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William
Butler
Yeats est un poète de langue anglaise.
Il est né le 13 juin 1865 à Sandymount, près de Dublin (Irlande) et
mort le le 28 janvier 1939 Ã Menton (Alpes-Maritimes).
Sa vie, tout comme son oeuvre, est marquée par une profonde réflexion
sur l'identité, la mythologie, la politique et le mysticisme. Yeats est
une figure centrale du Renouveau littéraire irlandais, un mouvement visant
à revivifier la culture et la littérature irlandaises, dans le but de
souligner l'identité distincte de l'Irlande
vis-Ã -vis de l'Angleterre.
Yeats est issu d'une
famille anglo-irlandaise protestante. Son père, John Butler Yeats, est
un portraitiste reconnu, et sa mère, Susan Pollexfen, vient d'une famille
de commerçants aisés de Sligo. Son père le pousse à embrasser la littérature
et la philosophie. Après avoir passé une partie de son enfance à Londres,
il retourne en Irlande pour étudier à la Metropolitan School of Art Ã
Dublin.
C'est là qu'il commence à s'intéresser à la poésie, ainsi qu'aux mythes
et aux légendes celtiques.
Dans les années
1880, Yeats est fortement influencé par le mouvement préraphaélite
et par des écrivains comme Percy Bysshe Shelley et William Blake. Il s'intéresse
également au folklore et au mysticisme irlandais. Ses premières oeuvres
reflètent cette fascination pour le surnaturel et les légendes irlandaises,
comme dans The Wanderings of Oisin and Other Poems (1889), où il
fait revivre le monde des héros celtiques. En 1904, avec d'autres artistes
et écrivains, il contribue à la création de l'Abbey Theatre, qui devient
le centre du théâtre national irlandais. Il collabore étroitement avec
des dramaturges comme Lady Gregory et John Millington Synge.
La vie de Yeats est
intimement liée à la lutte pour l'indépendance de l'Irlande, bien qu'il
ne soit pas un militant radical. Son amour non partagé pour Maud Gonne,
une militante nationaliste, le pousse à s'investir davantage dans la cause
irlandaise. Ainsi Yeats, qui est au départ un poète romantique, évolue
vers des oeuvres plus politiques, comme dans son célèbre poème Easter,
1916, qui commémore le soulèvement de Pâques contre la domination britannique.
Le poète amontre aussi un intérêt constant pour l'ésotérisme, la mystique
et l'occultisme. Il est membre de la Hermetic Order of the Golden Dawn,
une société secrète'
occultiste.
Ces influences se retrouvent dans sa poésie tardive, où il aborde des
thèmes mystiques et visionnaires, notamment dans des oeuvres comme A
Vision (1925), où il élabore une théorie cyclique de l'histoire
et du destin humain. Ses oeuvres de maturité sont marquées par une profonde
réflexion sur la vieillesse, la mort et le mystère de l'existence. Parmi
ses textes les plus célèbres, on trouve :
+ The
Tower (1928) est l'un des recueils les plus célèbres de Yeats et
marque une période de maturité artistique. Il s'agit d'une oeuvre dense
où le poète allie sa maîtrise technique à une profondeur émotionnelle,
et où il interroge les grandes questions existentielles de la condition
humaine.Le titre fait référence à la Tour de Thoor Ballylee, une ancienne
tour normande que Yeats a achetée et rénovée, et qui devient un symbole
récurrent dans sa poésie, représentant à la fois un refuge personnel
et un lieu de réflexion. Le recueil se distingue par une forte méditation
sur le vieillissement, la mortalité et le passage du temps. Yeats, alors
dans la soixantaine, réfléchit sur la finitude de la vie. Ce thème est
présent dans des poèmes tels que : Sailing to Byzantium, où Yeats
évoque le désir de transcender le corps vieillissant et de s'élever
vers une forme d'immortalité spirituelle à travers l'art et la sagesse;
The
Tower, le poème éponyme, où Yeats dépeint la solitude et les souvenirs
qui hantent le poète dans sa tour; Among School Children, Yeats
réfléchit à son propre vieillissement, à l'influence du passé, et
à la séparation entre le rêve idéaliste de la jeunesse et la réalité
de l'âge adulte.
+ The Winding
Stair and Other Poems (1933) poursuit les réflexions entamées dans
The
Tower. The Winding Stair, ou L'escalier en colimaçon,
est une autre image issue de la tour de Thoor Ballylee. Il symbolise pour
Yeats le cheminement difficile et ascendant de la vie, avec ses luttes
intellectuelles et spirituelles. L'escalier peut également représenter
l'ascension de l'âme vers un état supérieur de conscience, mais aussi
être le symbole l'inéluctabilité de la déchéance physique. Les poèmes
de ce recueil continuent de parcourir des thèmes similaires : la vieillesse,
la sagesse, la perte, et le mysticisme. Parmi les poèmes notables : A
Dialogue of Self and Soul, un dialogue philosophique entre le
« Moi » terrestre, qui désire rester attaché aux plaisirs et aux douleurs
de la vie, et l'âme, qui aspire à la transcendance spirituelle. Byzantium,
vu comme une suite de Sailing to Byzantium, renforce l'idée d'une
ville symbolique où l'art et la spiritualité sont éternels et immuables.
+ The Second Coming
(1920) est l'un des poèmes les plus célèbres de Yeats et est interprété
comme une réflexion sombre sur le chaos et les bouleversements du monde
après la Première Guerre mondiale et
au début des années 1920, une période marquée par l'incertitude et
la violence. Le poème commence par des vers désormais célèbres :
Turning
and turning in the widening gyre
The falcon cannot
hear the falconer;
Things fall apart;
the centre cannot hold;
Mere anarchy is
loosed upon the world...
Dans The Second Coming,
Yeats utilise l'image d'une spirale ou d'un "gyre" pour représenter les
cycles historiques et spirituels de l'humanité. Selon lui, la civilisation
occidentale est en déclin et une nouvelle ère, marquée par le chaos
et la violence, est sur le point de naître. Le titre fait référence
à la seconde venue du Christ, mais ici, Yeats semble plutôt envisager
une nouvelle incarnation ou un avatar plus terrifiant : un « sphinx »
ou une créature effrayante, née du chaos. Il écrit dans les dernières
lignes :
And what
rough beast, its hour come round at last,
Slouches towards
Bethlehem to be born?
Ce poème incarne l'idée
que chaque cycle de civilisation finit par s'effondrer avant qu'un nouveau
ne prenne sa place, mais avec une vision particulièrement pessimiste de
ce renouveau.
En 1923, Yeats reçoit
le prix Nobel de littérature pour « son œuvre toujours inspirée, qui
dans une forme hautement artistique donne expression à l'esprit d'une
nation entière. » Il est ainsi le premier Irlandais à recevoir cette
distinction. Dans les dernières années de sa vie, Yeats continue à écrire
tout en s'impliquant dans la vie politique irlandaise. Il est sénateur
de l'État libre d'Irlande de 1922 à 1928 et participe activement aux
débats sur la culture et l'éducation dans son pays. Il meurt len 1939
en France, mais son corps est plus tard rapatrié en Irlande et enterré
à Drumcliff, dans le comté de Sligo, une région qu'il chérissait particulièrement.
Sur sa tombe, on peut lire une citation de l'un de ses poèmes : "Cast
a cold eye on life, on death. Horseman, pass by!". |
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