| Le Swarga, Swarga-loka ou Indra-loka est au sens large le ciel ou le paradis des Hindous; mais ce terme désigne plus spécialement le paradis d'Indra. C'est le séjour des dieux du second rang et des mortels sanctifiés, les uns et les autres enfants de Kasyapa. C'est là que règne Indra, appelé le roi du Swarga. Ce paradis est à l'est du mont Mérou, et on le considère comme un royaume qui a une succession de princes distingués chacun par un nom particulier, mais qui portent le titre générique d'Indra. Les routes qui conduisent au Swarga sont belles et spacieuse, on y trouve d'excellentes hôtelleries, où toutes choses sont servies avec profusion; des étangs où flottent des lotus sacrés; des arbres touffus procurant un délicieux ombrage. Le sol en est jonché de fleurs qui y tombent perpétuellement en pluies abondantes. Les dieux s'y promènent à cheval ou sur des éléphants, dans de riches palanquins ou sur des chars superbes. De nombreux serviteurs les abritent sous de blanches ombrelles, et les rafraîchissent en agitant autour d'eux de larges éventails. Tout ce qui peut flatter les sens et satisfaire les désirs, tout ce que l'imagination la plus brillante peut concevoir de richesses, de plaisirs sans mélange, de repos sans ennui et de bonheur sans fin, se trouve réuni dans ces lieux enchantés. Cependant ce ne sont encore là que les avenues du Swarga. Dans le paradis même, les jouissances les plus ineffables sont réservées aux bienheureux; de magnifiques jardins les couvrent de leur ombre; des fleurs d'une innombrable variété de formes et de couleurs réjouissent leur vue et les embaument des plus suaves parfums; d'exquises liqueurs, versées à grands flots dans des coupes d'or, caressent leur palais et leur procurent une molle ivresse, qui, loin d'amortir leurs sensations, en développe au contraire toute l'énergie. Les doux sons des mélodieux instruments de musique que les Gaudharvas, musiciens célestes, marient aux accents de leur voix harmonieuse, charment incessamment les oreilles. D'innombrables troupes d'Apsarasas, courtisanes célestes, y forment des danses voluptueuses, et sont toujours prêtes à éteindre les feux qu'elles out fait naître. L'entrée du Swarga est accordée à toutes les âmes vertueuses, sans acception de rang ni de caste, qui sont parvenues sur la terre au denté de sainteté requis; toutefois elles n'y demeurent pas éternellement, et, à l'expiration d'une longue période d'années, elles reviennent dans le monde pour y recommencer une nouvelle vie. Au milieu du Swarga est le palais d'Indra, le souverain; l'or et les pierreries y brillent de toute, parts. Un palais d'une égale magnificence s'élève non loin de là pour Satchi, son épouse, fille de Polomi. C'est là que résident encore Vrihaspati, le gourou des lieux, qui leur explique les védas; Sonata et Koumara, les médecins célestes; les régents des huit quartiers de l'univers; les sept planètes; les sept richis, en un mot tous les personnages divins, objets de la vénération des mortels. On y trouve l'arbre Kalpa, dont les fruits, de couleur d'or, ont un goût exquis; il s'élève la hauteur de dix yodjanas (120 km), et a le pouvoir de satisfaire tous les désirs des humains, C'est là encore que réside Kamadhénou, la vache des richesses et de l'abondance, et qui verse des flots intarissables d'un lait délicieux. Cependant le souverain de ce séjour enchanteur n'est jamais bien assuré sur son trône, car il peut être détrôné et remplacé par quiconque a su par ses vertus éminentes, par de longues pénitences, ou par des sacrifices réitérés, parvenir au plus haut degré de sainteté. Aussi ce dieu a-t-il soin d'envoyer quelqu'une des célestes bayadères aux illustres pénitents pour les séduire et leur faire perdre leurs mérites. Son trône cependant a été plusieurs fois usurpé; on cite même un infidèle, nommé Rayi, fils d'Ayous, qui devint roi du Swarga , et son frère Nahoucha fut appelé à ce trône vacant par l'absence d'Indra. (A. Bertrand). | |