| Le symbolisme mythologique des Grecs a exploité de deux façons différentes la chouette. Il a d'abord été introduit dans la légende d'Athéna à la faveur de l'épithète glaukôpis, qui, chez Homère déjà, désigne cette déesse, caractérisant la flamme perçante et claire de son regard. Il paraît probable en effet que le nom de la chouette, en grec glaux, s'explique lui-même par la notion générale de glaukos, c.-à-d. par la lueur glauque dont étincellent le ciel, la mer, le feuillage de l'olivier, et, dans l'ombre de la nuit, le regard d'une petite chouette (Athene noctua) très commune dans toute la Grèce, en particulier à Athènes, autour des rochers de l'Acropole. Un proverbe disait qu'il ne fallait pas porter de chouette dans cette ville. L'oiseau devient de très bonne heure d'attribut principal de la déesse et par suite l'expression symbolique de la cité athénienne; il figure notamment au revers des monnaies dont le droit porte la tête d'Athéna. Le temple de cette déesse sur l'Acropole et celui du promontoire de Sigée sont parfois appelés simplement Glaucopion, comme l'épithète Glaucopis prend la valeur d'un nom propre identique à Athéna. Sa signification, toute matérielle à l'origine, se plia aisément plus tard à des notions morales, l'idée d'éclat menant à celle de sainteté et aussi d'intelligence clairvoyante, d'énergie redoutable qui sont les caractères dominants de la personnalité d'Athéna. La chouette en tant qu'oiseau des ténèbres, ou plutôt le hibou (askalaphos, bubo), frappa l'imagination des Grecs d'une autre manière. On le personnifia dans un être sinistre, fils d'Achéron et d'Orphné, c.-à-d. de l'Obscurité, qui fut changé en hibou par Déméter ou par sa fille, Persephoné, qu'il avait vue manger une grenade dans le jardin de Hadès. Les représentations du monde infernal font une place à cet oiseau et la poésie latine lui donne l'épithète de feralis, funèbre. Dans certaines légendes populaires d'Allemagne et de Scandinavie, la chouette est considérée comme un esprit de la forêt (Holzweibl). L'usage de clouer aux portes des maisons et des granges les chouettes tuées, dont fait mention déjà Apulée (Métamorphoses, I, IV, p. 218), répond à cet ordre d'idées. Oiseaux funestes durant la vie, elles préservent par leur mort de la foudre et de la sorcellerie. (J.-A. H.). | |