| Chrysographie. - Ce nom, qui signifie littéralement écriture en or, s'est appliqué dès l'Antiquité à divers procédés dont. la ressemblance était d'imiter les effets de la peinture ou de l'écriture sur une surface unie. Les ouvriers dont la spécialité consistait en ce genre oeuvres de chrysographie des travaux d'incrustation en or, sur métal, analogues à ceux qui ont fait donner plus tard aux ouvrages de Damas le nom de damasquinures. On a également appliqué le nom de chrysographie à des ornements en or brodés ou introduits dans la trame des tissus. Mais c'est surtout l'écriture en or sur parchemin qui a été désignée sous le nom de chrysographie. De nombreux témoignages de l'Antiquité prouvent que l'usage d'écrire en lettres d'or des livres de luxe, souvent consacrés à quelque divinité et conservés dans les temples, remonte à une haute antiquité. Ordinairement, le parchemin sur lequel on écrivait de la sorte avait été préalablement teint en pourpre. A partir de Constantin, l'écriture en or fut réservée aux copies de la Bible. L'un des plus anciens spécimens qui se soient conservés est un psautier, ms. lat. 11947 de la Bibliothèque nationale, qui peut remonter au VIe siècle; les titres et certains mots, tels que Deus, Christus, etc., sont en lettres d'or. La chrysographie fut surtout en honneur à l'époque carolingienne, où l'on imita tout ce qui se faisait dans la capitale de l'empire byzantin. On date de la fin du VIIIe ou du commencement du IXe siècle deux évangéliaires en capitales d'or sur parchemin pourpré (mss. lat. 9383 et 11955 de la Bibliothèque nationale), et un recueil des épîtres et évangiles des messes en lettres d'argent avec les initiales et les titres en or (ms. lat. 9451 de la Bibl. nat.). L'un des plus célèbres de ces livres est l'évangéliaire écrit vers 781 ou 782 par Godescalc, dans l'atelier de calligraphie placé par Charlemagne sous la direction d'Alcuin. Le texte est en onciales d'or avec initiales d'argent, sur parchemin pourpré (Bibl. nat., ms. nouv. acq. lat. 1993). Parfois, on écrivait en caractères d'or sur vélin blanc; il en est ainsi, par exemple, du psautier de Charles le Chauve, écrit entre 842 et 869, dont les titres seuls sont écrits sur des bandes teintées en pourpre (Bibl. nat., man. lat. 8850), et de l'évangéliaire d'Ebbon, archevêque de Reims, conservé à la bibliothèque d'Epernay. L'usage d'écrire avec des caractères d'or des ouvrages entiers ne survécut guère à l'époque carolingienne; on cite comme l'un des derniers spécimens des manuscrits de celte espèce un évangéliaire exécuté entre 1002 et 1014 (Bibl. nat., ms. lat. 8851). L'or ne fut plus employé depuis, et sauf de rares exceptions, que dans les initiales, les ornements, les lettres ornées et les miniatures, mais ce n'est plus là de la chrysographie. On écrivit aussi parfois avec des lettres d'or certains actes exceptionnellement solennels; on en cite des rois des Lombards, des empereurs d'Allemagne et des rois d'Angleterre; comme les manuscrits en lettres d'or, les documents sont généralement en parchemin teint en pourpre. Les plus anciens sont du VIIIe siècle et les plus récents du XIIe. A la différence des initiales et des ornements d'or de l'époque postérieure, qui sont dessinés au pinceau, ou exécutés avec des feuilles d'or, les lettres d'or des manuscrits étaient tracées avec de l'encre d'or, au calame ou à la plume. On n'a pas de renseignement remontant à l'Antiquité sur la technique de l'écriture d'or; mais le Moyen âge grec et latin nous a laissé de nombreuses recettes de chrysographie; les plus anciennes sont du VIIIe siècle. C'est toujours de l'or moulu, broyé avec du mercure, qui compose l'encre, dont on se sert en trempant préalablement le calame dans une solution de natron. Les caractères étaient ensuite soigneusement brossés à la dent de loup. Lorsqu'on écrivait en or sur du vélin blanc, on traçait préalablement les lettres au cinabre ou en toute autre couleur rouge. (A. G.). | |