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Salâm

Salâm. - Mot arabe fort voisin, comme sens, du mot français salut et qui a eu une fortune sensiblement analogue. Entrant dans les formules de politesse usitées par les musulmans, soit lorsqu'ils se rencontrent, soit lorsqu'ils s'écrivent, ce mot a fini par désigner dans leur langue courante l'acte de politesse lui-même : un verbe dénominatif sallama provenant du mot salâm correspond exactement au verbe français saluer. La formule par laquelle les croyants s'abordent est ainsi conçue : Es-salâm aleïkoum, « que le salut (la paix divine) soit sur vous ». Dans la réponse, il convient de renverser l'ordre des mots, et l'on réplique en ces termes : Wa aleïkoum es-salâm, « et que sur vous aussi soit le salut ». La formule Es-sâlam aleïk, « que le salut soit sur toi », avec emploi du singulier, est moins correcte, mais néanmoins fort usitée : c'est d'elle que provient le mot français salamalec

Le Coran lui-même recommande à tout musulman lorsqu'il entre dans une maison de saluer par cette formule pieuse ceux qui s'y trouvent (XXIV, 61); il prescrit aussi d'y répondre (IV, 88). Par ailleurs, le Prophète, dans ses enseignements, a minutieusement prescrit les règles relatives à cet échange de politesses : l'homme à cheval doit donner le premier le salâm à l'homme à pied, celui qui passe à celui qui est assis, le plus jeune au plus âgé. Le salâm est une salutation réservée aux seuls musulmans; il ne convient de ne l'employer ni vis-à-vis des juifs, ni visà-vis des chrétiens; ce serait profaner une formule par laquelle les anges, suivant le Coran, accueilleront en paradis les vrais croyants (Coran, s. VII, 44; s, XIII, 24; s. XIV, 28, etc.).

Le mot salâm est également l'eulogie dont on doit faire suivre les noms venant à être cités, des prophètes prédécesseurs de Mohammed, Noé, Abraham, Joseph, David, Salomon, Jésus. Le Coran donne l'exemple de cette pratique (s. XXXVII, 77, 109, 120, 130). Enfin il forme la seconde partie de l'eulogie spéciale réservée à Mohammed en personne (s. XII, titre XXXIII, 56), et, après controverse, il a été admis par l'orthodoxie musulmane que cette seconde partie est aussi essentielle que la première.

Mentionnons encore qu'un salâm, adressé à la généralité des assistants, termine chacune des cinq prières canoniques des musulmans. De ce fait, cette partie finale de la prière a pris elle-même le nom de Salâm.

Enfin, Salâm est un des quatre-vingt-dix-neuf noms de Dieu : Allah est en lui-même la paix et le salut. Le Coran le dit formellement (s. LIX, 23) et un célèbre hadits est dans le même sens; les compagnons du Prophète ayant ajouté à la fin de leur prière les mots es-salâm ala Allah, « que le salut soit sur Dieu », Mohammed leur interdit dans l'avenir cette pratique en leur faisant remarquer que Dieu était lui-même le Salut. C'est avec ce sens que le mot Salâm entre dans la composition d'un nom propre fort répandu parmi les musulmans, Abd es-salâm, « serviteur du salut ». (W Marçais).
 

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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