna d'abord aide et refuge aux fuyards d'Alexandrie et entra ensuite courageusement dans cette ville. On était alors au 13 juillet au matin, le pillage, le massacre et l'incendie sévissaient dans la malheureuse cité. Au prix des plus grands dangers pour sa vie, Chaillé-Long s'empressa de donner sur la situation, à l'amiral anglais, des renseignements grâce auxquels celui-ci put occuper la ville le jour même et la sauva ainsi d'une ruine certaine. Le lendemain, avec cent soixante soldats que lui confia l'amiral Nicholson, commandant les vaisseaux de guerre américains, Chaillé-Long put gérer les consulats dont les bâtiments avaient été détruits et le personnel dispersé. C'est donc à lui surtout que revient l'honneur d'avoir sauvé maintes existences humaines du massacre et la ville elle-même d'une totale subversion. La Chambre des représentants des États-Unis lui vota de solennels et chaleureux remerciements. Chaillé-Long bey a publié entre autres ouvrages : Naked truths of Naked People et les Trois Prophètes (Paris, 1886, in-16), ouvrage intéressant sur Gordon-Pacha, Arabi-Pacha et le Madhi. (A19). | |