| Ernst Johann Biren ou Biron, primitivement Bühren est un homme d'État russe, né à Kalnzeen le 12/22 nov. 1690, mort à Mittau le 28 décembre 1772. Sa famille, dont le nom primitif est Bühren, était originaire de Westphalie. Ce personnage, qui devint tour à tour comte du Saint-Empire, duc de Courlande et de Sémigalle, régent de l'empire russe, était le fils d'un pauvre forestier de Courlande. Il fit des études fort médiocres à Koenigsberg et alla jeune encore chercher fortune en Russie. Il revint en Courlande et fut attaché à la cour de la duchesse Anna (Le Printemps des Tsarines) par le favori de cette princesse Bestoujev; souple et intrigant, il ne tarda pas à le supplanter auprès de la souveraine. Lorsque Anna Ivanovna fut élue tsarine à la suite de la mort de Pierre II (1730), l'oligarchie russe qui l'appelait au pouvoir mit pour condition que Biren ne l'accompagnerait pas. Elle viola sa promesse, l'emmena avec elle et lorsqu'elle eut réussi à s'assurer le pouvoir absolu elle lui confia le gouvernement. Il en abusa, il détestait tout ce qui était russe et ne se gênait nullement pour le faire savoir. Un jour, pendant un voyage, ayant trouvé les ponts de bois en mauvais état il menaça les sénateurs qui l'accompagnaient de les faire mettre en guise de poutres si le fait se reproduisait. Ses accès de violences arrachaient parfois des larmes à l'impératrice qui cependant comblait de faveurs Biren, ses enfants et sa femme Benigne Troyden. Il rendit d'ailleurs de réels services au régime, notamment par les progrès qu'il fit faire à l'armée et à la flotte. A la mort d'Anna Ivanovna (1740), le favori devint régent de l'empire pendant la minorité du jeune prince Ivan, alors âgé de trois mois. Le Sénat lui assigna cinq cent mille roubles de revenu; le clergé ordonna de mentionner son nom dans les prières publiques. Cependant certains Russes s'indignaient d'avoir pour chef un étranger; les Allemands Osterman et Münnich étaient jaloux de la haute fortune - peu méritée d'ailleurs - de leur compatriote. Une nuit (8 novembre 1740) à l'instigation de la princesse Anna Leopoldvna, Biren fut enlevé brusquement de son palais et envoyé en Sibérie. Il fut interné à Pelim (gouvernement de Tobolsk). Mis en jugement, son procès dura cinq mois. On l'accusait surtout d'avoir voulu s'assurer la couronne impériale. On ne songeait à rien moins qu'à l'écarteler; mais l'avènement subit d'Élisabeth Petrovna changea de nouveau la fortune de Biren. Cette princesse lui rendit sa liberté et ses biens; mais elle lui ordonna de résider à laroslavl sous la surveillance de la police. Sa fille, Hedwige, qui l'avait accompagné dans son exil le quitta pour échapper, disait-elle, à la tyrannie paternelle et pour embrasser l'orthodoxie. Ce n'est qu'à l'avènement de Pierre III (1762) que Biren recouvra sa liberté. Il dut, il est vrai, renoncer à ses prétentions sur la Courlande en faveur du prince Georges, oncle de l'empereur. Catherine II le dégagea de cette renonciation et, retourné en Courlande, il gouverna cette province jusqu'en 1769 et en transmit le gouvernement à son fils Pierre qui régna jusqu'en 1795. - Le souvenir de Biren est resté fort impopulaire en Russie, la période pendant laquelle il gouverna ce pays a reçu le nom de Bironovstchina, mot qui fait pendant à Tatarstchina (régime des Tatares). Son influence sur les moeurs fut considérable, il introduisit les coutumes et les moeurs de l'Allemagne à Pétersbourg. Son fils aîné, Pierre Biren, né le 15 février1724, mort le 13 janv. 1800 à Gellevau (Silésie), lui succéda comme duc de Courlande. Il abdiqua en 1795 en faveur de Catherine de Russie et alla vivre à Berlin ou dans la principauté de Sagan qu'il avait achetée en 1786. La quatrième fille de sa troisième femme, Dorothée, né le 21 août 1793, épousa en 1809 Édmond comte de Talleyrand-Périgord, duc de Dino; elle reçut en 1845 l'investiture du duché de Sagan dont elle transmit le titre à son fils aîné. Karl Biren, né en 1684, mort en 1743, frère du célèbre favori qui devint général en chef, partagea la disgrâce de son frère et mourut en Courlande. Gustave Biren fut général et mourut en 1742 ; son second fils Karl-Ernest, né en 1728, mort en 1801, fut aussi général-major. La famille Bien figurait encore dans l'Almanach de Gotha au milieu du XIXe siècle. (L. Léger.). | |