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Ambapâli / Amra-skyong-ma

Ambapâlî (forme pâlie), en tibétain Amra-skyong-ma, « la protégée du manguier  », appelée aussi Amradârikâ (forme sanscrite) « la jeune fille du manguier », femme célèbre chez les bouddhistes. La légende d'Ambapâli présente, dans les divers récits plus au moins complets que nous en avons, certaines différences sur lesquelles il n'y a pas lieu d'insister. Voici les traits essentiels de cette biographie bouddhique : Ambapâlî naquit d'un arbre manguier aux environs de Vaisâli. Cette naissance merveilleuse (appartenatit à la classe de naissance appelée Opapâtika par les bouddhistes) s'explique par le passé du personnage. Dans une existence précédente, très ancienne, Ambapâlî, étant religieuse, avait, au cours d'une prome- nade faite avec plusieurs de ses collègues, accablé de ses invectives une des personnes présentes qui avait éternué, l'accusant de souiller le gazon et de manquer de respect à la compagnie Dans l'enfer où elle renaquit après sa mort, en punition de cette violence, elle fit le voeu d'obtenir une  naissance divine, merveilleuse (opapâtika). 

Après de nombreuses existences, où elle fut successivement mendiante,  et fille publique, elle vécut, au temps du bouddha Kâsyapa, prédécesseur de Sâkyamouni, dans une chasteté exemplaire; ce qui lui valut la renaissance dans le monde des dieux et conséquemment la naissance opapàtika qu 'elle avait souhaitée. On la trouva toute formée au pied d'un de ces manguiers qui abondaient dans la région de Vaisâli, au temps du bouddha Sâkyamouni. Elevée avec le plus grand soin, elle mena dans Vaisâli l'existence d'une courtisane. Sa beauté, son habileté dans la musique et la danse, lui acquirent une immense réputation et nue clientèle très nombreuse. Bien qu'elle ne se donnât que pour un prix très élevé, ou plutôt pour cela même, elle attira à Vaisâlî une foule d'étrangers de distinction et de gens riches; par là elle contribua puissamment à l'éclat et à la prospérité de la ville. L'un des plus marquants parmi ceux qui affluaient vers elle fut le roi de Magadha, Bimbisâra, qui même en eut un fils appelé Abhaya « sans peur », parce que, la première fois qu'il fut présenté à son père, il ne fut nullement intimidé. On ajoute que Abhaya fut déclaré par Bimbisâra prince royal, mais que, à la naissance de Adjâtasatrou, il s'effaça devant le fils légitime et renonça à son titre.

Lorsque le bouddha Sâkyamouni vint pour la première fois à Vaisâlî, les princes Litchavi lui préparèrent une magnifique réception; mais il leur préféra la courtisane, qui les avait devancés ou qui peut-être lui semblait plus digne de son intérêt. II accepta d'elle une invitation à dîner. Non contente de lui offrir un repas, Ambapâli lui fit don d'un parc qu'elle possédait à Vaisâlî et où vraisemblablement se trouvait l'arbre dont elle était née. Elle écouta avec soin les enseignements du bouddha, entra même dans sa confrérie et atteignit la degré d'Arhat; c.-à-d. qu'elle ne quitta la vie que pour entrer dans la Nirvâna. Avant de donner son parc au bouddha, elle y avait fait construire une tour ou maison à étages (Koutâgara) près d'un lac ou étang appelé Markatahrada (l'Étang du Singe). C'est là que résidait le plus ordinairement le bouddha lorsqu'il venait à Vaisâlî, notamment dans la cinquième année de sa carrière de prédicateur (la quarantième de sa vie) dont il passa la plus grande partie dans cette ville ou aux environs. Aussi dit-on presque toujours du bouddha se trouvant à Vaisâlî qu'il résidait « dans la maison à étages près de l'Étang du Singes ». Le Chinois Fa-hian qui passa par Vaisâlî vers 410 de notre ère vit le fameux parc : mais le pays dut éprouver des désas tres dans les années qui suivirent; car tout était dans la désolation lorsqu'un auutre voyageur chinois, Hiouen-Tsang, passa par les mêmes lieux au milieu du VIIe siècle. 

En 1862, AI. Cunningham, explorant les ruines de Besarh qu'il identifie avec l'ancienne Vaisâlî (en quoi Vivien de Saint-Martin était de son avis), crut retrouver l'emplacement du parc d'Amradârikâ (la même qu'Ambapâlî) non à Besarh même; - et de fait, ce parc était seulement à proximité de Vaisâlî -mais dans une localité voisine, celle de Bakhra. Une pièce d'eau, ayant 200 pieds (anglais) de l'Est à l'Ouest et 150 du Nord au Sud, et située au Sud du grand pilier qui constitue la partie la plus; importante des ruines de Bakhra, serait, selon lui, le Markatahrada « l'Etang du Singe ». Le savant explorateur alla jusqu'à émettre la conjecture, plus hasardée, que le terme Bakhra pourrait venir du mot sanskrit Vatch « parole »; si bien que le nom même de cette localité remonterait à la période bouddhique et rappellerait encore aujourd'hui que la voix de Sâkyamouni y retentissait il y a plus de deux mille ans. (L. Feer).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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