| Un sacrifice est une offrande faite à une divinité ou à une puissance d'un monde-autre avec certaines cérémonies solennelles. (Sacrificateur). Le sacrifice peut prendre des formes diverses. Cela être une simple offrande faite à la divinité ou bien un animal, voire un humain, que l'on immole. Que ce soit explicitement dit ou pas, il s'agit toujours d'une transaction, d'une forme d'échange avec la puissance à laquelle on sacrifie : on abandone un bien, un droit, on s'impose une privation, on consent à une dépense ou à un acte aussi coûteux que peut l'être la mise à mort d'un être humain, parce qu'on attend en retour un bienfait. S'agit-il de retarder sa propre mort? de sauver la Cité ou même l'univers entier, comme chez les Aztèques? Chaque chose à son prix. Les Chrétiens, par exemple, imaginent qu'il ne faut pas moins que le sacrifice du Dieu incarné pour sauver l'humanité. Certains peuples, plus respectueux qu'effrayés de la puissance divine, n'ont jamais abusé des sacrifices sanglants; en Asie, par exemple, et de nos jours encore, les Hindouistes et les Bouddhistes répugnent de façon absolue à l'immolation d'êtres qui respirent; ils se contentent, même dans leur nourriture, de végétaux et de poissons. Les Egyptiens, peuple de laboureurs, amis et compagnons du boeuf qui tire la charrue, en firent un dieu pour ne pas l'immoler. Les Hébreux finirent par adopter les mêmes usages et préférèrent les libations de vin, les offrandes d'huile, de sel et de farine aux sanglants holocaustes. Isaïe fait dire à Yahveh : "Qu'ai-je besoin de la multitude de vos sacrifices? Je suis rassasié du sang des boucs et des génisses. " Les Phéniciens, si voisins des Hébreux, ne connurent peut-être pas leur réserve et pratiquèrent, semble-t-il, les sacrifices humains, en l'honneur de Moloch et de Baal; il les transportèrent à Carthage. Il est vrai que ces accusations de pratiquer des sacrifices humains ont été faites par leurs ennemis et doivent donc être considérées avec la plus grande prudence; la multitude d'hommes égorgés au Mexique avant l'arrivée de Fernand Cortez, les pratiques sanglantes de l'ancien Dahomey à l'avénement d'un souverain offrent des exemples plus extrêmes. Les Gaulois remplissaient de prisonniers de guerre des mannequins d'osier et les brûlaient tout vifs, en l'honneur des divinités; ils ne croyaient pas être cruels, parce qu'ils n'avaient pas peur de la mort et s'emportaient parfois jusqu'au suicide religieux. - Sacrifice humain chez les Aztèques. Les Grecs distinguaient les sacrifices non sanglants, les sacrifices sanglants et les offrandes. Les sacrifices non sanglants, étaient apparemment, les plus anciens; ils consistaient en prémices de la terre, en gâteaux, en miel, en pommes qui, en jouant sur l'identité de prononciation, étaient des brebis. Les pauvres se contentaient de mouler dans la pâte un porc, un boeuf qu'ils offraient aux dieux; parfois on brûlait sur l'autel du bois de cèdre ou des parfums. Ces sacrifices étaient accompagnés de libations de lait, d'huile, de vin, d'eau (les Moires, les Muses et les Nymphes). Les Athéniens n'ont pas répugné aux sacrifices humains. Dans l'immolation des animaux, on tenait compte de l'âge, du sexe, de la couleur du poil; le porc, qui détruit les semences, était sacrifié à Déméter; le bouc, qui broute la vigne, était immolé à Dionysos. Les offrandes étaient conservées dans les temples, sans être brûlées ou détruites, comme les cheveux d'Achille et de Thésée, offerts au fleuve Sperchios ou à Apollon Délien. Les Romains, au temps des rois, se contentaient d'offrir aux dieux des gâteaux, du lait, du vin, les premiers fruits de la terre; plus tard ils imitèrent les Étrusques, instituèrent les combats de gladiateurs pour apaiser les âmes des morts; ils immolèrent des taureaux (victimae) ou des moutons (hostiae). Celui qui offrait le sacrifice se rendait près des autels (arae) en habits de fête. L'autel lui-même était orné de fleurs et garni de bandelettes (vittae). Le héraut (praeco) invitait le pontife à procéder religieusement à la cérémonie et le peuple à faire silence; puis les victimes étaient amenées, et, après les avoir examinées, on rejetait celles qui n'avaient pas les qualités requises; le pontife prononçait alors une prière répétée par les assistants et répandait sur la victime de l'eau de source, du vin, de la farine mêlée de sel : c'était là proprement l'immolation. Puis il l'encensait; il goûtait le vin et en donnait à boire à ceux qui offraient le sacrifice. Il coupait ensuite des poils sur le front de la victime et les jetait au feu. Se tournant vers l'Orient, il faisait passer le couteau de la tête à la queue de la victime. Le victimaire demandait alors au pontife : Dois-je agir? Celui-ci répondait : Agis. Les boeufs étaient alors frappés de la hache; les veaux du maillet; les porcs et les moutons d'une hache de pierre; souvent encore le cultrarius les égorgeait. Le sang recueilli, mélangé de vin et de farine, était placé sur l'autel que l'on encensait. L'animal était ensuite dépecé pour le festin qui suivait le sacrifice, et les haruspices examinaient les entrailles pour en tirer des présages. Dans les grands dangers, les Romains vouaient aux dieux du monde souterrain, manibus tellurique, une victime expiatoire; c'est ce qu'ils appelaient devotio; tels furent le sacrifice de Curtius et le dévouement des Décius. On vouait aussi à la destruction, après en avoir évoqué les dieux, les villes assiégées. Enfin on enterrait vivants un homme et une femme des nations que Rome croyait avoir à redouter. Dans la guerre contre les Boïens et les Insubres, après la bataille de Cannes, un Gaulois et une Gauloise, un Grec et une Grecque furent enterrés vifs dans un caveau, sous le Forum boarium. (DMC). | |