| Joseph François Michaud est un historien et écrivain français, né à Albens le 19 juin 1767, mort à Passy le 30 septembre 1839. Elevé au collège de Bourg-en-Bresse, il vint à Paris en 1790, rédigea divers journaux royalistes, la Gazette universelle, le Postillon de la guerre, puis, après la Terreur, la Quotidienne. Il s'enfuit de Paris après le 13 vendémiaire, fut arrêté aux environs de Chartres, et condamné à mort par contumace en 1795, comme rédacteur du journal la Quotidienne, qu'il avait fondé. Désigné pour la déportation après le 18 fructidor, il se réfugia dans les montagnes du Jura, et reparut à Paris après le 18 brumaire. Il fut enfermé, pendant quelques semaines, au Temple, en 1800, pour son opposition au gouvernement consulaire. Il chanta plus tard le mariage de Napoléon Ier avec Marie-Louise et la naissance du roi de Rome. Il reprit en 1814 la rédaction de la Quotidienne, siégea à la Chambre des députés en 1815 et 1816, et fut lecteur du roi. Désireux de visiter le théâtre des croisades, dont il avait écrit l'histoire, il partit pour l'Orient en 1830, et en revint en 1831. Il mourut en 1839. - Départ pour la Première croisade « Depuis le Tibre jusqu'à l'Océan, et depuis le Rhin jusqu'au delà des Pyrénées, on ne rencontrait que des troupes d'hommes revêtus de la croix, jurant d'exterminer les Sarrasins et d'avance célébrant leurs conquêtes; de toutes parts retentissait le cri de guerre des croisés : Dieu le veut! Dieu le veut! Les pères conduisaient leurs enfants et leur faisaient jurer de vaincre ou de mourir pour Jésus-Christ. Les guerriers s'arrachaient des bras de leurs épouses et de leurs familles et promettaient de revenir victorieux. Les femmes, les vieillards, dont la faiblesse restait sans appui, accompagnaient leurs fils ou leurs époux dans la ville la plus voisine et, ne pouvant se séparer des objets de leurs affections, prenaient le parti de les suivre jusqu'à Jérusalem. Ceux qui restaient en Europe enviaient le sort des croisés et ne pouvaient retenir leurs larmes : ceux qui allaient chercher leur mort en Asie étaient pleins d'espérance et de joie. Parmi les pèlerins partis des côtes de la mer, on remarquait une foule d'hommes qui avaient quitté les fies de l'Océan. Leurs vêtements et leurs armes, qu'on n'avait jamais vus, excitaient la curiosité et la surprise. Ils parlaient une langue qu'on n'entendait point et, pour montrer qu'ils étaient chrétiens, ils élevaient leurs deux doigts l'un sur l'autre en forme de croix. Entraînés par leur exemple et par l'esprit d'enthousiasme répandu partout, des familles, des villages entiers partaient pour la Palestine; ils étaient suivis par leurs humbles pénates; ils emportaient leurs provisions, leurs ustensiles, leurs meubles. Les plus pauvres marchaient sans prévoyance et ne pouvaient croire que celui qui nourrit les petits oiseaux laissât périr de misère des pèlerins revêtus de sa croix. Leur ignorance ajoutait à leur illusion et prêtait à tout ce qu'ils voyaient un air d'enchantement et de prodige; ils croyaient sans cesse toucher au terme de leur voyage. Les enfants des villageois, lorsqu'une ville ou un château se présentait à leurs yeux, demandaient si c'était là Jérusalem. Beaucoup de grands seigneurs, qui avaient passé leur vie dans leurs donjons rustiques, n'en savaient guère plus que leurs vassaux; ils conduisaient avec eux leurs équipages de pêche et de chasse et marchaient précédés d'une meute, ayant leurs faucons sur le poing. Ils espéraient atteindre Jérusalem en faisant bonne chère et montrer à l'Asie le luxe grossier de leurs châteaux. » (J. Michaud). | Son ouvrage le plus important, l'Histoire des Croisades, que son voyage d'Orient lui a permis d'enrichir de détails topographiques exacts, est élégamment écrit. Une nouvelle édition de cette Histoire a été publiée en 4 vol. in-8°, 1856, par Buillard-Bréholles.Les principaux parmi ses autres ouvrages sont : la Bibliothèque des Croisades. 4 volumes in-8°; la Correspondance d'Orient, où il a eu Poujoulat pour collaborateur, 7 vol. in-8°; une Collection de Mémoires pour servir à l'histoire de France depuis le XIIIe siècle, en collaboration avec Poujoulat; une édition de l'Abrégé chronologique de l'histoire de France du président Hénault, continué jusqu'en 1830, 1 vol. in-8°, et un petit poème, le Printemps d'un proscrit. Il a coopéré à la fondation de la Biographie universelle, avec son frère, Louis-Gabriel Michaud, dit Michaud jeune, né en 1772, mort en 1858. Ce dernier n'a pas été seulement l'éditeur, mais l'inspirateur et le collaborateur de la Biographie à laquelle il a attaché son nom. (A19). | |