| Esculape, équivalent romain du dieu grec de la médecine Asclepios. Ce fut en 291 av. J.-C., après une de ces pestes terribles qui servaient souvent d'occasion pour la pratique de religions nouvelles, que les livres sibyllins conseillèrent de chercher Esculape à Épidaure pour l'amener à Rome. On envoya une ambassade en Épire, et, selon la légende, quand les envoyés eurent été introduits dans le temple, le serpent sacré d'Esculape se mit de lui-même en marche, et les accompagna jusqu'à leur vaisseau. Les Romains, une fois instruits des cérémonies du culte, emmenèrent à Rome cet animal, qu'on regardait comme le génie d'Esculape. - Esculape, d'après une statue de marbre du Musée de Naples. Pendant une relâche qu'on fit à Antium, le serpent s'échappa du navire et alla s'enrouler autour d'un palmier dans le bois d'Apollon. Il y resta trois jours et revint ensuite sur le vaisseau. On fonda à cette place un temple qui jouit d'une grande réputation. Arrivé à Rome, le serpent gagna à la nage l'île du Tibre, s'y choisit une place, et la peste de cesser aussitôt. Le temple (Asclépion) était à peu près au milieu de l'île; on y a retrouvé beaucoup d'ex-voto en terre cuite, offrandes de malades reconnaissants. La fête était le 6 janvier, le même jour que celle de Véjovis, dont le temple était d'ailleurs voisin. Le culte d'Esculape était tout à fait grec : la statue du dieu avait le bâton et la couronne; on lui sacrifiait des coqs et aussi des chiens. Les Romains admirent la signification symbolique du serpent avec d'autant plus de facilité que leur croyance attribuait à ces animaux un caractère sacré. Au temple était joint une sorte d'édifice sanitaire, probablement comme chez les Grecs, une salle où les malades passaient la nuit, attendant pendant leur sommeil les secours et les révélations du dieu. Toute l'île du Tibre devint un endroit consacré à Esculape, et, pour éterniser le souvenir de l'arrivée du serpent, on donna à cette île la forme d'un vaisseau. Avec le dieu vinrent aussi toutes sortes de médecins et de charlatans, malgré l'opposition du vieux parti national. Caton a bien soin de prémunir les Romains contre les remèdes de ces Grecs, et de leur recommander au contraire les vieilles recettes de la médecine domestique. Aussi les médecins ne se sont-ils jamais établis à Rome sur un pied très solide, et les Grecs ont-ils eu presque toujours l'apanage exclusif de cette profession. Si l'art de la médecine resta toujours sous le coup d'un certain discrédit, son dieu n'en fut que plus en vogue, avec tout son cortège de superstitions. Esculape le roi, le savant, l'ami des humains, fut, de tous les dieux païens, celui qui eut la vie la plus dure et qui résista le plus longtemps aux progrès du christianisme. Quand la mythologie égyptienne se fut répandue dans le monde antique, il se fit un rapprochement entre Esculape et Sérapis : les deux divinités furent souvent confondues. (L. Preller). | |