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Joseph Autran
est un écrivain français,
né à Marseille le 20 juin
1813, mort à Marseille le 6 mars 1877. Fils d'un négociant,
il fit ses études chez les jésuites d'Aix-en-Provence
où il eut pour condisciples les peintres Papety et Emile Loubon;
il les achevait au moment où la ruine de son père l'obligeait
à entrer dans une institution religieuse comme professeur particulier.
Une ode qu'il adressa en 1832 à Lamartine,
au moment de son départ pour l'Orient, le mit tout à coup
en lumière; elle fut suivie de diverses poésies, recueillies
sous le titre de la Mer (1835), et plus tard des Poèmes
de la mer
(1852), et sous celui de Ludibria ventis (Paris, 1838, in-8). Le
succès en fut assez vif pour qu'il se vit offrir le poste de bibliothécaire
de la ville de Marseille que Méry venait d'abandonner.
En même temps qu'il publiait un volume
de souvenirs de voyage Italie et
Semaine sainte à Rome (Marseille, 1841, in-8), il chantait
les exploits des soldats français d'Afrique dans un poème
intitulé Milianah (Marseille, 1842, in-8). Très lié
à cette époque avec Alexandre Dumas fils,
il lut, sur ses conseils et avec son appui, au comité de l'Odéon,
une tragédie intitulée la
Fille d'Eschyle dont la première représentation était
annoncée pour le 23 février 1848 et qui obtint un grand succès
le 9 mars suivant. L'Académie partagea le prix Monthyon entre Gabrielle
d'Augier et la Fille d'Eschyle, et ce triomphe valut en outre
à Autran l'héritage considérable et inespéré
d'un de ses oncles.
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Les chèvres
provençales
« La montagne
au soleil, où croissent pêle-mêle
Cytise et romarin,
lavande et serpolet,
Enfle de mille sucs
leur bleuâtre mamelle;
On boit tous ses
parfums quand on boit de leur lait.
Tandis qu'assis au
pied de quelque térébinthe,
Le pâtre insoucieux
chante un air des vieux jours,
Elles, dont le collier
par intervalles tinte,
Vont et viennent
sans cesse et font mille détours.
En vain le mistral
souffle et chiffonne leur soie
Leur bande au pâturage
erre des jours entiers.
Je ne sais quel
esprit de conquête et de joie
Les anime à
gravir les plus âpres sentiers.
Ton gouffre les appelle,
ô Méditerranée!
Qu'un brin de mousse
y croisse, une touffe de thym,
C'est là
qu'elles iront, troupe désordonnée
Que le péril
attire autant que le butin. »
(J.
Autran).
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Assuré dès lors contre les
soucis de la vie matérielle, il publia tour à tour les recueils
suivants : Laboureurs et soldats (1854, in-18); - la Vie rurale
(1856, in-18); - Epîtres rustiques (1861, in-18); - le
Poème des beaux jours (1862, in-18); - le Cyclope, étude
d'après Euripide (1863, in-18).
Plusieurs fois candidat à l'Académie
française, il fut élu le 7 mai 1868 en remplacement de
Ponsard et reçu par Cuvillier-Fleury; il eut pour successeur V.
Sardou.
Autran avait commencé une édition
de ses OEuvres complètes (1874-1881), dont les deux derniers
volumes sont posthumes, et qui se subdivise ainsi : t. 1, les Poèmes
de la mer; t. II, la Vie rurale; t. III, la Flûte et
le Tambour; t. IV, Sonnet capricieux; t. V, la Lyre à
sept cordes; t. VI, Drames et comédies; t. VII, Lettres
et notes de voyage, la Maison démolie (fragments d'autobiographie);
t. VIII, la Comédie de l'histoire, avec préface par
Victor de Laprade. (Maurice Tourneux). |
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