.
-

René Char

René Char est un écrivain français né le 14 juin 1907 à L'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse) et mort le 19 février 1988 à Paris. Son oeuvre est profondément marquée par son engagement dans la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que par sa relation avec les mouvements littéraires et artistiques de son temps, notamment le surréalisme. La poésie de Char se distingue par sa densité, son lyrisme et sa profondeur philosophique.

Né dans une famille aisée de L'Isle-sur-la-Sorgue, en Provence, René Char passe son enfance dans cette région, qui imprègnera profondément son imaginaire poétique. Il fait ses études au collège de l'Isle-sur-la-Sorgue puis à l'école supérieure de commerce de Marseille, avant de s'installer à Paris en 1929.

À Paris, Char rencontre les poètes surréalistes et rejoint le mouvement en 1930. Il se lie d'amitié avec André Breton, Paul Éluard, et d'autres figures du groupe. Son premier recueil, Cloches sur le coeur (1928), est encore marqué par des influences classiques, mais sa collaboration avec les surréalistes aboutit à des oeuvres comme Artine (1930) et Ralentir travaux (1930), co-écrit avec Breton et Éluard. Le surréalisme enrichit son approche poétique, introduisant des éléments d'onirisme et d'irrationalité.

• Artine (1930) est une oeuvre de jeunesse de René Char. Il s'agit d'un poème en prose qui raconte l'histoire de la protagoniste éponyme dans un univers onirique et fantastique. Le texte est riche en images étranges et en jeux de langage, caractéristiques du surréalisme. L'intrigue est moins importante que l'atmosphère et les sensations évoquées.

• Ralentir travaux (1930) écrit en collaboration entre René Char, André Breton et Paul Éluard, est un recueil de textes poétiques et de réflexions surréalistes. Les auteurs y parcourent des thèmes tels que le rêve, l'inconscient, la révolution poétique et sociale. Le titre suggère une pause ou un ralentissement dans le travail quotidien pour se consacrer à la créativité et à l'introspection.

Cependant, Char va s'éloigner progressivement du surréalisme. Au terme du parcours qu'il commence à engager, il produira une poésie plus ancrée dans la réalité et la nature. Son recueil Le Marteau sans maître (1934) marque le tout début de cette transition. Char cherche à dépasser les automatismes surréalistes pour retrouver une voix plus personnelle et authentique.
• Le Marteau sans maître (1934). - Cette oeuvre contient des poèmes hermétiques, où les images et les métaphores sont souvent obscures et énigmatiques. Le titre lui-même évoque un outil (le marteau) sans artisan pour le manier, symbolisant peut-être la quête de sens dans un monde chaotique. Les poèmes se caractérisent par leur plongée dans les  profondeurs de l'inconscient et une rébellion contre la rationalité.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, René Char rejoint la Résistance sous le pseudonyme de Capitaine Alexandre. Son expérience de la guerre et de la lutte contre l'occupant nazi nourrit profondément son oeuvre. Après la guerre il publie Seuls demeurent, qui consacre son éloignement du surréalisme, et surtou Feuillets d'Hypnos (1946), publiés après la guerre, sont une série de réflexions, d'aphorismes et de poèmes courts inspirés par ses actions dans la Résistance. 
• Seuls demeurent (1945). -  Ce recueil marque une transition dans l'oeuvre de Char. Il y prend ses distance avec le surréalisme et reflète les expériences de Char pendant la Résistance. Les thèmes incluent la lutte pour la liberté, la mémoire des combattants et la méditation sur la nature humaine. Le ton est à la fois grave et contemplatif.

• Feuillets d'Hypnos (1946). - Ce livre, l'un des plus célèbres de son auteur, est un recueil de fragments et de notes écrits par René Char durant sa participation à la Résistance française contre l'occupation nazie. Les textes, souvent aphoristiques, capturent la tension, l'urgence et la réflexion morale de cette période. Ils mettent en lumière la bravoure, le sacrifice et la complexité morale des résistants. Ce recueil, qui témoigne de l'engagement de René Char et de sa philosophie de la liberté.

Après la guerre, René Char continue d'écrire et de publier des oeuvres importantes. Ses recueils Fureur et mystère (1948) et Les Matinaux (1950) sont acclamés par la critique et le public. Il y aborde des thèmes comme la nature, le temps, l'amour et la condition humaine, avec une langue dense et imagée.
• Fureur et mystère (1948). -  Ce recueil rassemble plusieurs des oeuvres majeures de René Char, dont Feuillets d'Hypnos, Seuls demeurent et d'autres poèmes écrits entre 1938 et 1947. Le titre reflète les deux pôles de la poésie de Char : la fureur de l'engagement et de la lutte, et le mystère de la contemplation et de l'exploration poétique. Char parle de la résistance, de la nature, de l'amour et de la quête spirituelle.

• Les Matinaux (1950) . - Ce recueil se concentre sur la célébration de la nature et le renouveau. Les poèmes expriment une joie et une vitalité retrouvées après les horreurs de la guerre. Char décrit la beauté du monde naturel, le lien entre l'homme et la terre, et la recherche d'un nouveau départ. Il y a un sens de renaissance et d'optimisme dans ces textes.

René Char passe les dernières années de sa vie entre Paris et sa maison de L'Isle-sur-la-Sorgue, où il continuera à écrire jusqu'à sa mort.
.


Dictionnaire biographique
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
[Aide][Recherche sur Internet]

©Serge Jodra, 2024. - Reproduction interdite.