| Xiutecuhtli ou Xiuhteuctli, dieu aztèque du feu et du temps, seigneur de la turquoise, seigneur des comètes, est une forme prise par Ometecuhtli et a été quelquefois confondu avec le soleil lui-même. Il présidait à l'année et faisait croître les plantes : c'est pourquoi on lui avait donné le nom de dieu de l'herbe ou de l'année, car les Aztèques comptaient les années par herbes; on le nommait aussi Ixcozauqui ou lzcozauhqui (figure jaune), Cuccaltzin (flamme de feu), et Huehueteotl (l'ancien dieu). Dans sa longue barbe teinte en noir avec la résine qu'on nomme ulli était enchâssée une pierre rouge. On le représentait nu puis on l'habillait toujours avec un costume semblable à celui du souverain régnant, et l'on plaçait sur sa tête une couronne de papier d'agave peinte de diverses couleurs et ornée de bouquets de plumes vertes, qui représentaient des flammes et d'où pendaient de chaque côté des boules de la même couleur. Elle était surmontée d'un panache de plumes jaunes qui représentait une tête de dragon, et était ornée de coquillages de mer. Il avait aux oreilles des pendants en mosaïque de turquoises et des grelots aux pieds. Il portait au bras gauche un bouclier couvert de plaques d'or et orné de cinq émeraudes disposées en croix, et tenait à la main une espèce de sceptre fendu dans toute sa longueur et dont l'extrémité supérieure supportait deux globes : celui qui le terminait était le plus gros et s'appuyait sur la pointe du plus petit. Ce sceptre, que le dieu tenait devant sa figure et à travers lequel il paraissait regarder, se nommait tlachicloni (celui par lequel on regarde). Les fêtes de Xiutecuhtli. Xiutecuhtli était un des dieux les plus révérés. Dans le courant de l'année, les Aztèques célébraient deux fêtes en l'honneur de ce dieu. Xocotlhuetzi. La première fête avait lieu dans le dixième mois qui se nommait Xocotlhuetzi. Les prêtres allaient dans la forêt et y abattaient un grand arbre qui devait avoir vingt-cinq brasses de haut. Après l'avoir dépouillé de toutes ses branches, on l'ornait de fleurs et de guirlandes et on le dressait dans la cour du temple, au centre d'un immense bûcher. Après avoir exécuté autour une danse solennelle, on y mettait le feu, et on y précipitait les victimes humaines qui devaient être immolées dans cette circonstance. Mais à peine les flammes avaient-elles commencé à les saisir qu'on les en retirait à moitié brûlées et respirant encore, pour leur ouvrir la poitrine et leur arracher le coeur que l'on offrait tout sanglant au dieu. Ircalli. La seconde fête, qui se célébrait dans le dix-huitième mois, nommé Ircalli, n'avait pas un caractère aussi sanglant. Dix jours avant la fête, qui avait lieu le dernier jour de l'année, tous les jeunes gens se rendaient à la chasse et apportaient au temple tout le gibier qu'ils avaient pu se procurer. On en faisait un festin solennel pour les prêtres et les nobles, et on donnait en échange aux chasseurs des boules de maïs. Ordinairement, la fête se terminait ainsi; mais, tous les quatre ans, elle se célébrait avec beaucoup plus d'éclat et l'on immolait un grand nombre de victimes. C'était ce jour-là que l'on choisissait pour percer les lèvres et les oreilles des enfants. Les offrandes quotidiennes. Outre ces sacrifices on en offrait journellement à Xiutecuhtli la première bouchée de tous les mets et la première gorgée de toutes les boissons, en les jetant dans un brasier, et on déposait auprès du foyer des fleurs et des bouquets. Le sanctuaire de Quauchtitlan. Le principal siège du culte de ce dieu semble avoir été à Quauchtitlan, à une quinzaine de kilomètres de Mexico. Sa fête s'y célébrait avec la plus grande splendeur, et Torquemada dit que l'on y venait de 40 ou 60 km à la ronde. Les prêtres y exécutaient des danses, couverts de la peau sanglante des victimes qu'ils venaient d'immoler, et l'on dressait devant le temple six mâts très élevés, auxquels on attachait autant de captifs, que les jeunes gens et les enfants s'amusaient à tuer à coups flèches. (DdR, A. Bertrand). | |