| Thomas Otway est un écrivain anglais né à Trotton (Sussex) le 3 mars 1652, mort à Londres le 14 avril 1685. Issu d'un milieu modeste, il reçut une assez bonne instruction d'abord au collège de Winchester, puis à l'université d'Oxford. Il abandonna l'Université avant la fin de ses études afin de se consacrer au théâtre pour lequel il s'était senti de bonne heure des dispositions. Ses débuts sur les planches (1672) furent malheureux: aussi renonçant à la carrière d'acteur, il se contenta désormais d'écrire des pièces. En 1675, il donnait une tragédie en cinq actes et en vers, Alcibiades, qui obtint on certain succès que confirmèrent, en 1676, un autre drame en vers, Don Carlos, tiré du roman de l'abbé de Saint-Réal, et en 1677 une tragédie, Titus and Berenice, imitée de Racine, et une farce, The Cheats of Scapin, adaptée de Molière. Connu désormais, il composa une comédie originale, Friendship in Fashion (1678), qui demeura longtemps au répertoire. Cependant Otway était tombé éperdument amoureux de sa principale interprète, Mrs Bary, qui, maîtresse de lord Rochester, méprisait fort son humble adorateur. Désespéré, il s'engagea et servit en Flandre. Revenu en 1679, à peu près guéri de sa passion, il se mit résolument au travail, et produisit coup sur coup : The Orphan (1680), tragédie; History and Fall of Caius Marius (1680), id.; The Soldier's fortune (1681), comédie; Venice Preserved (1682), tragédie, et The Atheist (1684), comédie. Malgré le succès de ces pièces, Otway était presque misérable : il écrivait pour accroître ses ressources des prologues et des épilogues pour les pièces de ses rivaux; comme la plupart des hommes de lettres du temps, il mena une vie errante et désordonnée qui finit prématurément. Ses Oeuvres, réunies d'abord en 1713 (2 vol.) et dont la meilleure édition a été donnée par Thornton (Londres, 1813, 3 vol.), renferment des beautés dramatiques de premier ordre, mais perdues dans le pathos le plus insupportable. Sa Venise sauvée, qui a été traduite dans toutes les langues de l'Europe (en français, Paris, 1746), et jouée sur presque tous les théâtres (Comédie-Française, 5 décembre 1746), mérite d'être rapprochée des chefs-d'oeuvre de Shakespeare. (R. S.). | |