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Maurice Scève

Scève ou Sève (Maurice) est un poète né à Lyon dans les premières années du XVIe siècle, mort à  Lyon aux environs de 1560 ou 1562. On a de lui la Déplorable Fin de Flamète, élégante imitation de Jehan de Flores, Espaignol, traduite en langue française (Lyon, 1535); Arion, églogue sur le trépas du dauphin, fils de François Ier (Lyon, 1536); les Blasons du front, du sourcil, de la larme, du soupir, de la gorge, dans la collection des Blasons, qui fait généralement suite aux Oeuvres de Marot, l'inventeur ou le maître de ce genre de petits poèmes; Délie, objet de plus haute vertu (Lyon, 1544); Saulsaye, églogue de la vie solitaire (Lyon, 1547) et le Microcosme (Lyon, 1562).

Ceux qui ont qualifié tous ces écrits  d'obscurs, de contournés, de prétentieux, ou de pédantesques, ne les ont pas moins admis pleins de beautés singulières, et tout à fait caractéristiques de ce mouvement poétique lyonnais sans l'intermédiaire duquel on ne voit pas comment eût pu s'opérer la transition de l'école de Marot à l'école de Ronsard et de la Pléiade. Maurice Scève a été l'initiateur de ce mouvement dont les principaux représentants furent, avec lui, ses deux soeurs ou cousines, Sibylle et Claudine Scève, Pernette du Guillet, Louise Labé, la « Belle Cordière », Clémence de Bourges et le bon Pontus de Tyard, seigneur de Bissy, pour ne rien dire de quelques autres. Sa Délie en est le chef d'oeuvre à peu près inintelligible, fécond toutefois en imitations, si l'on peut dire qu'il est le premier de ces recueils de vers consacrés en français à la louange d'une maîtresse, tantôt feinte et tantôt réelle, comme l'Olive de du Bellay, par exemple, ou la Cassandre de Ronsard; si, de ce mélange de fiction et de réalité se dégage une conception de l'amour où le platonisme et la sensualité trouvent également leur part; et si enfin le souci de la forme ou de l'art y apparaît pour la première fois dans la poésie de langue française.

Musicien autant que poète, Maurice Scève est l'un des premiers en France qui se soit soucié de l'harmonie du vers et de la sonorité des mots on trouvera de curieux témoignages de cette préoccupation dans les Dialogues de son ami Pontus de Tyard. Aussi Pontus lui-même, et du Bellay, et Ronsard, et généralement tous les poètes de la génération qui l'a immédiatement suivi ont-ils à l'envi célébré l'influence et le talent de Maurice Scève. Ils sont également d'accord pour reconnaître sa priorité dans la «-réformation » de la poésie. Longtemps et injustement oublié, c'est donc à bon droit qu'il a été remis en lumière par E. Bourciez dans l'un des meilleurs livres qu'il y ait longtemps eu sur la littérature du XVIe siècle : la Littérature polie et les moeurs de cour sous Henri Il (Paris, 1886); par F. Brunetière, et par Émile Faguet dans son  Histoire de la littérature française (Paris, 1899). Valéry Larbaud et les symbolistes en feront même l'égal de Ronsard. (F. Brunetière).



En librairie - Maurice Scève, Délie, Garnier, 1996. - Poésies de Maurice Scève, l'amour unique de Maurice Scève (dessins d'Ingres), Bibliothèque des arts, 1994.

V. Saulnier, Maurice Scève, Slatkine, 2003. - James Helgeson, Harmonie divine et sujectivité poétique chez Maurice Scève, Droz, 2001. - P. Ardouin, Maurice Scève, le psalmiste, Nizet, 2000. - Du même, La Délie de Scève, Nizet, 2000. - Henri Weber, La création poétique au XVIe siècle en France : De Maurice Scève à Agrippa D'Aubigné, Nizet, 1989.

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Dictionnaire biographique
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