| Rue des Vieilles-Étuves, à Paris. - Les maisons de bains ou estuves étaient, au Moyen âge, fort communes, et plusieurs rues en ont pris leur nom. Ce n'était pas un luxe inutile dans une ville aussi sale et aussi puante qu'était alors Paris. « Avant le XVIIe siècle, dit Sauval, on ne pouvait faire un pas sans en trouver. » Les barbiers estuvistes allaient crier dans les rues : Seignor, quar vous allez baingner Et estuver sans deslayer, Li bains sont chaus, c'est sans mentir. Sous Louis XIII et Louis XIV, les estuves devinrent des maisons d'un genre particulier et qui étaient tout à la fois des hôtels garnis, des restaurants, des lieux de plaisir et de rendez-vous galants. Les baigneurs (ainsi appelait-on les maîtres de ces établissements, qui avaient privilège du roi) étaient des hommes experts dans tous les secrets de la toilette, coiffeurs, parfumeurs, tailleurs, entremetteurs de débauches, agents d'intrigues, confidents de tous les gens de plaisir, de toutes les femmes galantes. On allait passer quelques jours chez le baigneur pour raison de santé, au retour d'une campagne ou d'un voyage; on y allait pour disparaître un instant du monde, pour échapper à la curiosité de ses amis ou à la poursuite de ses ennemis; on y allait pour y trouver des femmes de cour déguisées et masquées ou des bourgeoises séduites et achetées; on y allait pour faire des parties de vin, de jeu et de débauche. Louis XIV lui-même, dans sa jeunesse, allait souvent coucher chez le baigneur Lavienne, qui devint son valet de chambre. (Th. Lavallée). | |