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Peter
Handke est un écrivain, dramaturge et réalisateur autrichien,
né le 6 décembre 1942 à Griffen (Autriche).
Dans ses œuvres, expérimentales et introspectives, il aborde des thèmes
tels que l'isolement, le langage et la perception. Son style littéraire
et son approche volontiers provocatrice l'ont placé parmi les figures
les
plus marquantes de la littérature contemporaine. Malgré les polémiques,
son œuvre demeure un exemple de radicalité littéraire et d'exploration
linguistique. Handke est aujourd'hui considéré comme un écrivain majeur,
un observateur intransigeant de l'expérience humaine et de ses contradictions,
capable de saisir la beauté de la banalité tout en questionnant l'essence
même de la réalité. Lauréat du prix Nobel de littérature en 2019.
Peter Handke grandit
dans une famille modeste en Autriche. Sa mère est originaire de Slovénie.
Il est élevé par son beau-père, un soldat allemand alcoolique. Sa relation
avec sa mère est particulièrement importante, et la mort par suicide
de celle-ci en 1971 l'affecte durablement.
Handke étudie d'abord
le droit à l'université de Graz, mais il abandonne
ses études pour se consacrer à l'écriture après avoir publié quelques
nouvelles dans des revues littéraires. En 1966, il publie son premier
roman, Les Frelons, qui pose les bases de son style unique et de
sa démarche littéraire. Cette même année, Handke acquiert aussi une
renommée immédiate en 1966 lors d'une intervention publique provocatrice
au Groupe 47, une réunion de jeunes auteurs allemands, où il critique
ce qu'il considère comme le « réalisme descriptif » fade de la littérature
germanophone de l'époque. Toujours la même année, sa pièce Insultes
au public (1966) crée la polémique. Cette pièce expérimentale,
où les acteurs invectivent le public et déconstruisent les conventions
théâtrales, signale Handke comme un écrivain audacieux, enclin à briser
les normes artistiques. Les oeuvres suivantes, comme La Chevauchée
sur le lac de Constance (1971), continuent d'explorer les limites du
langage, de la réalité et de la perception. Handke remet en question
le rôle de la fiction et de l'illusion dans la communication humaine.
Il est aussi reconnu pour ses romans, qui plongent souvent dans une forme
d'introspection poétique, privilégiant l'observation minutieuse des paysages
et des pensées intérieures des personnages.
Handke est associé
à un style de narration introspectif. Il sonde le monde intérieur de
ses personnages. Ses oeuvres sont des méditations sur la solitude, le
langage et l'aliénation. Dans plusieurs de ses livres, Handke pousse la
réflexion sur la subjectivité humaine et les limites du langage, qui
est souvent présenté comme insuffisant pour saisir l'essence
de la réalité. Oeuvres marquantes :
• L'Angoisse
du gardien de but au moment du penalty (1970). - Ce roman suit un ancien
gardien de but qui sombre dans la paranoïa après avoir commis un meurtre.
L'histoire, entre fiction et analyse psychologique, illustre la fracture
intérieure de ses personnages.
• Par une nuit
obscure je sortis de ma maison tranquille (1971). - Un roman qui approfondit
son analyse de la solitude et de l'errance, où Handke s'interroge sur
le sens de la vie et de l'existence humaine.
• Le Poids du
monde (1977). - Ce journal décrit le quotidien de Handke à travers
des pensées et des observations fragmentées, et offre un aperçu direct
de ses réflexions intimes.
• Essai sur
la fatigue (1989) et Essai sur le juke-box (1990). - Deux textes
où Handke mêle réflexions philosophiques et observations poétiques,
en s'interrogeant sur des concepts aussi banals que profonds.
• Le Recommencement
(1991). - Ce roman est un hommage à la mère de l'auteur et revient sur
son héritage slovène. Il questionne ses racines culturelles et les identités
complexes qui en découlent.
Handke est aussi scénariste
et collabore avec le cinéaste allemand Wim Wenders, notamment pour Les
Ailes du désir (1987), un film devenu culte qui traite de la quête
de sens dans un monde désenchanté.
Au-delà de son écriture,
Handke est une figure controversée pour ses positions politiques. Dans
les années 1990, pendant les guerres de Yougoslavie,
il se range du côté de la Serbie et critique
les interventions de l'OTAN et des pays occidentaux. Il publie plusieurs
essais, notamment Un voyage hivernal vers le Danube, la Save, la Morava
et la Drina (1996), dans lequel il prend position en faveur des Serbes.
Il est sévèrement critiqué pour ce soutien, notamment pour sa défense
de Slobodan Milošević, leader serbe accusé de crimes de guerre. En 2006,
il suscite à nouveau la polémique en assistant aux funérailles de Milošević,
affirmant que son intention est de souligner la partialité des médias
occidentaux dans leur couverture de la guerre. Cette position controversée
entraîne des réactions vives, et Handke devient persona non grata
dans plusieurs cercles intellectuels et culturels. Cependant, Handke défend
sa démarche comme une quête de vérité au-delà des simplifications
médiatiques, affirmant son droit à l'indépendance d'opinion, malgré
le rejet public.
Malgré les controverses,
l'Académie suédoise décerne à Peter Handke le prix Nobel de littérature
en 2019 pour « une oeuvre influente qui, avec ingéniosité linguistique,
a exploré la périphérie et la spécificité de l'expérience humaine
». Cette décision suscite de vifs débats dans le monde entier, certains
critiques estimant que son soutien à Milošević rend le choix du comité
Nobel moralement discutable. D’autres, cependant, saluent la reconnaissance
de son immense contribution littéraire et son exploration novatrice des
frontières du langage et de la narration. Peter Handke continue d'écrire
et de publier dans ses dernières années, maintenant une position d'auteur
solitaire, souvent en retrait des scènes médiatiques. Il poursuit sa
réflexion sur la langue et la mémoire, créant des œuvres qui oscillent
entre le roman, l'essai et l'autobiographie. |
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