| Le dauphinois est un dialecte du franco-provençal ou arpitan, langue italique dans laquelle on rencontre également les dialectes savoyard, romand, lyonnais et neuchatelais. Champollion-Figeac considérait ce dialecte comme un reste de la langue que parlaient les Allobroges avant la conquête romaine. Il est certain que, du côté des montagnes, on trouve encore beaucoup d'expressions ou de tournures qui dérivent évidemment du celtique. Mais le mélange du latin avec l'idiome primitif a été considérable dans les parties basses du Dauphiné, sur la rive gauche de l'Isère; en sorte que ce dialecte comme les autre variétés francoèprovençales, est clairement une langue néo-latine, intermédiaire d'une certaine façon entre les langues d'oc et les langues d'oïl. L'influence des relations romaines a été telle, que, dans les campagnes, les habitants se servent encore entre aux des chiffres romains pour leurs comptes, tandis qu'on ne connaît que les chiffres arabes dans les villes. Le dauphinois a de la grâce et de l'harmonie; son vocabulaire est riche en expressions pittoresques et imitatives; ses vers rendent avec beaucoup de charme les scènes pastorales et naïves. Il possède plusieurs variétés qui diffèrent entre elles par l'accentuation : dans la Drôme, la prononciation se rapproche beaucoup de celle du provençal, et la fusion est même complète sur les confins de la Vaucluse; elle y est incisive, brève, rapide, musicale. En remontant à l'Est et surtout au Nord, la langue perd de sa vivacité et de son harmonie, et prend des aspirations dures, un ton languissant : en Isère, la prononciation est lourde, monotone et décolorée. Dans les Hautes-Alpes les dialectes se confondent au Sud avec le provençal, s'allient à l'Est à l'italien et empruntent vers le Nord des idiotismes germaniques à la Suisse et à la Savoie. Plusieurs Troubadours ont fait vivre la langue dauphinoise, la comtesse de Die ou de Marsanne, Ugier ou Ogier de Vienne (fin du XIIe siècle), Folquet de Romans, Guillaume Magret, Raymond Jordan, Albert de Sisteron, Nabierris ou Bierris de Romans, femme poète, etc. Quand les rois de France furent devenus maîtres du Dauphiné, la langue d'oil s'imposa aux classes élevées et aux habitants des villes; mais l'idiome dauphinois continua d'être parlé dans les classes pauvres et rustiques. Un Recueil de poésies en langue de Grenoble fut publié en 1662. Dans le même siècle parut un poète dauphinois, J. Millet, auteur de la Pastorale et tragi-comédie de Janin dont le sujet est emprunté aux aventures de la Lhauda (Claudine Mignot), paysanne des environs, de Grenoble qui épousa tour à tour le maréchal de L'Hôpital et Casimir, roi de Pologne; de la Pastorale de la constance, de Philin et Margoton ; et de la Bourgeoise de Grenoble, comédie en 5 actes et en vers. Plus près de nous, Blanc, dit Lagoutte, a composé Grenoblo malherou. (B. A. G.). | |