| Lama, nom des prêtres ou religieux bouddhistes du Tibet, de la Mongolie, de la Mandchourie, etc. Ce nom signifie supérieur ou prêtre supérieur, et s'écrit en tibétain bLa-ma, et est l'équivalent du mot sanscrit 'guru (gourou). Cependant il n'y a guère que les Européens qui appellent indifférament tous les religieux tibétains Lamas; cette qualification appartient proprement aux supérieurs des couvents ou monastères (lamaseries). Il y eu a de plusieurs sortes; les uns portent le nom de Lamas renés ou régénérés; ce sont ceux qui, à leur mort, passent d'un corps dans un autre. C'est parmi eux que se trouvent les Grands Lamas (Dalaï Lama) qui sont en assez grand nombre, et dont chacun a la suprématie sur plusieurs monastères. Les supérieurs particuliers de ces communautés sont élus par leur Grand Lama respectif, et ne peuvent être déposés que pour des raisons majeures; mais ils peuvent passer d'un couvent inférieur à un monastère plus important; on les appelle Lamas élus. Tous les Grands Lamas passent, aux yeux des Tibétains et des Mongols, pour être animés par l'âme de quelque Bodhisattva, c'est-à-dire d'un des êtres antiques qui ont atteint la plus grande perfection, sans pourtant être encore parvenus au degré de Bouddha. Le titre tibétain du Lama suprême est Lama-rin-bo-tsé (ou Lama-Rimpotche), c'est-à-dire grand prêtre; joyeux précieux; aussi appelé Dalaï-Lama, grand prêtre, océan (de sainteté). Les Lamas renés sont appelés Tchang-tchoub-Lama, et les Lamas élus; Kombei-Lama. Tous les Lamas, et même tous les religieux placés sous leur autorité, ont les cheveux coupés. Ils portent deux robes traînantes, dont celle de dessous tient lieu de hauts-de-chausses; et ces robes sont rouges. Par-dessus ces robes, ils en portent une troisième qui est pourpre; elle n'a pas de manches, et elle est ouverte devant la poitrine, sur laquelle ils ont un morceau d'étoffe de laine. Ils ont de plus un grand et ample manteau de couleur de safran, qu'ils appellent le manteau de la loi rétablie, et qu'ils regardent comme propre à Sâkyamouni. Les bords de ce manteau sont rejetés sur leurs épaules. Un faisceau de cinq bandelettes de différentes couleurs leur pend derrière le manteau. Leur chaussure est également de diverses couleurs. Ceux qui sont parvenus à la dignité de Lamas portent des bâtons ou des cannes. Ils ont des nattes sur lesquelles ils se tiennent longtemps assis, où ils prennent, leur sommeil, et qu'ils portent avec eux dans le temple. Les monastères des Lamas sont autant qu'il est possible, bâtis sur des hauteurs; on en comptait autrefois environ 3000 au Tibet. Les religieux n'ont rien en propre; ils ne doivent se livrer à aucun travail manuel, tel que bâtir, semer, planter; moissonner, recueillir, moudre, pétrir la farine, moudre le pain, etc. plusieurs de ces monastères sont des écoles publiques, dans lesquelles on instruit la jeunesse; on explique la loi, on enseigne la logique, la philosophie, l'astronomie, la médecine et surtout la théologie. Les Lamas et les religieux sont presque continuellement dans les couvents et dans les temples, occupés à l'étude, et à la prière; ils ont la tête rasée et vivent dans le célibat. Même depuis l'annexion du Tibet par la Chine, en 1957, et l'abolition du système théocratique dont bénéficiaient ces religieux, il y en a un grand nombre, car traditionnellement chaque famille se fait un honneur d'en avoir le plus possible parmi ses membres. « Les sciences, les arts et la plus grande partie du commerce, constatait Gabet au XIXe siècle, sont concentrés entré les mains des religieux; et le culte lamaïque sert à ce pays d'industrie, de gouvernement; de législation et de politique. Pour bien expliquer cet état, il faut dire que la religion de Bouddha possède tout le Tibet, avec ses habitants, ses terres, ses richesses, ses monuments et jusqu'à ses rochers; car, on voit leur granit tantôt couvert de légendes superstitieuses, tantôt taillé en forme d'idole avec une niche creusée dans la pierre vive; on aperçoit même suspendues à leurs. flancs les plus abruptes de grandes lamaseries, dont les cellules sont groupées et collées à la roche comme des nids d'hirondelles. Ces lamaseries jouissent toutes d'un territoire plus ou moins étendu, dont le produit forme le revenu des religieux, et dont l'administration appartient au Bouddha incarné du couvent. Tant d'avantages attachés à la dignité de Grand Lama excitent vivement les ambitions, et provoquent quelquefois les luttes les plus acharnées [...] On voit aussi un grand nombre de Lamas con templatifs, à la façon des fakirs de l'Inde. Nous passâmes au pied d'une caverne, où l'un d'eux menait depuis vingt et un ans la vie érémitique. Sa règle était, dit-on, de ne faire qu'un repas par semaine, et de ne paraître en public qu'une fois tous les trois ans. Il a près de lui un disciple pour transmettre ses réponses aux personnes qui viennent le consulter. La réputation dont il jouit est colossale. Ces ermites sont nom breûx, et en général ils sont toujours la source d'une nouvelle incarnation. ». | |