|
Ibn
Ghanîa ou Ibn Ghanîya. - Ce nom patronymique signifie descendant
de Ghanîa; il a été porté par une célèbre famille berbère
qui essaya de renverser la dynastie almohade
et de lui substituer une nouvelle dynastie almoravide
(L'Histoire du Maroc).
Ghanîa était une des parentes de Yoûsouf ben Tachfin, et ce souverain
almoravide voulant honorer son brave et fidèle partisan, Ali ibn Yoûsouf
El-Messoufi, la lui avait donnée en mariage. Deux fils naquirent de cette
union : l'un, Yahya, devint gouverneur de Cordoue;
l'autre, Mohammed, reçut en 1126 la principauté des îles Baléares.
C'est la descendance
de ce dernier qui a fourni les membres les plus marquants de la famille.
Ses deux fils, Abd-Allah et Ishâq, régnèrent successivement après lui
sur les îles Baléares.
En 1184, à la mort d'Ishâq, son fils Mohammed occupa le pouvoir; mais,
comme à ce moment les Almohades
venaient de débarquer en Espagne, il jugea prudent de reconnaître leur
suzeraineté. Cette démarche irrita vivement ses frères qui le déposèrent
et mirent à leur tête l'un d'eux, Ali ibn Ghanîa. La lutte contre les
Almohades ne pouvait produire d'effet que sur le continent; aussi Ali s'empressa-t-il
d'équiper une flotte et d'aller débarquer en Afrique, après avoir laissé
le gouvernement de sa principauté à son oncle Abou Ez-Zobeïr. Il s'empara
d'abord de Bejaïa, puis d'Alger et de la Kalaâ
des Beni-Hammad et était campé sous les murs de Constantine,
dont il avait commencé le siège, quand El-Mansoûr, le souverain almohade,
informé de ces événements, envoya une flotte qui reprit Bejaïa, et
des troupes qui marchèrent aussitôt contre l'ennemi.
Ali ibn Ghanîa abandonna
alors ses conquêtes pour aller dans le Djérid où il prit Gafsa et mit
le siège devant Touzer. Cette dernière place ayant resisté vigoureusement
à ses attaques, il s'en éloigna et se rendit à Tripoli
où il s'aboucha avec Karakouch, général de Saladin,
et, fort de l'appui que lui assurait le souverain d'Egypte,
il revint sur ses pas, s'empara de Gabès, de Touzer et de la plus grande
partie de l'Ifriqiya. Mais bientôt El-Mansoûr le délogea de Tunis,
le défit à Hamina et lui reprit la plus grande partie du Djerid (1188).
Ces succès obtenus, El-Mansoûr retourna dans le Maghreb, laissant ainsi
le champ libre à son adversaire, qui, loin d'être abattu comme il le
croyait, reprit l'offensive et remporta de nouvelles victoires. Peu après,
Ali ibn Ghania était tué par une flèche devant Nefzaoua et laissait
à son frère Yahya le soin de poursuivre son oeuvre. Celui-ci continua
victorieusement la lutte et bientôt il fut maître de toute l'Ifriqiya
et du Zab.
Le souverain almohade
En-Nâsir reconquit en personne Tunis et Mehdia, puis il confia au hafside
Abou-Mohammed la tâche de combattre Yahya qui, malgré quelques succès
éphémères, dut se contenter de tenir la campagne dans les régions sahariennes
du Maghreb. Enfin, en 1233, alors qu'Abou Zakarya avait depuis cinq ans
secoué le joug des Almohades, Yahya ibn Ghanîa, traqué de toutes parts,
mourut durant une de ses courses dans le désert, sans laisser de postérité
mâle. Avec lui s'éteignit la famille des Beni-Ghanîa à qui En-Nâsir
avait depuis longtemps déjà enlevé les îles Baléares
(1200). |
|