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Le mot lipogrammatique,
formé du grec leipô = je laisse, et gramma =
lettre, signifie : où il n'entre pas certaines lettres.
Pindare avait
fait, dit-on, une ode où n'entrait pas la lettre x
(Dzêta), et Lasos d'Hermione
une ode et une hymne
sans s.
On citait, au IIIe siècle de notre
ère, une Iliade
de Nestor de Laranda, dont le premier livre était sans a,
le second sans b,
etc. Une Odyssée
lipogrammatique fut également composée par Tryphiodore.
Un certain Gordianus Fulgentius composa
Sur les âges du monde et de l'homme un ouvrage latin en 23
chapitres, où manquait successivement une lettre de l'alphabet :
il nous en reste 14 chapitres.
Dans un recueil de pièces
espagnoles publié en 1709 par Isidore de Roblès, les
cinq premières rejettent chacune à leur tour une des cinq
voyelles. Orazio Fidele a publié à Turin,
en 1633, L'R sbandito sopra la potenza d'amore, poème de
1 000 vers, où la lettre r ne se trouve pas une seule fois. Coëffeteau
s'est ainsi donné beaucoup de mal pour éviter l'emploi de
car dans toute l'étendue d'un assez gros volume.
Quant à Gomberville,
il se vantait de n'avoir pas employé une seule fois cette conjonction
dans son roman de Polexandre, où elle s'était néanmoins,
à son insu, glissée en trois endroits.
Une réussite moins contestable est
la Disparition de Georges Perec, ouvrage
dans lequel ne figure pas une seule fois la lettre la plus employée
en français, le e... |
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