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Paris : XIXe arrondissement Les Buttes-Chaumont |
A proprement parler, le XIXe arrondissement c'est La Villette, et l'administration municipale fut bien mal avisée, en 1859, de constituer comme elle le fit les deux derniers arrondissements du Paris de 1800. Elle devait former le XIXe par les deux communes de La Chapelle et de La Villette; le XXe par celles de Belleville et de Charonne. Or, elle a coupé en deux, au mépris de tout souvenir historique, le territoire de Belleville, plaçant son église dans un arrondissement, sa mairie et son cimetière dans l'autre. Il y avait pourtant alors des hommes bien informés de l'histoire du nouveau Paris, et qui eussent été de bon conseil; mais à quoi bon récriminer, surtout lorsqu'il s'agit de régions comme celles-ci, dont le territoire administratif ne sera probablement pas modifié d'ici longtemps? Pour se représenter les limites de La Villette et de Belleville quand ces deux localités jouissaient de leur autonomie, il faut figurer une ligne qui, partant de l'intersection du boulevard de La Villette et de la rue de Meaux, suivrait l'axe de cette rue jusqu'à la rue Secrétan, puis l'axe de celle-ci jusqu'aux Buttes-Chaumont, couperait le parc pour atteindre l'axe de la rue d'Hautpoul et de la rue des Carières-d'Amérique iusqu'au Périphérique. Du côté de La Chapelle, la limite de La Villette a toujours été formée par la rue d'Aubervilliers, jadis chemin des Vertus. Le XIXe arrondissement, dit des Buttes-Chaumont, a une superficie de 566 hectares. Seuls, les XIIe, XIIIe, XVe et XVIe arrondissements ont un territoire plus vaste que le sien. Dans la seconde moitié du XIIe siècle, la léproserie de Saint-Lazare, fondée au commencement du même siècle, possédait un important canton de vignes dans cette région; le groupe de vignerons qui y vivaient constitua un petit village, une villette. Le nom lui en resta dans les documents et dans le langage; jusqu'à la Révolution, on disait La Villette-Saint-Lazare. La récolte de la vigne implique un pressoir; celui de Saint-Lazare est souvent mentionné par des textes précis qui permettent de fixer son emplacement rue de Nantes, alors rue Saint-Jacques, ainsi nommée parce que l'église paroissiale qui fut fondée au XIVe siècle était sous le vocable de Saint-Jacques-et-Saint-Christophe. Cette église occupait l'angle de la rue Saint-Jacques et du grand chemin du Bourget, aujourd'hui rue de Flandre. Au XVIIe siècle - en 1646, pour préciser - une abbaye de femmes vint s'établir à La Villette, l'abbaye de Sainte-Périne, fondée à Compiègne au XIIIe siècle (Émile de La Bédollière, ordinairement mieux informé, a cru qu'elle datait, à La Villette même, du XIVe siècle). Elle y demeura quatre-vingt-seize ans, après quoi elle fut transférée à Chaillot. Nous avons dit plus haut par suite de quelles vicissitudes, transportant toujours son vocable avec elle, elle est devenue une maison de retraite à Auteuil. Son emplacement, à La Villette, était celui des trois maisons 61-65 de la rue de Flandre, avec retour d'équerre sur la rue Riquet. Pendant les deux années terribles, 1814 et 1815, de l'invasion étrangère, La Villette et Belleville souffrirent beaucoup, mais se comportèrent héroïquement dans la résistance que Paris opposa à ses envahisseurs. Dans le courant du XIXe siècle, plusieurs circonstances ont contribué à donner à La Villette une énorme activité industrielle : d'abord le percement des trois canaux, puis l'ouverture du chemin de fer de l'Est, enfin la translation qui a été effectuée dans cette région du marché de Sceaux deux fois séculaire et la création du plus important des abattoirs parisiens. Tout cela n'aurait pas suffi à faire de l'arrondissement un lieu de délices si, par une heureuse compensation, le second Empire ne lui avait accordé une promenade charmante en transformant en parc les carrières par trop sauvages des Buttes-Chaumont. Et la troisième République, à son tour, l'a doté de larges voies, d'établissements municipaux et scolaires confortables, de moyens de transports aisés et abondants. Pour en finir avec les généralités, disons encore qu'en 1859, La Villette fut une des rares communes qui ne considérèrent pas comme un bienfait leur annexion à Paris. Quartier du Pont-de-Flandre. Au début du XXe siècle, le quartier a reçu le nom du pont-viaduc sur lequel passait la ligne de Ceinture et de la station qui desservait la rue de Flandre. Il aurait tout aussi bien pu s'appeler le quartier des Abattoirs ou du Marché aux bestiaux, car ces deux établissements en occupaient la moitié. C'est en 1859 que leur construction fut décidée. Le canal de l'Ourcq et le canal Saint-Denis, plusieurs lignes de chemin de fer, la proximité des barrières fournissaient toutes les commodités désirables. Les abattoirs s'élevèrent sur l'emplacement des anciens lieux-dits Grimprel et le Bon-Jour; le marché, sur celui de Rouvray. Huit années furent nécessaires à leur édification; en 1867, on les inaugura sans grande solennité. De nos jours, l'emplacement des ancies Abattoirs et du Marché aux bestiaux est occupé par le Parc de la Villette, avec ses divers établissemnts (Cité des Sciences et de l'Industrie, Grande Halle, Zénith, Cité de la Musique, etc). Quartier du Combat. « On vient de me dénoncer, messieurs, un spectacle déchirant qui se donne à Belleville à certains jours de l'année, et où l'on fait périr un taureau dans les tourments les plus cruels. Je ne doute pas que la lecture de cette lettre, dont copie est ci-jointe, ne vous détermine à prendre des mesures pour que ce spectacle n'ait plus lieu. »Si cette injonction fut obéie, ce ne fut que pour un temps. Le Conducteur des étrangers à Paris, à la date de 1815, signale le « combat des animaux » en le réprouvant, il est vrai. D'autre part, le conseil municipal de Belleville avait, par délibération du 1er février 1840, autorisé le bureau de bienfaisance de la commune à percevoir un droit pour les pauvres. Une nouvelle délibération du 23 mai 1853, en nous apprenant que le spectacle du Combat avait été définitivement aboli, témoigne d'un état d'esprit du conseil tout autre que celui dont il faisait preuve en 1840, car elle il, pour objet de demander le changement du nom de la barrière du Combat, qui rappelle « un spectacle sanguinaire qui avait lieu audit, endroit, lequel n'est plus ni dans nos moeurs ni dans les idées actuelles de l'état social français ». Voilà qui est bien dit : la dénomination n'en demeura pas moins en vigueur jusqu'à 1860, date de la suppression des barrières. On peut encore citer dans ce quartier le lycée Henri-Bergson, construit dans un secteur notablement remanié au XXe siècle, les églises Saint-Georges, Saint-Pierre et Saint-Serge, La Villette. Quartier de l'Amérique. Les églises de Saint-Jean-Baptiste et de Saint-François d'Assises, ainsi que la Place des Fêtes sont dans ce quartier. (F. Bournon). |
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