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Jean-Baptiste Rousseau est un poète français, né à Paris en 1670, mort dans un hameau près de Bruxelles en 1741. Il était fils d'un maître cordonnier qui lui fit donner une excellente éducation. Il entra jeune encore dans la carrière poétique, et, encouragé par Boileau qui reconnaissait en lui un, de ses meilleurs disciples, il ne désespéra pas de donner à la France son Horace ou son Pindare. - Jean-Baptiste Rousseau. Tableau de Nicolas de Largilière, 1710. Il suivit, comme secrétaire, le maréchal de Tallard à Londres. Revenu à Paris, comme tous ceux qui veulent arriver très vite à la gloire, Rousseau travailla pour le théâtre; il fit représenter en 1694 une comédie en un acte et en prose, le Café, puis une autre comédie en cinq actes et en vers, le Flatteur (1696), et finalement le Capricieux, comédie en cinq actes et en vers (1700). Le peu de succès de ces différentes pièces et de quelques autres encore avertit Rousseàu qu'il faisait fausse route; sans renoncer absolument au théâtre, car, en 1732, il envoyait encore aux comédiens français qui la refusèrent une pièce, intitulée les Aïeux chimériques, il se mit à composer des poésies lyriques et des épigrammes qui firent, grand bruit dans le monde des lettres. Mais il avait beaucoup d'orgueil, et il était d'un caractère vindicatif; il eut des ennemis auxquels il voulut tenir tête, et ce fut la cause de ses malheurs. Piron a terminé l'épitaphe qu'il a consacrée à « l'illustre et malheureux Rousseau » par ces deux vers célèbres : Il fut trente ans digne d'envie,C'est en effet vers 1700 que la guerre, une guerre implacable, éclata entre lui et des rimeurs de troisième ordre qu'il aurait dû mépriser. On l'accusa de rougir de sa naissance et de renier son bonhomme de père, et comme il avait décoché à ses adversaires des épigrammes que lui-même jugeait « un peu trop libres », on lui imputa. des couplets infâmes qui se colportaient dans les cafés de la capitale. Il répliqua en les attribuant à Saurin, membre de l'Académie des Sciences et l'un de ses ennemis. En En 1712, condamné comme diffamateur et banni à perpétuité de France par un arrêt du Parlement, il se réfugia en Suisse. Rousseau dut s'exiler, mais il ne cessa jamais de déclarer qu'il n'était pas l'auteur des couplets incriminés, et lorsqu'en 1716, le baron de Breteuil lui fit expédier des lettres de rappel, il les refusa et écrivit à son protecteur une lettre où se trouvent ces belles paroles : « J'aime bien la France, mais j'aime encore mieux mon honneur et la vérité [...]. Je préférerai toujours la condition d'être malheureux avec courage à celle d'être. heureux avec infamie... »Ne pouvant être réhabilité complètement, il resta sur la terre d'exil et y vécut encore vingt ans, estimé et aimé des plus grands personnages, tels que l'ambassadeur français, le comte du Luc, ou encore le prince Eugène et le duc d'Aremberg. En 1738, il fit à Paris, dans le plus strict incognito, un séjour de quelques mois, puis il revint à Bruxelles où il vit Voltaire, qui devint son ennemi; et d'où il entretint une correspondance suivie avec Brossette, Rollin, Louis Racine et quelques autres encore. Entre temps, il publiait de nouvelles éditions de ses oeuvres, et il passait même aux yeux de ses ennemis, même, quelque temps, aux yeux de Voltaire, pour un très grand poète. Nous avons peine aujourd'hui à comprendre que les Psaumes, les Odes, les Cantates, les Allégories et les Epîtres de Jean-Baptiste Rousseau aient pu exciter un pareil enthousiasme, et pourtant la gloire de ce « grand poète » - le mot est de Joseph Chénier - s'est maintenue jusqu'à la publication des Méditations de Lamartine. Au commencement du XIXe siècle, on déclarait encore ses odes « pleines d'idées, de tours, d'expressions, d'images dignes d'un rival de Pindare » : « Nous n'avons point, disait-on, de poète plus poète, que Rousseau, c.-à-d. qui ait porté à un si haut degré le talent de réunir dans une versification harmonieuse et pittoresque les charmes de la musique et de la peinture. Quelle richesse de rimes! quelle noblesse de pensées! quel feu! »Tel n'est plus à nos yeux Jean-Baptiste Rousseau; nous admirons son ingéniosité, son grand talent de versificateur et de styliste, mais nous le considérons, quand nous songeons à Pindare et même à Horace, comme un simple écolier, et même nous lui contestons le titre de véritable poète. (A. Gazier). -
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