| Rue Marie-Stuart, à Paris. - Cette rue du IIe'arrondissement relie la rue Montorgueil à la rue Dussoubs, à partir de laquelle elle est prolongée par le Passage du Grand-Cerf. Des titres de 1390 prouvent que cette rue était alors complètement bâtie. Des filles publiques qui l'habitaient, lui firent donner le nom de rue Tire-V.... Ensuite, et jusqu'en 1809, elle s'est appelée rue Tireboudin, et voici sur ce nom ce que raconte Saint-Foix : « Marie Stuart, dit-il, passa dans cette rue, en demanda le nom; il n'était pas honnête à prononcer; on en changea la dernière syllabe, et ce changement a subsisté. » Les habitants de la rue Tireboudin, au bout de deux siècles et demi, ne furent pas satisfaits de ce nom, ils demandèrent à le changer et à donner à leur rue celui de Grand-Cerf, qui était le nom d'un hôtel voisin (aujourd'hui transformé en passage). C'était en 1809; le ministre de l'intérieur par intérim, Fouché, accéda à la demande; mais la délicatesse et le bon goût du duc d'Otrante furent blessés du nom proposé, et il répondit : « Il me semble que le nom de Grand-Cerf, qu'ils proposent de substituer à l'ancien, a quelque chose d'ignoble : cela rappelle plutôt l'enseigne d'une auberge que le nom d'une rue. Je pense qu'il est convenable de lui donner le nom de la princesse à qui la rue Tireboudin doit son premier changement. Le nom de Marie Stuart rappellera une anecdote citée dans tous les itinéraires de Paris. » Et ainsi fut-il fait. Tout cela est digne du purisme littéraire de l'Empire, digne du personnage qui nous en a laissé ce curieux échantillon; malheureusement, l'anecdote de Saint-Foix est un conte fait à plaisir; et si l'ancien oratorien, devenu duc impérial, avait consulté les archives municipales et le censier de l'évêché, il aurait vu que, cent quarante ans avant que Marie Stuart vînt en France, c'est-à-dire en 1419, la rue Tireboudin portait ce nom; que, en 1423, dans le compte des confiscations faites par les Anglais, elle le porte encore; et que, si elle en a porté un autre, ce qui est vrai, elle ne doit pas ce changement à la belle reine d'Écosse. (Th. Lavallée). | |