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Les noms de tarascan,
tarasque
ou purépecha sont donnés à une langue isolée, parlée dans le
Michoacan (Mexique), ainsi que de certaines parties des États voisins
du Jalisco et du Guanajuato. Le purépecha reste parlé par un nombre significatif
de locuteurs (environ une centaine de milliers), bien que la pression de
la langue espagnole et d'autres facteurs ait affecté sa vitalité au fil
du temps.
La purépecha est
considéré comme une des langues les plus harmonieuses et les plus sonores
de l'Amérique. Elle manquent des sons f et l, ne commence jamais un mot
par les lettres b, d, g, i, r, et emploie souvent, dans le corps
des mots, un s euphonique.
Le purépecha a
un système vocalique simple, avec cinq voyelles de base : /a/, /e/, /i/,
/o/, /u/. Ces voyelles peuvent également être longues, bien que la longueur
vocalique ne soit pas phonémique dans toutes les positions. Le purépecha
possède un inventaire de consonnes relativement riche. Il existe plusieurs
séries de consonnes : occlusives, fricatives, affriquées et nasales.
Certaines consonnes peuvent être prononcées avec une aspiration, bien
que cela puisse varier selon les dialectes. Le purépecha est une langue
tonale (le ton peut distinguer le sens des mots). Il existe plusieurs tons,
généralement classés en cinq à sept tons dans les descriptions linguistiques.
L'accent tonique en purépecha peut varier en fonction du dialecte et du
contexte. Dans certains dialectes, l'accent tonique peut être fixe sur
la première syllabe des mots, tandis que dans d'autres, il peut être
mobile. Les mots purépecha suivent généralement une structure syllabique
simple, avec une prédominance de syllabes ouvertes (CV).
C'est une langue
agglutinante.Par exemple, les affixes peuvent être utilisés pour indiquer
la personne, le nombre, le temps, le mode et d'autres caractéristiques
grammaticales. Le système verbal possède de nombreux temps, modes et
aspects. Les verbes peuvent être conjugués pour indiquer le sujet, l'objet,
le temps, l'aspect, le mode, etc. Les verbes peuvent également être déclinés
pour indiquer la direction ou la manière d'une action. Les voix des verbes
se forment par l'intercalation de particules dans leur radical.
Le purépecha est
une langue ergative-absolutive, ce qui signifie que le marquage de cas
diffère selon que le sujet est agentif ou non-agentif. En d'autres termes,
le sujet d'un verbe transitif est marqué différemment du sujet d'un verbe
intransitif ou d'un objet. La syntaxe est relativement flexible, mais généralement
l'ordre des mots est sujet-verbe-objet (SVO). Cependant, en fonction du
contexte et de l'importance grammaticale, l'ordre des mots peut varier.
Les pronoms personnels
sont généralement utilisés pour marquer le sujet, l'objet et la possession.
Le purépecha utilise un système de classe nominale, où les noms sont
classés en différentes catégories morphologiques. Ces classes nominales
peuvent affecter la façon dont les verbes et les autres mots fonctionnent
en relation avec les noms.
Histoire du purépecha.
Avant l'arrivée
des Espagnols au Mexique, les Tarasques formaient un puissant empire dans
la région de Michoacán. À cette époque, le purépecha était la langue
de l'administration, de la religion, de la poésie et du commerce dans
cet empire. Les Tarasques ont développé une écriture glyphique unique
pour enregistrer leur langue, bien que celle-ci ait été largement perdue
avec l'arrivée des conquistadors espagnols.
Après la conquête
espagnole, au XVIe siècle, la langue purépecha
a décliné, alors que le nahuatl et l'espagnol devenaient plus prédominants
dans la région. Mais les missionnaires espagnols ont également contribué
à l'effort d'évangélisation en traduisant des textes religieux en purépecha.
Pendant la période coloniale, le purépecha a continué à être parlé
par les populations autochtones de Michoacán, bien que son statut ait
été progressivement marginalisé par l'espagnol, qui est devenu la langue
officielle de la colonie.
Malgré les pressions
exercées par la colonisation et la modernisation, le purépecha a survécu
en tant que langue parlée par de nombreux locuteurs. Des efforts ont été
déployés pour revitaliser la langue et promouvoir son utilisation dans
les écoles et les médias. Aujourd'hui, le purépecha est reconnu comme
une langue indigène du Mexique et fait l'objet de mesures de protection
et de promotion de la part du gouvernement mexicain et d'organisations
de défense des droits des peuples autochtones.
La littérature
purépecha.
La littérature
purépecha est riche d'un corpus de textes qui reflètent l'histoire,
la culture et les traditions du peuple tarasque. Bien que la plupart des
oeuvres de la littérature tarasque aient été transmises oralement pendant
des siècles, certaines ont également été préservées par écrit après
l'arrivée des Espagnols au Mexique.
La poésie occupe
une place centrale dans la tradition littéraire tarasque. Les poèmes
étaient souvent récités lors de cérémonies religieuses, de fêtes
communautaires ou d'événements spéciaux. Ces poèmes, souvent rythmés
et riches en métaphores, traitent de thèmes tels que l'amour, la nature,
la religion et l'histoire du peuple tarasque. Les cantares ( = chants)
occupent également une place importante. Ils sont souvent accompagnés
d'instruments de musique traditionnels et peuvent être utilisés pour
raconter des histoires, célébrer des événements ou exprimer des émotions.
Certains cantares sont des compositions poétiques complexes, tandis
que d'autres sont des chansons populaires plus simples.
Xarátari
( = Le chant de la pluie) est un poème traditionnel tarasque qui célèbre
l'arrivée de la pluie et son importance vitale pour la fertilité des
terres agricoles. Il est souvent récité lors de cérémonies rituelles
pour invoquer les divinités de la pluie et demander des précipitations
abondantes.
Cantares y poesÃas en lengua tarasca ( = Cantares et poèmes en
langue tarasque) est un recueil qui rassemble une sélection de poèmes
et de chants traditionnels du peuple tarasque.
La littérature tarasque
regorge de mythes et de légendes. Ces récits mythologiques expliquent
l'origine du monde, des divinités et des héros culturels, ainsi que des
événements historiques importants. Ils servent également à transmettre
des enseignements moraux et des valeurs culturelles.
MitologÃa
purépecha ( = Mythologie purépecha) présente une collection
de mythes et de légendes traditionnels du peuple tarasque. Il explore
l'origine du monde, des dieux et des héros culturels, ainsi que des récits
historiques et mythologiques spécifiques à la région de Michoacán.
Historias
de Abuela ( = Histoires de Grand-Mère) est un recueil de contes et
de récits populaires transmis de génération en génération au sein
de la communauté tarasque. Ces histoires abordent des thème, allant
des exploits des héros mythologiques aux leçons de vie et aux valeurs
culturelles.
Les traditions théâtrales
et rituelles jouent également un rôle dans la littérature tarasque.
Les représentations théâtrales, les danses et les rituels religieux
peuvent comporter des éléments narratifs et poétiques.
Romeo
y YÃvaro ( = Roméo et Juliette) est une adaptation en tarasque
de la célèbre tragédie de William Shakespeare. Cette oeuvre théâtrale
met en scène une histoire d'amour tragique entre deux jeunes de familles
rivales, avec des éléments de la culture et des traditions tarasques
intégrés à l'intrigue.
Bien que la plupart
de la littérature tarasque soit ancienne, il existe également des auteurs
contemporains qui écrivent dans cette langue.
(Angelo
Sierra, Dictionnaire tarasque, Mexico, 1697; Mathurin Gilbert, Grammaire
de la langue tarasque; Diego Basalenque, Grammaire tarasque,
publiée par Nicolas de Quixas, Mexico, 1714). (B.).
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