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Sociétés secrètes
Sociétés initiatiques, confréries
Une société secrète une société initiatique ou une confrérie est une organisation dont les activités, les membres, et/ou les objectifs sont en partie ou totalement cachés au public, et quis se caractérise par des rites d'initiation, des symboles distinctifs et des règles de confidentialité. Ces groupes peuvent exister pour diverses raisons : politique, philosophique, religieuse, criminelle, ou encore sociale. Ils partagent généralement des rituels, des symboles et un code de conduite spécifiques, et cherchent parfois à exercer une influence plus ou moins visible. Ces groupes se retrouvent dans de nombreuses cultures, mais leurs caractéristiques diffèrent considérablement selon les contextes. 

Typologie.
Dans cette page consacrée essentiellement aux sociétés secrètes, on a rangé aussi les sociétés initiatiques et les confréries. Ces trois types de groupes sociaux offrent des chemins d'appartenance distincts, mais ont en commun d'être tous fondés sur le secret, l'initiation graduelle ou la fraternité ouverte. Le secret peut aller de la clandestinité stricte à la simple discrétions. L'initiation, qui s'accompagne toujours de l'apprentissage de codes et de symboles, peut se faire à travers une succession d'épreuves ou se réduire à un simple parcours cérémoniel. Quant à la fraternité, elle peut couvrir un large spectre d'obligations mutuelles et d'expressions de solidarité entre les membres. Au final, ce qui fera ranger une société particulière dans un type ou un autre c'est l'importance relative qu'elle donne à l'un ou l'autre de ces trois ingrédients. D'autres distinctions pourront être faites si l'on considère les objectifs, les méthodes et les structures de chacun des groupes. 

Sociétés secrètes.
Les sociétés secrètes proprement dites sont des groupes organisés qui cherchent à maintenir un haut degré de confidentialité quant à leur existence, leurs membres, leurs objectifs, et leurs activités. La plupart de ces groupes existent dans le but de défendre une idéologie ou de maintenir des connaissances spécifiques au sein d'un cercle restreint. Voici quelques sous-catégories :

 â€¢ Les sociétés secrètes spirituelles et mystiques sont caractérisées par des rituels symboliques, des cérémonies secrètes et la transmission de savoir caché. Elles visent des objectifs mystiques ou ésotériques, cherchent à accéder à des niveaux de conscience élevés et à protéger et transmettre des enseignements spirituels. Exemples : Rose-Croix, Ordre de la Golden Dawn.

• Les sociétés secrètes politiques usent d'une planification clandestine, de codes de reconnaissance, de réseaux d'influence et d'actions subversives. Leur but est de résister à des régimes oppressifs, influencer des changements politiques ou sociaux, ou organiser des révolutions. Exemples : Carbonari (Italie), Sociétés révolutionnaires (XIXe siècle en Europe).

• Les sociétés secrètes criminelles sont caractérisées par une organisation hiérarchisée, un code d'honneur strict, de rituels de fidélité et de silence (omertà), des sanctions violentes contre la trahison. Elles visent à oObtenir le pouvoir et la richesse par des activités illégales, contrôler des territoires et des réseaux de trafics. Exemples : Mafia sicilienne, Triades chinoises.

Sociétés initiatiques.
Les sociétés initiatiques sont des groupes qui fonctionnent par des processus d'initiation à plusieurs niveaux. L'accès aux connaissances et aux rituels du groupe est progressif, les membres passant par différentes étapes d'apprentissage ou de purification. Les sociétés initiatiques sont généralement axées sur la transformation intérieure de leurs membres, qu'elle soit intellectuelle, morale ou spirituelle.
• Les ordres religieux initiatiques se caractérisent par des voies de développement intérieur, des méditations, desenseignements secrets, de prières et diverses formes d'ascétisme. L'objectif est de renforcer la dévotion religieuse, purifier l'âme, suivre un chemin spirituel de progression vers une union avec le divin. Exemples : Franciscains, Bénédictins (au sein du christianisme), Soufis (dans l'islam).

ʉۢ Les ordres philosophiques et mystiques sont caract̩ris̩s par des initiations graduelles, des loges ou temples de r̩union, des symboles complexes (compas, ̩querre, etc.), une transmission de rituels et de codes de conduite. Leur but est de favoriser l'̩l̩vation morale et spirituelle des membres, de transmettre des enseignements philosophiques et spirituels universels. Exemples : Francs-ma̤ons, Soci̩t̩ th̩osophique.

 â€¢ Les sociétés initiatiques de guérison ou de médecine recourent à une initiation en étapes, les secrets médicinaux sont transmis oralement et il existe des rituels de guérison pratiqués par un chaman ou un  guérisseur. Il s'agit pour ses sociétés de développer des connaissances spirituelles et médicinales et guérir les maladies à travers des rituels sacrés. Exemples : société Midewiwin (chez les Ojibwés), sociétés de médecine dans certaines cultures africaines traditionnelles.

Confréries.
Les confréries sont généralement plus accessibles et ouvertes que les sociétés initiatiques et secrètes. Elles ne fonctionnent pas nécessairement par un système de secret, mais peuvent inclure certains rituels initiatiques. Elles sont d'abord basées sur des valeurs communautaires, la fraternité, l'entraide et parfois la foi religieuse ou les intérêts professionnels.
• Les confréries religieuses se signalent par des rituels et de processions publiques, des oeuvres de charité, des réunions régulières, des cérémonies de dévotion.  Elles visent à honorer un saint, à accomplir un mystère religieux ou une dévotion particulière, à encourager la charité et l'entraide. Exemples : Confréries du Saint-Sacrement, Confréries mariales dans le catholicisme

 â€¢ Les guildes et corporations professionnelles possèdent un système d'apprentissage et de compagnonnage, des secrets de métier transmis entre membres, des symboles et rituels d'appartenance.  Elles ont pour buts de défendre les intérêts professionnels des membres, transmettre des compétences spécifiques, encourager la solidarité.  Exemples : Guildes médiévales (tailleurs, forgerons, etc.), Compagnonnage en France.
 
• Les confréries de protection et de sécurité se caractérisent par des rituels de passage à l'âge adulte, une initiation au maniement des armes, l'organisation de cérémonies de bravoure. Leur rôle est de protéger la communauté, assurer la sécurité, préparer les jeunes membres à des rôles de défenseurs.  Exemples : Sociétés de chasseurs et guerriers chez les sociétés tribales, Dog Soldiers chez les Cheyennes 

Le rôle et l'importance des ces groupes à l'intérieur des différentes cultures peut aussi être très divers. Ainsi rien ne changerait fondamentalement dans la nature des sociétés occidentales en l'absence de sociétés secrètes et apparentées, même sans négliger leur rôle qui peut localement ou à un certain moment avoir été déterminant (ex. : la Main noire en Serbie au début de la Première Guerre mondiale, ou la mafia en Sicile). Alors que l'existence de sociétés secrètes peut être constitutives de la structure de certaines cultures traditionnelles. 

Sociétés secrètes et apparentées dans le monde

En Occident.
Les sociétés secrètes occidentales ont marqué l'histoire, fréquemment entourées de mystère et de symbolisme complexe. Certaines de ces organisations ont joué des rôles significatifs dans des événements politiques, religieux ou culturels. Ces organisations continuent de fasciner et de susciter des théories rarement justifiées, du fait de leur influence parfois réelle sur les structures sociales et politiques.

Les Francs-Maçons.
Les Francs-Maçons, répartis dans diverses sociétés (Grand Orient de France, Grande Loge de France, Grande Loge unie d'Angleterre), etc.) aux règles et aux valeurs distinctes, sont sans doute les représentants des sociétés secrètes les plus connues et importantes en Occident, dont les origines remontent au début du XVIIe siècle en Écosse, en Angleterre et en France.  La franc-maçonnerie repose sur des symboles empruntés à l'architecture et à la géométrie (comme le compas et l'équerre) et utilise des degrés d'initiation pour structurer ses membres (Apprenti, Compagnon, Maître, etc.). Les Francs-Maçons prônent des valeurs de fraternité, de moralité, et de charité. Ils considèrent l'initiation maçonnique comme une progression spirituelle et personnelle, basée sur le respect de certains idéaux humanistes. Les Francs-Maçons ont joué un rôle dans la diffusion des idéaux des Lumières et des révolutions (américaine, française). De nombreuses personnalités publiques, dont des présidents et des artistes, ont appartenu à aux diférentes sociétés fran-maçonniques.

L'Ordre des Templiers.
Les Templiers, officiellement nommés Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, furent fondés au début du XIIe siècle pour protéger les pèlerins en Terre Sainte. Les Templiers sont devenus puissants grâce à leur rôle dans les croisades et à leur réseau bancaire, prêtant de l'argent aux rois et créant un système bancaire innovant en Europe médiévale. L'ordre possédait un rituel d'initiation secret et ses symboles (croix rouge, cheval blanc). En 1307, le roi Philippe le Bel, sous prétexte d'hérésie et de pratiques occultes, fit arrêter et exécuter de nombreux Templiers. La fin violente de l'ordre a contribué à nourrir le mystère autour de leurs secrets, inspirant de nombreuse légendes, romans et films.

La Rose-Croix.
La Rose-croix est une société secrète ésotérique apparue en Europe au début du XVIIe siècle. Elle est associée aux enseignements mystiques, à la philosophie hermétique et aux sciences occultes. Les Rosicruciens utilisent des symboles comme la rose et la croix, représentant la renaissance spirituelle et la connaissance intérieure. Leur littérature combine des éléments de la cabale, de l'alchimie et de l'astrologie. Ils prônent la connaissance de soi et l'élévation spirituelle. Leur objectif est d'atteindre une compréhension plus profonde des lois universelles. Les idées rosicruciennes ont influencé des penseurs de la Renaissance et des réformateurs religieux, ainsi que la franc-maçonnerie. Aujourd'hui, il existe des mouvements modernes inspirés des principes rosicruciens.

Les Illuminati.
Les Illuminati de Bavière ont été fondés en 1776 par Adam Weishaupt en Allemagne avec pour but de promouvoir le rationalisme et de s'opposer à l'autorité religieuse et monarchique. Les Illuminati cherchaient à promouvoir l'égalité, la liberté de pensée, et la sécularisation, s'inspirant des idéaux des Lumières. Pour atteindre leurs objectifs, ils s'organisaient en cellules secrètes et cherchaient à infiltrer les gouvernements et les institutions. Cependant, l'ordre a été interdit en 1785, et ses membres ont été persécutés. Bien que dissous rapidement, les Illuminati sont devenus une légende populaire. Des théories les associent à une influence occulte mondiale, inspirant de nombreuses oeuvres de fiction et théories du complot.

Les Carbonari.
La Carboneria (ou Charbonnerie) est une société secrète fondée en Italie au début du XIXe siècle, qui se répand ensuite en France, en Espagne et dans d'autres pays européens. Opposée aux monarchies et soutenant les mouvements libéraux et républicains, la Carboneria joua un rôle majeur dans les révolutions de 1820-1821 et 1830 en Italie, ainsi que dans les mouvements d'indépendance italiens. Bien que la Carboneria ait été démantelée par les autorités dans plusieurs pays, elle est restée influente dans les mouvements de libération nationale en Europe.

L'Ordre Hermétique de l'Aube Dorée (Golden Dawn).
L'Ordre Hermétique de l'Aube Dorée (Golden Dawn) est une société secrète ésotérique fondée à la fin du XIXe siècle en Angleterre, influente dans le domaine de l'occultisme et de la magie cérémonielle. La Golden Dawn combine des éléments de cabale, d'alchimie, de tarot et de magie égyptienne. Les membres passent par plusieurs degrés d'initiation, chacun ouvrant la voie à des savoirs plus complexes. Des écrivains et artistes comme W.B. Yeats et Aleister Crowley ont été initiés à la Golden Dawn, contribuant à la diffusion de l'occultisme en Occident. Bien que l'ordre ait disparu en tant qu'organisation, ses idées continuent d'influencer des pratiques ésotériques et religieuses modernes, y compris dans des mouvements néo-païens.

Skull and Bones.
La société Skull and Bones est une société secrète étudiante fondée en 1832 à l'université Yale, aux États-Unis. Elle est connue pour sa sélection d'élite et son influence en politique et dans les affaires. Le crâne et les os sont des symboles de la Skull and Bones, et ses membres pratiquent des rituels entourés de mystère. De nombreux membres de Skull and Bones ont occupé des postes politiques et économiques importants, notamment des présidents des États-Unis comme George H.W. Bush et George W. Bush. L'organisation ne recrute qu'un petit nombre de membres chaque année, issus de l'élite universitaire, et entretient un réseau d'entraide puissant après la sortie de l'université.

L'Ordre des Neuf Angles (ONA).
L'Ordre des Neuf Angles est une société secrète ésotérique fondée en Angleterre dans les années 1970, se basant sur des enseignements sataniques et un mélange d'occultisme et de paganisme. Le groupe utilise des rituels et des méditations centrés sur le satanisme et la transformation personnelle. Ses pratiques incluent des épreuves pour tester la force psychologique de ses membres. L'ONA est structuré en petites cellules autonomes appelées « nexions », et les membres sont encouragés à créer leur propre groupe au lieu de centraliser les rituels. L'ONA a une réputation controversée,  associée à des pratiques extrêmes et des idéologies controversées, bien que son influence reste marginale dans le domaine de l'occultisme.

Bohemian Club.
Le Bohemian Club est une société privée fondée à San Francisco en 1872. Bien que non secrète au sens strict, elle est réservée à une élite influente. Chaque été, les membres se retrouvent lors d'une retraite dans la forêt du Bohemian Grove, où ils participent à des cérémonies symboliques et discutent de questions politiques, économiques et culturelles, dans une perspective conservatrice. Les réunions incluent des rituels étranges, comme la « Crémation des soucis », une cérémonie où ils brûlent une effigie symbolisant le stress. Parmi les membres se trouvent des présidents, des artistes et des dirigeants d'entreprises, ce qui alimente des spéculations sur les discussions influençant les décisions mondiales.

Les Odd Fellows.
Les Odd Fellows (Indépendant Order of Odd Fellows) sont une société fraternelle implantée en Amérique du Nord, avec des origines remontant au XVIIIe siècle en Angleterre. Cette organisation, bien qu'elle n'ait pas l'aura de secret des Francs-maçons, fonctionne selon une structure similaire de rituels, de valeurs de charité et d'entraide. Moins élitistes que les francs-maçons, les Odd Fellows se concentrent surtout sur des actions caritatives et le soutien communautaire.

L'Ordre de Thulé.
L'Ordre de Thulé était une société secrète allemande ésotérique et nationaliste fondée au début du XXe siècle. Elle est surtout connue pour son implication dans les origines du parti nazi. Inspirée par des mythes aryens et germaniques, l'Ordre de Thulé pratiquait des rituels païens et élaborait des idées de suprématie raciale. L'ordre a joué un rôle indirect dans la formation du parti nazi, plusieurs de ses membres ayant influencé les fondateurs du parti. L'Ordre de Thulé a disparu après la Seconde Guerre mondiale, mais il est resté une référence dans l'étude des liens entre ésotérisme et politique en Allemagne. La Société Thulé a aussi inspiré certains groupes de suprémacistes blancs en Amérique du Nord. 

Ku Klux Klan (KKK).
Le Ku Klux Klan, fondé en 1865 aux Etats-Unis à la suite de la guerre de Sécession, est une société secrète criminelle qui s'est fait connaître pour ses pratiques violentes et racistes. Le KKK a joué un rôle sinistre dans la répression des droits civiques des Afro-Américains aux États-Unis. Bien qu'il se soit manifesté sous plusieurs formes et ait traversé différentes vagues d'influence, il reste emblématique du racisme et de l'intolérance en Amérique. 

L'Ordre de l'Étoile d'Orient.
L'Ordre de l'Étoile d'Orient est une société ésotérique et mystique fondée en 1909, qui a pris racine en Europe, notamment au Royaume-Uni. Elle s'inspire d'influences orientales et théosophiques, tournées vers des philosophies religieuses et mystiques venues d'Inde et du Tibet. Elle a été liée à la Société théosophique et à des personnalités comme Annie Besant et Krishnamurti, dont les enseignements ont influencé la pensée ésotérique occidentale.

Les Chevaliers de Colomb.
Originaires des États-Unis, les Chevaliers de Colomb se sont aussi largement répandus en Europe, notamment dans les pays à forte population catholique. Fondée en 1882, cette société rassemble des catholiques autour de valeurs de charité, d'unité et de patriotisme, bien que son aspect « secret » soit moindre comparé aux autres sociétés. Elle agit comme un groupe de soutien social et religieux, souvent impliqué dans des œuvres caritatives et des actions de bienfaisance.

L'Opus Dei.
Fondée en 1928 par le prêtre espagnol Josemaría Escrivá, l'Opus Dei ( = Oeuvre de Dieu) est une organisation de l'Église catholique. Bien qu'elle ne soit pas secrète au sens strict, certaines de ses pratiques internes et son influence discrète lui confèrent une aura de mystère. L'Opus Dei promeut une doctrine de sanctification de la vie quotidienne, appelant ses membres à vivre leur foi à travers le travail et la discipline personnelle. Elle se caractérise par sa hiérarchie stricte, ses rituels de dévotion et, pour certains membres, la pratique de la mortification corporelle. L'Opus Dei a suscité des controverses en raison de son influence dans les cercles politiques et économiques, notamment dans l'Espagne franquiste et en Amérique latine. Le livre et film Da Vinci Code ont également contribué à sa réputation de société secrète, bien que la réalité soit beaucoup plus nuancée.

En Afrique.
En Afrique, les sociétés secrètes traditionnelles jouent un rôle fondamental dans la cohésion sociale, la régulation de la vie communautaire, la transmission des savoirs, et la préservation des croyances spirituelles. Ces sociétés ont une influence qui va bien au-delà de l'aspect religieux, intervenant dans les domaines politique, juridique, et éducatif.

Poro.
La société Poro est l'une des sociétés secrètes les plus importantes d'Afrique de l'Ouest, principalement au sein des populations mandingues, temnés, et mendés (notamment au Sierra Leone, en Côte d'Ivoire, au Libéria et en Guinée). Elle est réservée aux hommes et est centrée sur l'initiation religieuse et l'éducation sociale. Le Poro encadre les rites de passage vers l'âge adulte, enseigne aux jeunes les valeurs morales, les traditions, et les responsabilités sociales. Cette éducation inclut des notions de respect, de solidarité, et de discipline. La société est structurée de façon hiérarchique, avec plusieurs niveaux d'initiation. Les symboles et les rituels utilisés sont soigneusement codifiés, et le respect de la confidentialité est strictement imposé. Le Poro possède une grande influence sur la justice traditionnelle et intervient dans la médiation de conflits locaux. Ses membres les plus importants peuvent être des conseillers des chefs de village et même des leaders politiques.

Sande ou Bundu.
La Sande, également appelée Bundu dans certaines régions, est l'équivalent en Afrique de l'Ouest féminin de la société du Poro. Il existe principalement parmi les populations mendés, kpellés et temnés de la Sierra Leone, du Libéria et de la Guinée. La société Sande prépare les jeunes filles aux rôles d'épouses, de mères et de membres responsables de la communauté. Elle enseigne des valeurs morales, des pratiques de beauté, ainsi que des connaissances médicales et spirituelles. Le masque de la Sande, appelé sowei, est l'un des rares masques en Afrique porté exclusivement par des femmes. Il est un symbole de pouvoir et de beauté. Ilt représente l'esprit de l'eau et utilisé lors des cérémonies de sortie des jeunes filles initiées. La Sande est également responsable de la protection religieuse de la communauté et de l'administration de soins médicaux traditionnels, (usage d'herbes et techniques de guérison).

Ekpe.
L'Ekpe, aussi connue sous le nom de Société du Léopard (Leopard Society), est une société secrète importante au sein des populations Efik, Ibibio et Ejagham du sud-est du Nigeria et de l'ouest du Cameroun. Elle est impliquée dans la régulation sociale et ses rituels religieux. Les membres de la société Ekpe revêtent des costumes et des masques imitant les léopards, symboles de puissance et de ruse. Ils sont associés à des rituels de transformation spirituelle, censés conférer des qualités de force et de courage. La société Ekpe impose les règles morales de la communauté, intervient dans les conflits et applique des sanctions pour les contrevenants. Elle possède aussi un langage codé, appelé nsibidi, constitué de symboles graphiques permettant de communiquer secrètement. Dans certaines régions, l'Ekpe a servi de structure pour organiser les guildes commerciales et les réseaux d'influence. Par le passé, elle a contrôlé des routes commerciales et a été impliquée dans des négociations avec les Européens.

Ogboni.
La société Ogboni est une organisation secrète puissante parmi les Yorubas au Nigeria. Traditionnellement composée d'anciens respectés, elle joue un rôle d'arbitrage et de régulation des affaires politiques et religieuses. Les Ogboni, parfois appelés les « Gardiens de la Terre », sont considérés comme des médiateurs entre le monde des vivants et celui des ancêtres. Ils exercent une autorité morale et judiciaire, arbitrant les conflits et veillant à la justice. L'initiation dans les Ogboni implique des rituels strictement secrets, centrés sur des symboles comme le opa oranmiyan (le bâton sacré) et des colliers de perles spécifiques. Les membres prêtent un serment de confidentialité et d'engagement envers la société. Les Ogboni jouent souvent un rôle dans la gouvernance locale. Ils influent sur les décisions communautaires et les successions royales. Certains membres d'élite occupent des postes politiques, alliant leurs rôles religieux et temporels.

Bwiti.
Le Bwiti est une société  initiatique pratiquée par les Fang, Mitsogo et d'autres populations du Gabon et du Cameroun. Elle est centrée sur l'utilisation de l'iboga, une plante aux propriétés psychotropes, pour accéder à des états de conscience modifiés. Les rituels du Bwiti utilisent l'iboga pour initier les membres à des visions spirituelles, leur permettant d'entrer en contact avec leurs ancêtres et de comprendre les mystères de l'existence. Ces cérémonies sont marquées par des chants, des danses et des méditations. Les membres du Bwiti détiennent des savoirs de guérison et sont considérés comme des guides spirituels. Ils interprètent les visions et conseillent les membres de la communauté sur des aspects spirituels et médicinaux. Le Bwiti joue un rôle essentiel dans la protection spirituelle de la communauté et dans le maintien des valeurs sociales. Il assure la cohésion au sein de la société en enseignant les mythes et les traditions ancestrales.

Les Awa.
La société Awa est une organisation secrète dogon du Mali qui est en charge des rituels funéraires et de la communication avec les esprits des morts. Elle est remarquable par ses danses masquées et ses cérémonies sophistiquées. La société Awa orchestre le dama, une cérémonie de deuil qui permet aux âmes des défunts de rejoindre le monde des ancêtres. Les membres portent des masques impressionnants, représentant les ancêtres et les esprits, et exécutent des danses rituelles. L'Awa est structurée en plusieurs grades, chacun ayant ses propres masques et responsabilités. Les jeunes hommes sont initiés progressivement et apprennent les symboles et les mythes associés aux esprits dogons. La société Awa instruit les jeunes Dogons sur les mythes et les traditions ancestrales, contribuant ainsi à la préservation de leur patrimoine culturel et spirituel.

Nyamakala.
Les Nyamakala sont des sociétés de castes qui rassemblent des griots, des forgerons, des cordonniers et d'autres artisans dans la région du Mali et du Burkina Faso. Bien qu'ils ne soient pas une société secrète au sens strict, leurs savoirs et leurs pratiques restent fréquemment cachés aux non-initiés. Les Nyamakala possèdent des connaissances sacrées, en particulier les forgerons qui sont associés à la transformation des éléments et aux mystères du feu et du fer. Les Nyamakala jouent un rôle dans les rituels de mariage, de funérailles, et dans d'autres célébrations. Ils sont également des médiateurs religieux, et les griots (poètes et historiens) préservent l'histoire et les traditions orales.

En Amérique du Nord et en Mésoamérique.
Les sociétés secrètes des Iroquois et des Algonkins.
Dans les régions du Nord-Est de l'Amérique du Nord, notamment parmi les nations iroquoises et algonquines, plusieurs sociétés secrètes avaient des rôles cérémoniels et médicinaux :

• La Société des Faux-Visages est l'une des sociétés secrètes les plus connues des Iroquois, en particulier parmi les Haudenosaunee. Cette société est dédiée aux pratiques de guérison spirituelle. Les membres de la société portent des masques en bois, appelés faux-visages, ordinairement sculptés dans du bois de tilleul, et censés incarner les esprits guérisseurs. Ces masques, volontiers effrayants, sont conçus pour chasser les mauvais esprits et guérir les malades. La société organise des cérémonies pour purifier les lieux et soigner les membres de la communauté grâce à des chants, danses et prières spéciales. Les masques ne peuvent être créés que dans des circonstances particulières et sont transmis de génération en génération. On croit que les masques possèdent une âme et qu'ils sont capables d'influencer le monde des esprits pour le bien de la communauté.

• La société des Ours est une autre société importante chez les Iroquois. Elle se concentre sur la guérison. Les membres de cette société imitent les ours lors des cérémonies en adoptant des postures et des comportements rappelant cet animal, considéré comme un puissant guérisseur. Le rôle des Ours est similaire à celui des Faux-Visages, mais cette société met davantage l'accent sur le lien direct avec l'esprit de l'ours, symbole de force et de santé.

• La religion de la Maison Longue (Longhouse Religion), qui a émergé plus tard avec le prédicateur sénéca Handsome Lake, était une forme de religion syncrététique mêlant religion iroquoise et conceptions issues des Quakers. Elle comportait aussi des éléments de mysticisme et de cérémonies secrètes visant à guider la population iroquoise vers la paix et la renaissance spirituelle. Syncrétismes de religion iroquoise et quaker.

• La Société du Feu et de la Vieille Femme. - Chez les Algonquins, certaines sociétés secrètes sont aussi bien centrées sur la guérison que sur des rites de passage. La société du Feu est associée aux cérémonies de purification, souvent à travers le rituel du feu sacré, qui est essentiel dans la religion algonquine. Cette société croit que le feu est un intermédiaire entre le monde des esprits et le monde humain. Le feu sacré est utilisé dans les cérémonies de guérison et les rituels pour renforcer les liens sociaux et spirituels de la communauté. La Vieille Femme, ou le Chaman, est souvent une figure centrale dans ces rituels et peut être considérée comme la « gardienne des savoirs ». Cette figure est liée aux traditions orales et aux rituels de guérison, transmettant les connaissances secrètes à travers les générations.

• Les sociétés de guérison des Ojibwés (Anishinaabés). - Les Ojibwés, un groupe algonquin, avaient des sociétés de guérison puissantes comme la Société du Midewiwin ou Grande Médecine. Cette société mystique et secrète pratiquait des cérémonies de guérison, d'initiation et de transmission de connaissances religieuses complexes. Les membres du Midewiwin, qui passaient par plusieurs niveaux d'initiation, étaient considérés comme les détenteurs de la médecine sacrée, et leurs rituels impliquaient des chants, des herbes médicinales, et des enseignements symboliques.

• La société de la Danse du Soleil. - Bien que la Danse du Soleil soit plus souvent associée aux Indiens des Plaines, elle influence aussi certains groupes algonquiens et iroquoiens. Cette cérémonie religieuse est une épreuve de purification et de renforcement spirituel, souvent pratiquée durant plusieurs jours. Elle implique des danses, des chants, et parfois des actes d'endurance physique pour invoquer la protection des esprits et renouveler l'énergie de la communauté.

Les sociétés guerrières des Plaines
Chez les nations des Grandes Plaines, comme les Sioux, les Cheyennes, et les Pawnees, les sociétés secrètes étaient généralement orientées vers les arts martiaux et les prouesses guerrières. Elles jouaent un rôle central dans la transmission des compétences de chasse et de guerre et étaientt également porteuses de traditions sacrées en se consacrant à des rituels religieux, comme les danses du Soleil ou les quêtes de vision, destinées à établir un lien entre les humains et les esprits.
• La Société des Chiens Soldats (Dog Soldiers) chez les Cheyennes . - Elle était à la fois une société guerrière et secrète, jouant un rôle central dans la protection de la communauté. Leurs membres suivaient un code strict et se distinguaient par des cérémonies secrètes et des engagements honorifiques pour défendre leur peuple.

• La Société des Corbeaux et la Société des Guerriers du Tonnerre chez les Sioux. - Ces groupes avaient des rites d'initiation sévères et servaient de protecteurs des villages, souvent dans des cérémonies impressionnantes.

Les sociétés religieuses et mystiques des Pueblos.
Les populations Pueblos, à l'image des Hopis et les Zuñis, pratiquaient de nombreux rituels à travers des sociétés secrètes. Par exemple :
• La société des Kachinas. - Chez les Hopis et les Zuñis, les membres invoquaient les esprits kachinas, des êtres surnaturels associés aux éléments naturels, pour favoriser les bonnes récoltes, la pluie et la prospérité. Les rituels impliquaient des masques élaborés et des danses, mais les cérémonies intérieures restaient accessibles seulement aux initiés.

• La Société des Serpents. - Chez les Hopis, cette société organisait des danses de serpent pour demander la pluie. Les membres de la société manipulaient des serpents vivants lors de rituels spectaculaires, tout en respectant des traditions secrètes.

Les sociétés secrètes mésoaméricaines.
Dans les anciennes civilisations de Mésoamérique, comme les Aztèques et les Mayas, diverses sociétés secrètes élitistes contribuaient à préserver les connaissances, ainsi :
• Les prêtes Jaguar et Aigle chez les Aztèques. - Ces ordres avaient des fonctions guerrières, mais aussi religieuses. Les membres étaient initiés aux mystères des dieux, des astres et des cycles de la nature. Les rituels incluaient des sacrifices, et seuls les initiés comprenaient les symboliques et les pouvoirs associés. 

• Les gardiens du calendrier et des mathématiques chez les Mayas. - Ce groupe de prêtres et d'astronomes tenait des connaissances secrètes sur les cycles lunaires, solaires et les calculs mathématiques complexes. Ils organisaient des cérémonies initiatiques pour les novices, ordinairement en lien avec les équinoxes et les solstices. 

Aux Antilles et en l'Amérique du Sud.
Le Bizango.
La société secrète du Bizango est un groupe mystique et clandestin d'origine haïtienne, qui fait partie des sociétés secrètes du vaudou. Ces sociétés jouent des rôles sociaux, religieux, et parfois politiques dans la culture haïtienne. Le Bizango est perçu comme un gardien des lois et des traditions, opérant parfois dans l'ombre pour administrer la justice ou la vengeance. Il est enveloppé de mystère et d'une aura de crainte, car ses membres sont réputés pour leur pouvoir spirituel, leur connaissance des rituels et des pratiques occultes. Le Bizango est organisé en groupes ou « sociétés », avec une hiérarchie de membres initiés ayant divers niveaux de responsabilité. Certains membres sont chargés de la justice, d'autres de l'administration des rituels, tandis que les plus avancés peuvent être considérés comme des « juges » ou des « exécuteurs » spirituels. Le Bizango utilise des rituels parfois effrayants, impliquant des tambours, des chants, des danses et des costumes spécifiques, souvent de couleur rouge et noire, symbolisant la puissance et l'autorité. Les rituels peuvent inclure l'utilisation de symboles vaudous, comme les vévés, des motifs tracés pour invoquer des esprits. Dans la société haïtienne, le Bizango joue un rôle similaire à celui d'un tribunal parallèle, où les membres peuvent prendre des décisions concernant des problèmes de justice que les autorités officielles ne traitent pas ou ne résolvent pas adéquatement. Cela peut inclure des décisions sur des affaires personnelles, des dettes, des conflits fonciers, et même des actes criminels. En plus de leur aspect judiciaire, les membres du Bizango sont vus comme des protecteurs de la population. Ils assurent que les règles et les traditions sont respectées et sont parfois appelés à intervenir pour protéger les membres de la société contre des forces externes ou des injustices internes.

Les sociétés secrètes de la Santería.
Partiquée à Cuba et à Puerto Rico, la Santería, également appelée Regla de Ocha, est une religion afro-cubaine influencée par les pratiques yorubas d'Afrique de l'Ouest et mêlée de catholicisme. Les divinités yorubas, ou orishas, sont vénérées sous des noms chrétiens pour éviter la répression. Le culte se déroule dans le cadre de sociétés secrètes, telles que celle des Abakuá, à Cuba, ou celle des Amis de Saint Lazare (Amigos de San Lázar) à Puerto Rico. Les société des  Abakuá, originaire de la région de Calabar en Afrique de l'Ouest  s'estimplantée à Cuba au XIXe siècle. Les membres sont organisés en loges et suivent des rituels initiatiques complexes. Les Abakuá sont connus pour leurs danses et leur influence dans la culture cubaine, mais ils restent fermés aux non-initiés. Les prêtres (ou santeros) de la Santería jouent souvent le rôle de conseillers et de guérisseurs dans leur communauté. Leurs cérémonies rituelles incluent des sacrifices d'animaux et des offrandes pour invoquer la protection des orishas, généralement dans des lieux privés et réservés aux initiés.

Le Palo Monte.
Le Palo Monte est une société secrète et une religion afro-cubaine influencée par les pratiques bantoues de l'Afrique centrale. Elle met un accent particulier sur la communication avec les esprits et les ancêtres, souvent à travers des objets consacrés. L'élément central de Palo Monte est le nganga (chaudron spirituel), un récipient contenant des objets, des ossements et des substances naturelles, considéré comme un lien avec les esprits. Les rituels impliquant la nganga sont strictement privés et réservés aux initiés. Les praticiens du Palo Monte utilisent des rituels de protection, de guérison et de défense. Ces pratiques comportent des incantations et des offrandes pour apaiser ou influencer les esprits et sont souvent entourées de mystère.

Les sociétés spirituelles garifuna.
Les Garifuna sont une population d'Amérique centrale (Honduras, Belize, Nicaragua, Guatemala) qui ont des pratiques religieuses qui intègrent des éléments africains et indigènes. Les cérémonies de guérison et de communication avec les ancêtres, comme le Dugu, sont pratiquées dans le cadre de sociétés spirituelles et rituelles secrètes. Le Dugu est une cérémonie visant à apaiser les esprits des ancêtres et à guérir les vivants. Les sociétés spirituelles Garifuna gèrent les rituels de passage à l'âge adulte, la guérison et la protection spirituelle, souvent dans des cercles fermés et réservés aux membres de la communauté initiée.

Les sociétés secrètes marronnes.
Les marrons sont des groupes d'anciens esclaves qui s'étaient échappés pour fonder des communautés autonomes. Des populations marronnes existent dans plusieurs îles des Caraïbes ainsi que dans des régions comme le Suriname et la Guyane. Les marrons du Suriname et de la Guyane française, tels que les Ndyuka et Saramaka, ont des sociétés secrètes centrées sur des pratiques religieuses animistes et des rites de guérison. Les sociétés marronnes possèdent un riche héritage spirituel et culturel, préservé dans leurs cercles fermés. Les marrons ont recours à des rituels de guérison ou de protection inspirés de religions africaines. Les cérémonies comprennent des chants, danses, et invocations d'esprits pour assurer la prospérité et la sécurité de leur communauté.

Le Candomblé.
Originaire du Brésil, le Candomblé est à la fois une société secrète et une religion syncrétique africaine influencée par les croyances yorubas, fon et bantoues, mélangée avec des éléments catholiques. Chaque initié est associé à un orixá, une divinité qui guide et protège leur vie. Les temples du Candomblé, appelés terreiros, sont des lieux de culte où se déroulent des rituels secrets réservés aux initiés. Les terreiros étaient autrefois cachés dans les forêts ou les montagnes pour échapper à la persécution coloniale, mais certains restent encore discrets aujourd'hui. Lors des cérémonies, les initiés sont  « montés » par les orixás, qui prennent possession de leur corps pour offrir des conseils et des bénédictions. Les rituels, comprenant des chants, danses et sacrifices, sont entourés de mystère et réservés aux membres de la société.

La Quimbanda.
La Quibanda est une branche  secrète de l'Umbanda, une religion apparue au début du XXe siècle au Brésil, et qui fusionne le spiritisme, le catholicisme et les croyances africaines. Elle est plus récente que le Candomblé, mais partage des similitudes dans ses pratiques secrètes et rituelles. La Quibanda est associée à la magie et aux rituels de protection spirituelle. Les membres de la Quimbanda invoquent des entités pour des pratiques ésotériques  dans des cercles restreints, avec des initiations et des règles strictes de confidentialité.

En Océanie.
En Océanie, les sociétés secrètes communes dans les cultures traditionnelles, particulièrement dans les îles de Mélanésie (Nouvelle-Guinée, Îles Salomon, Nouvelle-Calédonie, etc.), de Polynésie et dans certaines populations aborigènes d'Australie. Ces sociétés sont ordinairement liées à des rituels d'initiation, à la préservation des connaissances ancestrales, et à des fonctions sociales et politiques. Elles sont généralement fondées sur la séparation des sexes et l'initiation progressive aux secrets des ancêtres et des esprits.

Les sociétés de la maison des hommes.
Dans de nombreuses cultures mélanésiennes, les hommes se réunissent dans des maisons de réunion (ou  « maison des esprits ») où les garçons sont initiés à la vie adulte par des rituels qui symbolisent leur passage dans la communauté des hommes. On leur apprend des mythes, des connaissances rituelles et les responsabilités de la vie communautaire. Les masques et les figures totémiques (comme les totems ou les sculptures des esprits) sont employés pour canaliser les forces des ancêtres et des esprits dans le cadre de ces sociétés. Les masques sont souvent considérés comme des reliques spirituelles, et seuls les initiés peuvent les manipuler ou en comprendre le symbolisme.

Duk-Duk et Tubuan.
Les Duk-Duk et Tubuan sont des sociétés secrètes initiatiques parmi les Tolai, un groupe ethnique de Nouvelle-Bretagne, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ces sociétés qui interviennent dans la la justice traditionnelle, se signalent par leurs masques et leurs rituels mystérieux. Les membres portent des costumes  en feuilles et des masques effrayants en forme de cône représentant des esprits ancestraux ou des forces naturelles. Le Duk-Duk  (Douk-Douk) est considéré comme une figure masculine, tandis que le Tubuan est féminin. Le Duk-Duk et le Tubuan exercent une autorité religieuse et judiciaire au sein de la population. Ils régulent les comportements sociaux, appliquent des punitions, et supervisent les rites de passage à l'âge adulte. La société Duk-Duk a une fonction judiciaire : elle impose les lois coutumières, punit les contrevenants, et collecte les dettes. Leurs apparitions masquées servent à intimider et à rappeler l'ordre et les valeurs sociales. Les membres passent par des rituels d'initiation exigeants et respectent des codes stricts de confidentialité. Leurs rassemblements sont ordinairement fermés au public, et seuls les initiés ont le droit d'y participer.

Les Kainga.
Les Kainga sont des sociétés secrètes existant parmi les tribus des îles Salomon, en particulier au sein des populations de l'île de Malaita. Ces sociétés servent à assurer le passage à l'âge adulte des jeunes hommes et à maintenir l'ordre traditionnel. Les jeunes passent par des rites d'initiation pour devenir membres de la Kainga. Ces rites incluent des épreuves de courage et des enseignements sur les croyances spirituelles et les lois coutumières. Les membres d'une Kainga interviennent dans la gestion des conflits et sont responsables du maintien des lois traditionnelles au sein de leurs communautés. Les Kainga détiennent des connaissances religieuses qui sont transmises aux initiés, incluant des pratiques de guérison et des symboles de protection.

Les Hahalis Welfare Society.
La Hahalis Welfare Society est une organisation autochtone semi-secrète fondée dans les années 1960 sur l'île de Bougainville, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Bien que relativement récente, elle s'inspire de coutumes et de pratiques secrètes traditionnelles et  conserve des pratiques rituelles, des cérémonies et des symboles spécifiques pour préserver son caractère distinct des autorités nationales. Créée pour promouvoir l'autonomie économique et politique des habitants, cette société a joué un rôle important dans la préservation des traditions et l'éducation des jeunes. La société administre un système de justice fondé sur les traditions locales, appliquant des règles et des sanctions adaptées aux coutumes bougainvilliennes. 

Les Kwoma.
Les Kwoma constituent une société secrète parmi les tribus du Sepik, un fleuve de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle est particulièrement connue pour ses maison des esprits, des maisons spéciales où sont gardés des objets sacrés et où sont réalisés des rituels secrets. Ces maisons sont décorées de sculptures complexes représentant des esprits et des ancêtres. La société secrète des Kwoma est chargée d'enseigner aux jeunes initiés des savoirs religieux, notamment l'histoire et les mythes ancestraux. Les initiés apprennent à respecter les esprits et à communier avec eux. Les cérémonies incluent des danses, des chants, et la création d'oeuvres artistiques comme des sculptures et des peintures qui véhiculent des savoirs ésotériques. Ces oeuvres sont généralement produites uniquement pour les rituels et ne sont pas exposées en dehors de ces contextes.

Les Cultes du Crocodile.
Toujours en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Cultes du Crocodile se trouvent dans certaines populations du fleuve Sepik, où les crocodiles sont vénérés comme des créatures spirituelles puissantes. Ces cultes incluent des rituels secrets et des scarifications symboliques. L'initiation des jeunes hommes dans les cultes du crocodile implique un rituel de scarification où la peau est taillée pour ressembler à celle d'un crocodile. Cette pratique symbolise la transformation spirituelle et le passage à l'âge adulte. Le crocodile est considéré comme un ancêtre et un protecteur. Les initiés croient qu'ils acquièrent la force et la ruse de cet animal, et qu'ils entrent en contact avec les ancêtres qui incarnent le crocodile. Les membres de ces sociétés assurent la préservation des coutumes et veillent au respect des rituels sacrés, jouant un rôle central dans la vie spirituelle de la communauté.

Les Hommes-Esprits.
Au Vanuatu, dans les îles de la Mélanésie, les Hommes-Esprits (appelés « Namangki » ou « Nalawan » selon les îles) constituent des sociétés secrètes masculines dévouées aux rites initiatiques et aux connaissances sacrées. Les membres de ces sociétés sculptent des figures sacrées, connues sous le nom de tamat ou manes, représentant des ancêtres et des esprits. Ces statues sont utilisées lors des cérémonies et restent cachées aux non-initiés. Les sociétés sont structurées en grades, chaque niveau représentant un degré d'accès aux connaissances spirituelles. Les initiations impliquent souvent des cérémonies secrètes où des savoirs sont transmis graduellement aux jeunes hommes. Ces sociétés secrètes contribuent à la cohésion sociale et jouent un rôle de régulation. Elles permettent également de transmettre les mythes fondateurs et les traditions aux générations futures.

Les Arioi.
Les Arioi étaient une société secrète religieuse et théâtrale de Polynésie, particulièrement active dans les Îles de la Société, et notamment à Tahiti, avant l'arrivée des missionnaires européens. Cette société possédait un statut religieux et social élevé, et ses membres étaient considérés comme des dévots du dieu de la guerre et de la fertilité, Oro. Les Arioi exécutaient des danses, de chants et des performances théâtrales religieuses, qui glorifiaient Oro et participaient à la cohésion sociale. Leurs spectacles étaient exécutés lors de cérémonies religieuses. Ils avaient des pratiques de fertilité et des rituels parfois exigeants, comme des interdictions liées aux naissances. Les Arioi pratiquaient aussi des rites de sacrifice pour plaire aux dieux. Les Arioi étaient organisés en niveaux, chaque niveau étant marqué par une initiation. Les membres de plus haut rang jouissaient de privilèges spéciaux et avaient accès à des connaissances spirituelles exclusives.

Les Himene Tarava.
Les Himene Tarava sont des sociétés culturelles en Polynésie française, spécialisées dans l'art du chant polyphonique. Bien que ces groupes ne soient pas des sociétés secrètes à proprement parler, ils possèdent des savoirs cachés transmis exclusivement aux initiés. Le chant Himene Tarava, exécuté lors des cérémonies et des rassemblements communautaires, est un chant réservé aux membres initiés. Ce chant polyphonique a une signification religieuse, visant à invoquer les ancêtres ou à célébrer des événements sacrés. Les techniques de chant et les symboles culturels associés aux Himene Tarava sont transmis de génération en génération et conservent un caractère mystique et exclusif.

Les sociétés Tamate.
Les Tamate sont des sociétés secrètes de l'île d'Ambrym, dans l'archipel de Vanuatu, connues pour leurs rituels spirituels et leur rôle dans la vie communautaire. Les membres de la société Tamate portent des masques colorés en bois et en paille lors des cérémonies rituelles. Ces masques représentent les esprits ancestraux et seuls les initiés peuvent les fabriquer et les manipuler. Les membres passent par plusieurs niveaux d'initiation. L'initiation comprend des cérémonies rituelles, des danses et des chants pour honorer les esprits et obtenir leur protection. Les Tamate ont une influence sur la gouvernance locale. C'es une institution respectée pour son autorité spirituelle et intervient dans la médiation des conflits. Les Tamate détiennent aussi des connaissances secrètes sur les plantes médicinales et les pratiques de guérison.

Les Nalawan.
Les Nalawan sont des sociétés secrètes de l'île de Malekula, au Vanuatu. Ce sont des organisations initiatiques responsables des cérémonies funéraires et de la communication avec les esprits des ancêtres. Leurs membres portent des masques et exécutent des danses pour honorer les morts et guider leur esprit. Les Nalawan possèdent une hiérarchie structurée, et chaque étape d'initiation permet aux membres d'accéder à des connaissances plus profondes. Les jeunes initiés apprennent des chants sacrés, des danses et des rites spécifiques aux morts. Les rituels des Nalawan impliquent l'usage de symboles ancestraux et de sculptures sacrées, ce qui renforce la transmission culturelle des savoirs et le lien avec les ancêtres.

Sociétés secrètes et confréries dans le monde musulman.
Les sociétés secrètes et les confréries dans le monde musulman ont existé à différentes époques, souvent en raison de contextes politiques, religieux ou philosophiques. Certaines se sont développées dans le contexte du mysticisme soufi, d'autres ont servi de refuges pour des idées et pratiques alternatives, ainsi que des résistances politiques contre les autorités dominantes. Toutes, à des degrés divers, ont exercé une influence notable sur les sociétés auxquelles elles appartenaient  en intégrant des éléments religieux, mystiques et politiques.

Les Assassins.
Les Assassins sont une société secrète est apparue au XIe siècle dans le contexte de la scission de l'Islam chiite, entre les Ismaéliens Nizârites (dont les Assassins étaient une émanation) et les Musta'liens. Basée principalement en Perse et en Syrie, cette organisation utilisait des assassinats ciblés pour atteindre des objectifs politiques et défendre leurs croyances contre leurs ennemis, y compris les califats abbasside et seldjoukide. Les Assassins ont inspiré de nombreuses légendes et mythes, et le terme « assassin » en langues européennes trouve ses origines dans cette secte.

Les Ikhwân al-Safâ’ (Frères de la Pureté).
Apparue entre le IXe et le Xe siècle dans la ville de Bassorah (Irak actuel), cette organisation intellectuelle se composait d'intellectuels, de philosophes et de scientifiques (La philosophie arabe). Les Frères de la Pureté cherchaient à concilier la philosophie grecque et les enseignements musulmans. Ils ont produit une encyclopédie appelée Rasa'il Ikhwan al-Safa' (Les Épîtres des Frères de la Pureté), où ils traitaient de divers sujets scientifiques, religieux, et philosophiques. Leur activité était secrète, en partie à cause de la nature de leurs écrits, qui étaient controversés et en désaccord avec les doctrines officielles de l'époque.

La confrérie des Qarmates.
Les Qarmates étaient un mouvement ismaélien radical apparu dans la péninsule arabique, particulièrement au Bahreïn, à partir du IXe siècle. Ils ont prôné une réforme sociale et économique radicale, et se sont opposés aux Abbassides, prenant parfois des mesures extrêmes, comme l'attaque de La Mecque et le vol de la Pierre Noire de la Kaaba en 930. Leur idéologie prônait une justice sociale égalitaire, ce qui attirait les membres des classes les plus pauvres, mais leur violence et leurs actions contre les symboles de l'Islam les ont rapidement isolés.

Les Carbonari arabes.
Au début du XXe siècle, inspirés par les mouvements nationalistes européens comme les Carbonari en Italie, certains intellectuels et nationalistes arabes ont formé des groupes secrets pour se libérer de la domination ottomane. Ilsont joué un rôle clé notamment dans la révolte arabe de 1916 menée par Lawrence d'Arabie et le Chérif Hussein. Ces sociétés organisaient des réunions secrètes pour planifier des soulèvements contre les Ottomans. Le mouvement a été particulièrement fort en Syrie et au Liban, et des sociétés secrètes ont été formées en Égypte également. Leur but était de promouvoir le nationalisme arabe, l'indépendance vis-à-vis de la tutelle ottomane, et de mettre en place des réformes politiques et sociales. 

Les Ahl al-Haqq (Les Gens de la Vérité).
Les Ahl al-Haqq (ou Yarsan) sont une secte mystique chiite, principalement active dans les régions kurdes d'Iran et d'Irak. Ce groupe pratique une forme de mysticisme centrée sur la vérité spirituelle, l'incarnation divine et la réincarnation. Ils ont des rituels et des croyances qui diffèrent des doctrines musulmanes orthodoxes. Leurs croyances ésotériques et les persécutions qu'ils ont subies les ont conduits à être discrets, souvent assimilés à une société secrète.

Confréries soufies.
Les confréries soufies, ou turuq (singulier : ṭarīqa), sont des ordres mystiques musulmans centrés sur la recherche de la spiritualité et la purification intérieure. Elles fonctionnent souvent avec une structure initiatique, avec des pratiques et des enseignements ésotériques. Exemples de confréries Importantes :

• La Qadiriyya. - Fondée par Abdul Qadir al-Jilani au XIIe siècle en Irak, cette confrérie met l'accent sur la piété et l'ascétisme. Elle est l'une des plus anciennes et importantes confréries du monde musulman.

• La Naqshbandiyya. - Active principalement en Asie centrale et au Moyen-Orient, elle est connue pour son approche silencieuse de la méditation spirituelle. Cette confrérie a joué un rôle politique significatif dans certaines régions, s'opposant parfois au colonialisme.

• La Shadhiliyya. - Originaire du Maghreb, fondée par Abou al-Hasan al-Shadhili, cette confrérie s'est répandue en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, prônant une approche simple et directe de la relifgion.

• La Tijaniyya. - Fondée par Ahmed Tijani au XVIIIe siècle, elle est répandue en Afrique de l'Ouest. Elle s'est particulièrement impliquée dans l'éducation religieuse, ainsi que dans les luttes d'indépendance contre les puissances coloniales.

• Les Bektachi. - Liés aux derviches soufis, les Bektachis ont prospéré sous l'Empire ottoman et ont eu un impact fort en Anatolie et dans les Balkans. Bien que ce soit un ordre religieux, le caractère ésotérique de leurs rituels, ainsi que leur influence politique et militaire par le biais de liens avec les janissaires (élite militaire ottomane), les a fait classer comme une société secrète. Leur influence s'étendait au-delà du religieux, et ils sont devenus des conseillers politiques, ce qui les a rendus influents mais souvent en conflit avec les autorités sunnites orthodoxes de l'empire.

• La Sanusiya. - La Sanusiya est une autre confrérie soufie fondée en 1837 par Muhammad ibn Ali as-Sanusi en Libye. Ce mouvement prônait un retour aux valeurs musulmanes fondamentales et à la justice sociale. La Sanusiya avait des enseignements qui combinaient l'orthodoxie sunnite avec des pratiques soufies. La confrérie a eu une grande influence politique, en particulier dans la lutte pour l'indépendance contre la colonisation italienne en Libye. Elle a joué un rôle important dans la résistance libyenne et dans la formation du royaume de Libye sous le roi Idris Ier, issu de cette confrérie.

• La Muridiyya. - La Muridiyya est également confrérie soufie est originaire du Sénégal. Elle a été fondée au XIXe siècle par Cheikh Ahmadou Bamba. La Muridiyya encourage l'éthique du travail, l'éducation religieuse et l'obéissance à un guide religieux. Cette confrérie a créé une organisation sociale forte en Afrique de l'Ouest, avec un système économique basé sur le travail agricole et la solidarité communautaire.  Elle a résisté au colonialisme français et a été un acteur important de l'indépendance et de la politique sénégalaise postcoloniale.

En Asie orientale. 
Les Triades.
Les Triades sont des sociétés secrètes chinoises qui ont vu le jour au XVIIe siècle, d'abord comme organisations anti-mandchoues, cherchant à renverser la dynastie Qing pour restaurer la dynastie Ming. Les Triades, parfois appelées Tian Di Hui (« Société du Ciel et de la Terre »), ont débuté comme des organisations patriotiques. Elles se sont structurées avec des rituels, des serments et des symboles complexes.  Au fil du temps, les Triades ont évolué en réseaux criminels influents opérant dans les domaines de l'extorsion, du trafic de drogue, de la contrebande et de la protection. La structure des Triades est rigoureuse, chaque membre passant par plusieurs grades d'initiation avec des rituels basés sur des codes numérologiques. Les symboles de la Triade incluent souvent des références au taoïsme et au bouddhisme.

La Société des Boxers.
La Société des Boxers ou Yihetuan était une organisation secrète chinoise anti-étrangers et anti-chrétiens, célèbre pour avoir déclenché la révolte des Boxers en 1899 contre l'influence occidentale en Chine. Les Boxers pratiquaient des arts martiaux et des rituels mystiques pour se rendre « invulnérables » aux balles et aux armes ennemies. Ils étaient convaincus que des pratiques ésotériques leur conféraient une protection spirituelle. La révolte des Boxers a rassemblé des milliers de membres pour combattre les puissances coloniales et les missions chrétiennes. Ils ont été réprimés par une coalition internationale, mais restent un symbole de résistance chinoise.

Les Tongs.
Les Tongs sont des organisations secrètes chinoises qui ont émergé dans les communautés chinoises d'outre-mer, en particulier en Amérique du Nord et en Asie du Sud-Est, à la fin du XIXe siècle. Initialement, les Tongs offraient une protection aux immigrants chinois et facilitaient leur intégration en leur fournissant des services de base. Ils ont rapidement évolué en organisations criminelles pour certaines d'entre elles. Certaines Tongs sont associées à des activités illégales comme le trafic de drogue, la prostitution, et l'extorsion. Les membres passent par des rites d'initiation, et l'appartenance est marquée par des codes et des symboles propres.

La Société des Tigres Blancs.
La Société des Tigres Blancs, ou Byakko-tai, est une société secrète japonaise qui a émergé pendant la guerre de Boshin (1868-1869) pour défendre le shogunat Tokugawa contre les forces impériales en faveur de la restauration Meiji. La Byakko-tai se composait de jeunes samouraïs formés au combat et à l'honneur. Leur fidélité envers le shogunat et leur sacrifice sont devenus symboliques dans la culture japonaise, incarnant la loyauté et l'héroïsme. Un groupe de 20 membres du Byakko-tai s'est suicidé après avoir cru à tort que leur château avait été capturé. Leur dévouement est commémoré à travers des monuments et des cérémonies.

Les Ninjas.
Les Ninjas étaient des guerriers et espions japonais de la période féodale qui opéraient dans l'ombre, utilisant des techniques de furtivité et de dissimulation. Bien que leur existence soit parfois légendaire, ils étaient actifs dans des sociétés secrètes organisées en clans. Contrairement aux samouraïs, qui suivaient un code d'honneur strict (bushido), les ninjas étaient formés pour la guerre non conventionnelle, incluant l'espionnage, le sabotage, et les assassinats. Les ninjas appartenaient à des clans fermés, comme le clan Iga ou le clan Koga, et leurs techniques de combat (ninjustu) étaient soigneusement gardées secrètes. Ils utilisaient des déguisements, des poisons et des armes dissimulées pour mener leurs missions.

Les Thugs.
Les Thugs ou Thuggees étaient une société secrète en Inde pratiquant un culte de la déesse Kali. Les membres se regroupaient pour dérober et tuer des voyageurs, considérant leurs meurtres comme des sacrifices rituels. Les Thugs croyaient que les meurtres perpétrés en offrande à Kali renforçaient leurs pouvoirs spirituels et assuraient leur protection. Leurs rituels de sacrifice étaient extrêmement codifiés, incluant des méthodes de strangulation spécifiques. Au XIXe siècle, les autorités coloniales britanniques ont mené une campagne pour éradiquer les Thugs, arrêtant et exécutant de nombreux membres. Cette campagne a popularisé le mot thug comme synonyme de bandit.

La Société des Neuf.
La Société des Neuf Inconnus est une légende en Inde qui remonterait à l'époque de l'empereur Ashoka (IIIe siècle av. JC). Ce groupe aurait été fondé pour préserver et cacher des connaissances puissantes et dangereuses. Chaque membre de la Société des Neuf Inconnus aurait été chargé de protéger un domaine du savoir comme l'alchimie, la psychologie, la microbiologie, la lumière, et la gravité. Ces savoirs étaient censés être trop puissants pour être accessibles au public. Bien qu'aucune preuve historique directe ne confirme l'existence de cette société, elle est largement évoquée dans des oeuvres littéraires et populaires en Inde et ailleurs. Elle est parfois considérée comme une « version indienne » des sociétés comme les Illuminati.

Les Carbonari des Philippines.
Les Carbonari, une société secrète italienne d'origine, a inspiré le mouvement indépendantiste des Philippines au XIXe siècle, alors une colonie espagnole. Les Carbonari philippins ont soutenu les idéaux de libération, de démocratie et de fraternité contre l'occupation espagnole, influençant la formation de la Katipunan. Inspirée par les Carbonari, la Katipunan est devenue une société révolutionnaire philippine déterminée à obtenir l'indépendance des Philippines. Elle a été fondée par Andrés Bonifacio et a joué un rôle majeur dans la révolution philippine de 1896.

La Société Khana Ratsadon.
La Khana Ratsadon (ou « Parti du Peuple ») est une société secrète fondée en 1932 en Thaïlande par un groupe de militaires et de civils thaïlandais souhaitant mettre fin à la monarchie absolue. Les membres de la Khana Ratsadon ont orchestré cette année-là un coup d'État pour instaurer une monarchie constitutionnelle. Leur action a été l'un des événements politiques les plus importants de la Thaïlande moderne. Bien que discrète dans ses actions, la société a initié des réformes qui ont contribué à la modernisation politique et sociale du pays. Elle est un symbole de la transition vers un régime plus démocratique.

Les Caodaïstes.
Le Caodaïsme est une religion syncrétique vietnamienne avec une structure proche d'une société secrète, mêlant éléments du taoïsme, du bouddhisme, du confucianisme, et du christianisme. La hiérarchie des Caodaïstes inclut des rangs cléricaux secrets, des rites initiatiques, et un système de grades strict, rappelant les sociétés secrètes occidentales. Les initiés prêtent serment de loyauté et de confidentialité. Au XXe siècle, le Caodaïsme a exercé une grande influence politique, notamment pendant la guerre d'Indochine. Sa structure secrète lui permettait de fonctionner comme une société fermée pour éviter les persécutions.

Les sociétés chamaniques de Sibérie.
Les chamans sibériens, notamment chez les Yakoutes et les Bouriates, forment des sociétés secrètes où le chaman est initié à des connaissances spirituelles et des techniques de guérison, incluant la communication avec les esprits de la nature et des ancêtres.

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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