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Francis Drake
est un marin né près de Tavistock vers 1545, mort en mer (près de Hombre
de Dios) le 28 janvier 1596. Son père, protestant zélé, persécuté
au temps de Marie, fut nommé chapelain dans la marine sous Élisabeth
I. Le jeune Francis fut élevé par les soins de son parent
sir John Hawkins. Il fit son apprentissage dans
la marine, et à vingt-deux ans il était capitaine de la Judith.
Ce vaisseau qu'il commandait fut un des deux qui échappèrent à la destruction
de l'escadre de John Hawkins, dans le port de Saint-Jean-d'Ulloa (1568).
En 1570, il reçut une commission régulière de la reine. Le 24, mai 1572,
il partit pour sa première expédition contre les Espagnols, dans les
Indes occidentales. Il porta l'effroi dans toutes les colonies espagnoles
des Antilles et du golfe du Mexique
et rentra à Plymouth, l'année suivante,
avec un considérable butin. A peine de retour, il prit une part active
aux combats d'Essex, en Irlande, et, après la mort de celui-ci, recommença
ses courses contre les Espagnols (décembre 1577). Il se dirigea vers le
Brésil, s'emparant des vaisseaux portugais ou espagnols qu'il rencontrait
sur sa route.
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Francis
Drake (1545-1596), par Samuel Lane.
Les cinq navires qu'il avait frétés se
trouvèrent bientôt réduits à trois. Poussant toujours au Sud, ils furent
les premiers bâtiments anglais qui s'engagèrent dans le détroit de Magellan .
L'un d'eux, le Marigold, périt dans une tempête; un autre, l'Élisabeth,
commandé par J. Winter, se laissa séparer du vaisseau-amiral et revint
en Angleterre (juin 1579). Quant à Drake, malgré les dangers de tout
genre qu'il eut Ă essuyer dans ces parages inconnus, il remonta vers le
Nord, pilla en passant Valparaiso, s'empara, entre autres prises importantes,
du Cacafuego, grand vaisseau espagnol chargé d'or et d'argent, eut un
instant l'idée de chercher le passage du pôle Nord, et, après une navigation
de plus de soixante-huit jours Ă travers la solitude du Pacifique, se
fit une route au milieu des archipels océaniens, se ravitailla à Java,
et revint en Angleterre par le cap de Bonne-EspĂ©rance, en touchant Ă
Sierra Leone (26 septembre 1580).
Des accusations nombreuses s'élevèrent
aussitôt contre lui, et l'ambassadeur d'Espagne réclama restitution et
châtiment. La reine Élisabeth
y répondit en allant conférer, sur son navire, à Deptford, le titre
de chevalier au premier capitaine qui eût encore accompli le tour du monde,
car Magellan était mort avant de l'avoir achevé
(1581). De 1584 à 1585, l'illustre marin siégea au Parlement. Mais Élisabeth
lui donna alors la mission de punir les Espagnols des dommages qu'ils causaient
au commerce anglais. Vigo, Sant-Iago, Saint-Domingue ,
Carthagène, toute la côte de la Floride furent pris, rançonnés et ravagés.
En revenant, Drake rapatria les premiers colons anglais de la Virginie.
Ce sont eux, dit-on, qui introduisirent en Angleterre la pomme de terre
et le tabac (juillet 1586).
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La
maison de Drake Ă Gatcombe.
Après une courte mission dans les Pays-Bas,
il repartit avec une nouvelle escadre pour les mers espagnoles (1587),
détruisit trente-trois vaisseaux dans le port de Cadix ,
tenta à Sagres un audacieux coup de main qui réussit, et ramena en Angleterre
un grand vaisseau portugais qui revenait des Indes orientales chargé de
richesses. C'est cette prise qui attira l'attention du commerce anglais
vers l'Inde. Cependant l'Espagne achevait les préparatifs de l'Invincible
Armada, et il ne tint pas à Drake qu'elle ne fût prévenue
dans ses desseins. On sait la part glorieuse qui revient Ă Drake dans
le triomphe des Anglais et la dispersion des vaisseaux espagnols (juillet
1588). L'année suivante, une flotte anglaise, sous le commandement de
Drake et de sir John Norreys, attaqua La Corogne ,
fit une démonstration sur Lisbonne et ramassa
un immense butin. Pendant les années suivantes, sir Francis Drake dépensa
son activité à améliorer la ville de Plymouth, qu'il représentait au
parlement (1593). Enfin, en 1594, il fut encore chargé, avec son vieux
compagnon, John Hawkins, d'une nouvelle expédition
dans les Indes occidentales. Il y trouvèrent l'un et l'autre la mort.
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Francis
Drake.
Quelque opinion qu'on ait d'un homme dont
les exploits tiennent autant du flibustier
et du corsaire que de l'homme de guerre
proprement dit, on ne peut refuser à Drake une énergie indomptable, la
sûreté de coup d'oeil et la promptitude de décision qui font les conquérants,
et les plus hautes qualités de l'explorateur et du marin.
(B. -H. Gausseron).
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Francis
Drake, Récits de voyages, Cartouche, 2009.
En
bibliothèque - Samuel Clarke, See
Lives of Drake, 1671. - Barrow, Life of Drake; Londres, 1861,
2e éd. |
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