| Cérésole (Victor). - Historien suisse, né le 20 avril 1830 à Friederichsdorf, près de Hombourg; fils d'un pasteur protestant originaire de Vevey. Appelé en 1859 à Venise, comme précepteur dans la famille patricienne des Papadopoli, il en fut expulsé deux fois pour ses sympathies italiennes, sous le régime autrichien, mais y rentra définitivement, en 1807, en qualité de consul de la Confédération suisse. Les archives de Venise, qui l'avaient choisi pour un de leurs mandataires lors de la restitution des documents et registres emportés à Vienne par l'abbé Dudeck, lui ont fourni la matière d'abondantes et fructueuses recherches destinées à mettre en pleine lumière les relations de la république des doges avec les anciennes diètes helvétiques. Cérésole, qui avait publié, en 1860, un ouvrage écrit en allemand sur Lausanne et le canton de Vaud, a fait successivement paraître : la République de Venise et les Suisses (1864, in-8); A propos de l'article 18 du traité de Vienne du 3 octobre 1866; la Vérité sur les déprédations autrichiennes aux archives de Venise; trois lettres à M. Armand Baschet (1866); les Dépêches de Jean-Baptiste Padovanino écrites de Zurich 1607-1608 (1878); J.-J. Rousseau à Venise (1743-1744); Notes et documents recueillis par V.-C., publiés par Th. de Saussure (1885); Documents diplomatiques sur l'Escalade de Genève, tirés des archives de Venise et publiés dans les Mémoires de la Soc. d histoire et d'archéologie de Genèvve (1877); de nombreux articles insérés de 1876 à 1888 dans le journal l'Art. (E. Strohelin.). | |
| Cérésole (Paul). - Homme politique suisse, frère du précédent, né le 16 novembre 1832 à Friederichsdorf. il fit de brillantes études juridiques et littéraires à Paris, en Suisse, en Allemagne, fut reçu avocat à Lausanne en 1856, fit partie, en 1861, de l'Assemblée constituante, en 1862 du grand conseil et conquit bientôt, par sa parole nette, élégante, sympathique, une des premières places dans le parti conservateur libéral. Les portes du conseil d'Etat s'ouvrirent devant lui, lorsqu'en janvier 1862, ses amis arrivèrent au pouvoir; aussitôt chargé de la direction du département militaire et appelé, en 1864, à la présidence, il fut regardé à bon droit comme le véritable chef du nouveau gouvernement. En 1867, il fut appelé au tribunal fédéral; en 1870, il fut élu membre du conseil fédéral et, en 1873, élu président de la Confédération. Partisan d'une centralisation administrative et militaire plus étendue que celle adoptée en 1848, Cérésole soutint de tout son pouvoir, au risque de perdre sa popularité auprès de ses commettants, le projet constitutionnel voté par l'Assemblée le 5 mars 1872, mais rejeté le 12 mai de la même année par le peuple suisse, échoua dans le canton de Vaud aux élections de septembre et ne rentra au conseil national que comme député de l'Oberland. Sa présidence coïncida avec l'apogée du Kulturkampf, l'expulsion de Mermillod, la rupture des relations diplomatiques avec le Saint-Siège et l'abolition de la nonciature. Cérésole défendit en toute occurrence, avec autant d'habileté que de vigueur, les droits de l'Etat, mais fidèle à son passé de libéralisme, soutint les revendications des catholiques, soit dans la question de la suppression des couvents, soit dans le conflit entre le gouvernement bernois et le clergé jurassien, et déploya devant les Chambres une dialectique si persuasive qu'il réussit à faire partager son opinion à la majorité radicale. Le percement du Simplon lui parut ouvrir soit au canton de Vaud, soit à la Suisse entière des perspectives économiques et financières trop avantageuses pour qu'il n'échangeât pas, en 1875, son fauteuil de conseiller fédéral contre la présidence de la nouvelle entreprise; il la garda jusqu'en 1884. En 1885, il reprit l'exercice du barreau et ne conserva de ses précédentes fonctions que celle de député de Vevey. (E. Stroehlin.). |
| Cérésole (Alfred). - Littérateur suisse, frère des précédents, né le 17 mars 1842 à Friederichsdorf. Il passa son enfance à Lausanne où son père avait été appelé, en 1845, à la chaire d'hébreu, remplit successivement les fonctions de pasteur suffragant à Oron et à Begnins, de pasteur titulaire aux Ormonts-Dessus (1866-1871) et à Vevey. Les deux publications qui ont rendu le nom d'Alfred Cérésole populaire en Suisse romande sont : les Scènes vaudoises ou le Journal de Jean-Louis, récits campagnards et militaires en parler vaudois (1883, in-12), également remarquables par la fraîcheur des paysages, le bon sens aiguisé d'un fin humour, l'incarnation vivante dans une personnalité sympathique des traits de ses personnages, et les Légendes des Alpes vaudoises (1885, in-4, illustrées par Ed. Burnand), une oeuvre tout ensemble d'art et de science. Il a publié aussi : Chansonnier de la Société de Belles Lettres (1864), les Chants populaires de la Suisse romande (1885), A la veillée, contes et croquis vaudois pour jeunes et Vieux (1890), et plusieurs guides illustrés dans la collection Orell-Fussli. (E. S.). |